En collaboration avec La cave à puerh et Terre des Thés, nous sommes heureux de vous proposer le puerh du mois, un focus bref et mensuel sur un puerh qui nous a particulièrement marqué.
Jeune puerh brut, puerh fermenté, vieux arbres, arbres sauvages, stockage Hong-Kongais, vieux puerh, etc, grâce à l'abonnement proposé sur le site de Terre des Thés, vous pourrez chaque mois et pour seulement 24€ (ports compris), recevoir chez vous le puerh du mois, en quantité variable selon la valeur et la rareté des thés (une petite galette, 50g à 200g de vracs, ou parfois un ou plusieurs échantillon de 10g), et découvrir ainsi progressivement les multiples facette de l'univers du thé puerh!
Inscrivez-vous vite sur le site de Terre des Thés pour recevoir le prochain puerh du Mois!
Le mois dernier, nous vous faisions découvrir ou redécouvrir la fabrique de Xiaguan, avec un tuo cha brut de 2005. Fondée en 1939, Xiaguan est une des plus anciennes fabriques de puerh du Yunnan et un des producteurs les plus recherchés des collectionneurs. Elle est de prime abord connue des amateurs pour ses tuocha mais aussi pour le caractère typique de ses thés, puissants, secs, charpentés et boisés, mettant plusieurs décennies à s’épanouir pleinement et qui sont ainsi particulièrement adaptés à la garde.
Ce mois-ci, nous vous proposons de poursuivre l’exploration de ce grand producteur avec un autre puerh sorti de ses murs : un jincha produit en 1998 et vendu sous la mythique marque Baoyan.
Baoyan, (dont nous vous avons proposé un aperçu en avril 2017) est une marque qui accompagne la fabrique Xiaguan depuis sa fondation au début des années 1940, soit plus de 10 ans avant qu’elle ne soit nationalisée et devienne usine d’État. Les thés estampillés du logo Baoyan (logo qui reprend les couleurs et les symboles traditionnels tibétains) diffèrent des productions ordinaires de Xiaguan, et ont été spécifiquement conçus pour être exportés vers le Tibet le long de cette célèbre route du thé.
Depuis des siècles, le puerh a en effet été un thé produit pour l’export, et qui a été apprécié dans des contrées très éloignées des montagnes d’où il provient. C’est le cas notamment de Hong-Kong (dont nous avons parlé à plusieurs reprises, notamment pour les affinages qui y sont pratiqués) qui occupe une place particulièrement importante dans l’histoire du puerh depuis le début du siècle dernier. Mais c’est aussi le cas du Tibet, qui fut dans le temps un des grands importateurs de thé.
Les thés les plus bas de gamme, qui y sont consommés quotidiennement associés de beur de Yack, prenaient la forme de briques grossières, composées de très grosses feuilles et de branches, et produites aussi bien dans le Yunnan qu’au Sichuan. Les thés plus fins, notamment appréciés par les moines, étaient pour leur part composés d’un assemblage complexe de feuilles plus ou moins fines, parfois partiellement fermentées selon de vielles méthodes aujourd’hui disparues, puis compressées à la main à l’aide d’un linge, pour produire une forme qui s’apparente à un gros champignon et pesant 250g environ.
Cette forme typique appelée Jin Cha (ou « thé serré ») dont nous il nous reste des exemples produits il y a plus de 100 ans, a elle aussi été conçue spécifiquement pour le transport vers le Tibet, où elle s’avère plus adaptée que la brique ou le tuo cha. Lors des longs mois de transport, à dos de cheval, de mule ou d’homme, les tuo cha ont en effet tendance à moisir ou à fermenter de manière excessive, là ou les piles de jincha permettent une meilleure aération du thé et sont donc plus adaptées à des thés de qualité.
Bien que Xiaguan n’ait pas inventé le jincha (ni le caractère typique de ces thés qui étaient produits antérieurement par des producteurs mythiques comme Ding Xing ou Meng Jing, aujourd’hui disparus), les thés de Bao Yan se sont vite imposés comme une référence incontournable. Au Tibet tout d’abord, puis dès les années 1990 à Hong-Kong et à Taïwan, où on les apprécie autant pour leur caractère unique, que pour leur excellent potentiel de garde. Par rapport aux autres productions de Xiaguan, les Jin Cha Bao Yan apparaissent souvent moins secs, plus souples. Ils s’arrondissent plus vite avec le temps, et développent plus rapidement des arômes complexes, chauds et épicés de vieux thé.
Bien sûr, comme tout puerh vieilli, la qualité et le caractère du thé dépendra grandement des conditions dans lesquelles il a été vieilli. Beaucoup de jincha des années 1990s ou plus vieux ont été affinés à Hong-Kong, ou stockés de manière humide, ce qui donne selon les cas des choses plus ou moins réussies et souvent assez fortement fermentées, les feuilles de ces thés étant particulièrement sensibles à la maturation. Les jincha stockés de manière naturelle, comme celui que nous vous proposons sont beaucoup plus rares. Tout en gardant la pureté, la force et l’éclat de leur jeunesse ils développent progressivement et en finesse le charme des vieux puerh.
De quoi vous donner un tout autre regard sur les thés de Xiaguan, bien plus moelleux et affinés par le temps, que le « jeune » tuo du mois dernier !
Les feuilles sèches annoncent déjà des arômes profonds et complexes de vieux bois. Vous pouvez les infuser dans un gaiwan ou une petite théière en terre. Nous vous conseillerons cependant cette dernière, surtout si elle a été culottée aux vieux thés. Après avoir préchauffé le matériel à l’eau bouillante, vous pouvez commencer les premières infusions, elles aussi à l’eau bouillante, autour d’une dizaine de secondes, puis adapter en fonction de vos propres goûts.
Vous y trouverez une grande variété de bois, entre des bois chauds, du bois de réglisse, des bois cirés ou patinés par le temps, voir des notes de miel, mais aussi des touches beaucoup plus fraîches de bois de camphrier ou d’eucalyptus. Les tanins, bien présents mais assouplis par le temps, permettent d’augmenter au plaisir les durées d’infusion, pour des thés plus corsés mais qui restent très agréables (là où des infusions prolongées d’un tuo Xiaguan peuvent vite devenir agressives).
La finale est intense, persistante et très pure. On y retrouve une multitude de pics épicés et éphémères, dans lesquels on reconnaîtra brièvement de la vanille, de la cannelle ou encore des pointes de cardamome.
En bouche, on est à la fois dans quelque chose de lisse et fluide, grâce à des tannins affinés par le temps, tout en restant puissant, très présent et riche en sensations.
Après 20 ans de maturation naturelle, ce thé rentre tout juste dans sa phase de maturité. Il développe déjà une grande richesse boisée et des notes d’encens typiques de vieux thé, et pourra donc tout à fait être apprécié ainsi. Il s’agit cependant d’un puerh de garde, qui gagnera à vieillir durant encore plusieurs décennies, et vous pouvez donc tout à fait le réserver pour plus tard !