Les millésimes 2013 de nos galettes préférées commencent depuis quelques mois à faire surface et à prendre place sur les étagères des amateurs. Parmi eux la série spéciale Wang Bing, ce petit producteur de Yi Wu que j'apprécie particulièrement et à qui j'ai consacré il y'a quelques temps un article complet. Détail et verdict de ces nouvelles galettes Wang Bing 2013.
Une série limitée à la production toujours plus soignée
La série spéciale Wang Bing, est une série limitée de 4 galettes (Gu Shu Cha, Shen Tai Cha, Zi Yo Cha et Lao Huang Ye) qui à l'image des galettes des anciens producteurs mythiques du Yi Wu d'avant 49, s'affichent comme des produits d'excellence, à savourer immédiatement mais aussi à garder en cave pour les années ou les générations futures.
Un soin particulier est ainsi apporté à la production de ces galettes, récoltes fines et à l'ancienne des toutes premières feuilles du printemps, travail et pressage des galettes entièrement artisanal et à la ferme, emballage sérigraphié main sur un papier artisanal Dai, ficelage très soigné des tongs, ce sont des objets pensés pour demain, qui se laissent contempler autant que savourer.
- 1.Sérigraphie artisanale et tamponage main des galettes
- 3.Ficelage artisanal des tongs
- 4.Galette Wang Bing Shen Tai Cha 2013
Dans ce sens l'édition 2013 va plus loin encore avec une attention plus fine aux moindres détails. Comme les éditions passées, le travail des feuilles et pressage artisanal des galettes sont remarquables, produisant une galette magnifique, à la surface de laquelle les feuilles s'enlacent avec charme en volutes satinées. Faiblement mais suffisamment compressées, les feuilles s'en extraient facilement tout en gardant une bonne tenue. Outre l'aspect pratique cela permet aussi un très bon contact à l'air des feuilles au cœur de la galette, et ainsi une maturation optimale du thé.
- 1.Compression fine des galettes Wang Bing 2013 - Copyright Sébastien Vacuithé
- 2.Galette Wang Bing 2013 et son Nei Fei
- 3.Nei Fei d une galette Wang Bing 2013
- 4.Tong Piao dans un tong Wang Bing 2013
- 5.Tong Piao Wang Bing 2013
Vient par contre cette année et pour la première fois se glisser entre les feuilles de thé un Nei Fei, ce petit ticket de papier authentifiant la galette. Le design de ce dernier n'est d'ailleurs pas inintéressant et fait référence comme un clin d'oeil aux Tong Piao des galettes Tongqing Hao des années 30, un des grand thés de l'histoire de Yi Wu et du puerh.
De même les tongs emballant les galettes Wang Bing 2013 sont désormais accompagnés d'un Tong Piao: un grand ticket en papier reprenant le design des Nei Fei. Ces différents tickets, Nei Fei et Tong Piao sont, comme les emballages des galettes, sérigraphies artisanalement sur un papier Dai fait main.
- 1.Emballage Gu Shu Cha Wang Bing 2013
- 2.Tampon 2013 sur une galette Wang Bing 2013
- 3.Différence d emballage entre les millésimes Wang Bing 2012 et 2013
- 4.Emballage Zi Yo Cha Wang Bing 2013
L’emballage des galettes est semblable à l'an passé à quelques petits détails prêt. Le tampon indiquant l'année de production tout d'abord, 癸巳 pour 2013 (Serpent d'eau), mais aussi de menus détails du design qui permettent d'authentifier cette édition tel que par exemple la position des paniers de maocha au premier étage de la maison-atelier Wang Bing dessinée sur l'emballage.
Gu Shu Cha, LE grand cru Wang Bing
La galette Gu Shu dont seule une trentaine d'exemplaires ont étés pressés constitue LE grand crus de Wang Bing et provient d'un magnifique jardin ancien situé au cœur de la forêt non loin du vieux village de Yi Wu. Appartenant à la famille Wang Bing, ce jardin de taille très réduite est situé juste au dessus du jardin écologique dont proviennent les Shen Tai Cha, et jouit d'excellentes conditions naturelles (Voir cet cet article pour plus de détail sur ce jardin). Sa position au sein de la forêt apporte notamment au sol une grande richesse naturelle, mais aussi une très bonne humidité et un ombrage partiel des grands arbres qui dominent et abritent les anciens théiers.
Taillés de manière traditionnelle, avec soin et parcimonie les arbres anciens qui composent ce jardin ne sont volontairement que peu exploités offrant un rendement plus faible et un thé de plus grande qualité. En ressort un thé précieux qui porte en lui le nectar de ce terroir et les fruits des soins apportés depuis la cueillette jusqu'à la compression des galettes. Voyons donc ce que ce millésime 2013 a à nous dire avant de le comparer au millésime passé.
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Gu Shu Wang Bing 2013 vs. Gu Shu Wang Bing 2012
En plongeant son nez dans le gaiwan c'est plus les divergences de caractères qui deviennent évidentes, avec un 2013 beaucoup plus frais, rond et charnu, et un 2012 beaucoup plus mat, posé, porté sur les épices, le réglisse, les fruits sec et qui regarde déjà clairement vers les thés matures.
Les parfums à la première infusion affinent le constat, le dernier millésime paraît dans toute sa rondeur, la finesse et la richesse fleurie de jeunes puerh (Pu Er tea) de qualité là ou le millésime passé présente des marques évidentes de maturation, particulièrement puissantes et avancées pour un thé d'un an seulement.
Au goût la 2013 présente une attaque puissante et envahissante, un excellente propension à envahir dès la première gorgée l'ensemble de l'espace de la dégustation. Le 2012 présente face à cela une attaque moins explosive mais plus douce, posée et progressive, mais surtout les traces d'une maturation particulièrement rapide pour un thé de cet age. On est en effet clairement dans une dimension gustative que l'on croise plus couramment dans des thés de 5 ans d'age, quelque chose de doux et soyeux au palais, avec des arômes nettement travaillés par le temps, des touches de bambou frais, de bois, de réglisse et de fenouil.
Outre ces arômes sculptés par le temps, le thé de 2012 est aussi marqué par la perte d'une certaine rondeur et chaleur de jeunesse, dominant dans le thé de 2013, qui le déshabille en quelque sorte et révèle sa structure et sa force tannique. Ce 2012 apparaît donc facilement comme sec, coupant, face à la rondeur généreuse et à la sensualité du nouveau millésime, ce qui peut temporairement donner une légère sensation de déséquilibre, en attendant que les produits de la maturation prennent plus d'ampleur.
Des infusions plus longues montrent une charpente et une force en gorge de même intensité sur les deux thés mais qui produisent une impression bien différente. Le thé de l'année, de par la grande rondeur qui caractérise sa jeunesse et vient contrebalancer et masquer partiellement l'amertume, apparaît comme plus rond, plus lumineux et équilibré. Face à cela des infusions poussées du millésime passé produisent une liqueur sèche, à la limite de l'agressivité. Cette puissance du thé de 2012 laisse par contre s'exprimer toute la richesse d'un thé âgé, les prémices de fraîcheurs camphrées, de légères touches de cerises, de fruits secs et de datte.
C'est de toute évidence un cru d'une grande richesse, basé sur des arbres anciens et possédant un excellent potentiel à la maturation en atmosphère naturelle. La maturation de ce thé est ainsi plus rapide et profonde que celle d'arbres moins riches, que ce soit au niveau de la perte d'un certain caractère de jeunesse marqué par la chaleur et la rondeur, mais aussi au niveau l'apparition de caractères appartenant aux domaines des thés matures de qualité. Si on note avec plaisir un véritable changement du caractère de ce thé après une petite année en stockage naturel sec, certains pointeront peut être un léger déséquilibre, en particulier sur des infusions longues. Déséquilibre provoqué par une disparition rapide des rondeurs de jeunesse laissant apparaître la structure forte de ce thé. Au vus cependant de l’apparition très rapides et profonde de caractères typiquement matures, on peut s'attendre à ce que ce thé gagne à nouveau très rapidement en équilibre, probablement dans l'année voir les deux années à venir. Cela reste cependant un thé de garde, qui bien qu'il possède déjà aujourd'hui de grandes qualités, garde en lui bien des surprises pour les décennies à venir !
Shen Tai Cha 2013, toujours le même jardin mais des arbres plus anciens
Le Shen Tai est le second thé de Wang Bing. Ce thé est produit à partir du magnifique jardin écologique de la famille Wang Bing, situé sur une parcelle qui juxtapose le jardin du Gu Shu Cha. Si cette parcelle n'est pas abritée par la foret les arbres sont par contre entretenus de manière totalement écologique (et biologique) et taillé à l'ancienne, produisant à nouveau un rendement nettement inférieur à un jardin ordinaire du même terroir, mais aussi un thé de qualité notablement supérieure.
Les toutes premières cueillettes du printemps, dont provient le thé de cette galette, sont entièrement effectuées par les grands parents de la famille Wang Bing, là ou de la main d’œuvre est engagée pour les cueillettes suivantes. Les feuilles sont elles aussi travaillées à la ferme par les grands parents, avant d'être pressée artisanalement par Wang Bing.
- 1.Travail artisanal des feuilles de Shen Tai Cha à la ferme
- 3.Arbres plus petit du millésime 2012
- 5.Arbres plus grands du millésime 2013
Si l'édition 2013 provient toujours du même jardin, le choix des arbres a été changé pour ne porter que sur une toute petite parcelle du jardin abritant des arbres plus anciens, mais aussi très peu taillés à la manière des Gu Shu Cha anciens. Ces arbres de grande qualité présagent un thé plus riche, mais aussi un meilleur potentiel à la maturation. En contre partie le rendement de tels arbres est inférieur, et le travail de cueillette supérieur, et le cout de ce thé est très largement supérieur aux feuilles utilisés l'an passé, le prix de vente de la Shen Tai 2013 se retrouvant dès lors deux fois supérieur au millésime 2012. Voyons donc ce que ce changement donne dans la tasse, seul et face au millésime 2012
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Shen Tai Cha Wang Bing 2013 vs. Shen Tai Cha Wang Bing 2012
Au goût la 2013 a une attaque superbe et d'une grande puissance qui vient immédiatement envahir les sens avec une très grande densité aromatique et une excellente tenue. On apprécie ses très belles rondeurs de printemps, l'aspect lumineux, rond et soyeux. La 2012 malgré son jeune âge est clairement teinté par la maturation et nous renvois immédiatement dans l'univers des puerh (Pu Er tea) âgés. La dimension bambou aromatique est très présente, saupoudrée de touches fraîches et satinées, précoces et qui présagent que du bon pour les années à venir.
Le changement aromatique est évident, si ces deux thés jouissent d'une intensité, d'une présence et d'une densité qui semble comparable, leur caractère et leur colorations aromatique sont bien éloignées, et renvois à deux univers bien distincts. La 2013 est dans la rondeur et les épices fraîches, dans la richesse de la jeunesse du printemps tandis ce que la 2012 est plus aiguisée, plus sobre et se recroqueville sur des arômes sculptés par le temps. Ce millésime d'un an d'âge a face au nouveau pressage perdu une certaine richesse et diversité, en abandonnant son manteau de jeunesse, de la rondeur et des épices fraîches en moins donc, au profit de quelque chose de plus sculptural, travaillé, qui n'en est qu'au début de son histoire...
On remarquera donc tout d'abord la maturation particulièrement rapide et profonde de ce thé, à l'image de la Gu Shu Cha produite par Wang Bing, qui révèlent la richesse des arbres employés et la qualité de leur entretiens. Cependant on remarquera que contrairement à la Gu Shu Cha 2012 ce thé a gardé l'équilibre qu'il avait au moment d'être pressé, d'une part due à une maturation rapide mais moins rapide que la Gu Shu Cha, mais aussi d'une plus grande douceur et rondeur associée à une amertume moindre, liée au plus jeune age des arbres dont ces feuilles sont issues.
Si on reconnaît bien à travers ces deux thés la marque d'un terroir commun, ce qui apparaît en premier lieux et ce qui les différencie : le travail particulièrement marqué du temps sur l'édition 2012 qui présage une excellente maturation moyen et long terme pour ces deux thés.
Shen Tai Cha hors série emballage blanc, le Shen Tai Wang Bing à bon marché
Devant la forte augmentation du prix du Shen Tai Cha Wang Bing 2013 face à l'édition précédente, suite rappelons le aux choix d'arbres plus anciens et moins taillés, j'ai fait cette année produire par Wang Bing une série meilleure marché basée sur les mêmes arbres que l’édition 2012 de sa galette Shen Tai Cha. Si en effet la série spéciale Wang Bing a la vocation de tendre vers une certaine excellence, ce qui justifie pleinement le recours à des arbres plus prestigieux pour son nouveau Shen Tai quitte à augmenter les prix en conséquence, l'édition 2012 de son Shen Tai Cha, loin d'être inintéressante possédait par contre un rapport qualité prix exemplaire, et une qualité rarement rencontré à Yi Wu dans cet ordre de prix, là où le nouveau millésime n'est d’emblée plus accessible à toute les bourses.
Cette galette « hors série », emballée d'un simple papier blanc et tamponné par Wang Bing, a ainsi la vocation de reprendre le Shen Tai Wang Bing tel qu'il était en 2012, un thé de qualité à un prix abordable et possédant un rapport qualité prix exemplaire. Il se base donc précisément sur les mêmes arbres que ceux employés pour la Shen Tai 2012, provenant du écologique Wang Bing. Comme la version 2012 il s'agit de cueillettes à l'ancienne, des toutes premières feuilles de printemps, travaillées et compressés de manière artisanale chez le producteur.
Voyons à présent ce que ce thé nous dit face à l’édition « spéciale » d'arbres plus âgés, et dans quelle mesure le considérable écart de prix entre ces deux thés issus du même jardin, se justifie... ou non.
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Lao Shen Tai Wang Bing 2013 vs. Shen Tai Wang Bing Blanc 2012
Puis la Shen Tai, emballée d'un simple emballage blanc et venue à moité prix, basé sur les mêmes arbres qui avait étés utilisés pour la galette Shen Tai de l'édition spéciale de 2012: des arbres écologique du même jardin, taillés eux aussi à l'ancienne, mais plus jeunes et maintenus moins grands.
Le premier nez est très proche, et reflète bien un caractère commun, provenant du même jardin. Une première infusion courte produit des liqueur presque identiques. Au palais c'est proche et partagent bien un caractère commun. Le Lao Shen Tai apparaît cependant comme très légèrement plus intense et profond. Le Lao Shen Tai produit une attaque vraiment explosive, avec une belle propensionà envahir gorge et fosse nasale. Face à cela le Shen Tai est moins explosif, plus progressif, tout en proposant tout de même une très bonne attaque.
Avec des infusions plus longues le Shen Tai apparaît comme plus rond, soyeux, là ou le Lao Shen Tai possède indéniablement plus de force, d'amertume, d’astringence et une charpente plus solide. Le Lao Shen Tai s'affiche ainsi comme plus franc, plus fort, là ou le Shen Tai est plus doux, plus rond et féminin. Les nuances se creusent au fur et à mesure des infusions montrant un Lao Shen Tai plus endurant et complexe, mais aussi faisant résolument penser au caractère d'un Gu Shu Cha, là ou le Shen Tai brille plus de sa rondeur et de son intense douceur, laissant un peu à coté la finesse et la complexité.
Le verdict n'est pas évident, en particulier face à la différence de prix, le Lao Shen Tai coûtant tout de même le double de son concurrent. Le Lao Shen Tai possède bien et indéniablement des marques d'une qualité supérieure, notamment une meilleure structure, une amertume plus marquée et plus d'intensité, qui font largement penser au Gu Shu Cha sans pour autant pouvoir prétendre pour autant à son raffinement. Ces points forts du Lao Shen Tai lui permettent non seulement aujourd'hui de jouer dans la cour de grands thés de Yi Wu, mais lui donnent aussi un meilleur bagage quand à la maturation pour les années voire les décennies à venir.
A contrario on notera que, en particulier pour une consommation immédiate, les nuances entre ces deux thés restent fines, demandent un palais entraîné et des infusions longues, et ne justifie peut être pas au yeux d'une certaine part des consommateurs une telle différence de prix. Non seulement le novice ne feras peut être pas une véritable différence entre ces thés, mais plus encore il risque de préférer la version la moins chère pour sa plus grande rondeur, son absence d'amertume et de manière générale son caractère plus accessible.
La Lao Shen Tai semble donc viser, soit pour une consommation dans les premières années un public d'amateurs au palais fin, soit une maturation sur plusieurs années, où les différences entre ces deux thés joueront alors très probablement largement en faveur du Lao Shen Tai.
La Lao Shen Tai en ressort finalement comme un produit fin, jouant la carte du haut de gamme, avec un prix un peux élitiste et la vocation de taquiner le Gu Shu pour tout de même bien moins cher. A coté le Shen Tai propose indéniablement un meilleur rapport qualité/prix, en particulier pour une consommation jeune, permettant tout de même d'obtenir pour la moité du prix des résultat très proche de son concurrent, voire une meilleure accessibilité pour le palais non initié !
Zi Yo Cha, le thé violet naturel de Yi Wu
Le Zi Yo Cha est un thé hors du commun, produit depuis plusieurs années par Wang Bing à partir de feuilles violettes récoltées auprès de différentes familles et villages de Yi Wu. Ces feuilles sont issues d'une mutation naturelle rare du Camellia Sinensis donnant aux feuilles une coloration violette mais aussi des arômes spécifiques.
Ces théiers étant relativement rares dans la région de Yi Wu cette production nécessite un travail particulièrement grand pour Wang Bing et sa femme. Chaque printemps il faut en effet faire le tour d'une multitude de famille et petits producteurs pour sélectionner avec soin et acheter les quelques kilogrammes de feuilles que possèdent chaque producteur afin de composer cette galette originale.
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Zi Yo Cha Wang Bing 2013 vs. Zi Yo Cha Wang Bing Blanc 2012
A la première infusion les couleurs sont proches, bien que l'on décèle déjà une teinte légèrement plus sombre pour le millésime 2012, marque de sa maturation rapide sur une année. Au premier nez le millésime 2012 apparaît comme très chaud, très rond, avec une grande dimension fruitée, des touches de fruit sec, de dates et beaucoup de complexité.
A coté de cela le 2013 apparaît comme plus épicé, avec des touches de genièvre de clou de girofle, clairement plus « jeunes ».
Au palais le millésime 2012 présente une très bonne attaque, claire, franche, avec une bonne propension à se diffuser dans la gorge et ne nez et une excellente persistance et des touches de bambou frais qui rappellent des puerh (Pu Er tea) de quelques années d'age. Le 2013 avec une attaque tout aussi détonante, apparaît clairement plus dans une explosion de fraîcheur de jeunesse et de printemps, avec des arômes très ronds, boisés, et une excellente richesse aromatique.
Ce 2013 apparaît aussi comme beaucoup plus rond, complexe, diversifié, là ou le travail du temps aura sculpté les arômes du millésime passé dans quelque chose de plus concentré, replié, avec des touches aromatiques allant plus vers la cannelle ou le fruit sec, typique des thés violets de Wang Bing après quelques années de maturation naturelle.
Comme cela est le cas des autres galettes de Wang Bing on remarquera une maturation particulièrement rapide et prononcée et riche en arômes. Le millésime passé de ce thé aura ainsi, en quelques moi seulement, perdu une grande part de la fraîcheur et des aromes de printemps qui caractérisent aujourd'hui son successeur, pour développer toute une richesse aromatique de vieux thés, bambou, fruit secs, épices complexes.
On remarquera aussi que ce thé aura conservé plus des rondeurs et de chair que d'autres thés de Wang Bing tel que la Shen Tai Cha ou la Gu Shu Cha, ce qui est à attribuer à la richesse aromatique particulière des feuilles violettes. De même les arômes secondaires due à la maturation touchent plus une sorte de douceur fruitée que la fraîcheur de type camphrée vers laquelle d'autres thés de Wang Bing s'orientent ce qui, comme les millésime précédent l'on montré, est typique des arbres employés pour la confection de ce thé.
On en retiendra à nouveau un thé à la maturation particulièrement rapide, mais aussi complexe et apte à générer une richesse aromatique remarquable.
Lao Huang Ye, le thé du paysan
A un prix excessivement raisonnable, le Lao Huan Ye est un thé moins prestigieux que les autres productions de Wang Bing, mais atypique et pas inintéressant. Ce thé est en effet composé de Lao Ye (vieilles feuilles) aussi appelées Huang Pian (feuilles jaunes). Il s'agit des feuilles qui sont retirées du Gu Shu Cha de Wang Bing lors du tri des feuilles, parce qu'elles sont trop grosses, moins bien travaillées et que les autres (Hou Cha), ou qu'elles présentent un défaut d'aspect.
- 1.Feuilles jaunes infusées dans un verre d eau à Yi Wu
- 2.Tri des feuilles jaunes chez Wang Bing
- 3.Feuilles jaunes triées chez Wang Bing
- 4.Feuilles jaunes infusées dans un verre d eau à Yi Wu
Outre être bon marché c'est le thé qui est généralement consommé par de nombreuses minorités ethniques du Yunnan, mais aussi par beaucoup de petits producteurs de thé, en particulier dansles terroirs chers et prisés tel que Yi Wu. On a en effet toujours bu du thé dans les campagnes du Yunnan, notamment dans la région de Yi Wu, non pas comme un produit d'exception que l'on dégusterait dans de petites tasses, mais comme une boisson quotidienne, et face à la rapide hausse des prix du thé de ces terroirs peu de producteurs boivent encore leurs meilleures feuilles, qu'ils préfèrent vendre, et boivent ainsi plus couramment les huang pian qu'ils retirent lors du tri! Moins travaillées, avec des feuilles plus grosses donc aux formes déployées, le Lao Huang Ye s'approchent aussi plus aux différents thés produits depuis des temps anciens par les minorités du Yunnan, le puerh (Pu Er tea) tel que nous le connaissons ayant été introduit par les Han bien plus tard.
Peu courant sur le marché, les Lao Ye sont donc un produit de terroir, un thé local tel qu'on le boit dans les campagnes du Yunnan. Généralement infusé longuement, parfois directement dans un verre d'eau ou une grosse théière, c'est un thé doux et désaltérant qui accompagne le repas et que l'on peut boire à longueur de journée.
Cette galette a été produite à partir des Lao Ye des Gu Shu Cha du jardin Wang Bing, des arbres anciens poussant dans la forêt de Yi Wu.