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Les terroirs de Da Xue Shan

Da Xue Shan (大雪山), ou mont Da Xue est un nom qui résonne dans la tête de nombreux amateurs de thé puerh. Mais qu'y a-t-il derrière ? Littéralement Da Xue Shan signifie « grande montagne enneigée », bien que le sommet de Da Xue Shan ne soit jamais enneigé, tout juste peut-être saupoudré de neige les hivers exceptionnels comme le fut celui de 2013.

Mais peut-être faudrait-il commencer par rappeler qu'il n'y a pas une mais de nombreuses montagnes qui portent ce nom en Chine, et rien que la région de Lincang en compte trois, de quoi désorienter les amateurs de thé à la recherche de l'origine de leurs feuilles. Parmi ces montagnes Da Xue de Lincang, deux au moins sont réputées pour leurs thés. L'une se trouve dans la région de Yong De, tandis que l'autre, borde la région de Mengku, ce qui lui vaut généralement le nom de Mengku Da Xue Shan. C'est cette dernière que je vous propose d'explorer à travers le présent article.

Lincang au sein du YunnanShuangjiang au sein de LincangZone de Da Xue ShanZone de Da Xue Shan
  • 1.Lincang au sein du Yunnan
  • 2.Shuangjiang au sein de Lincang
  • 3.Zone de Da Xue Shan

Le thé chinois n'a pas de véritable AOC telle qu'on en a pour le vin en France (malgré quelques tentatives récentes qui commencent à s'en approcher). Nous voyons ainsi Da Xue Shan sur les emballages de différentes galettes de thé, qui peuvent provenir de différents terroirs de Da Xue Shan, isolés ou assemblés, et refléter des arbres de natures, de variétés et d'âges très différents.

Et cela commence par l'origine du jardin, Da Xue Shan pouvant aussi bien désigner le sommet de cette montagne, le parc naturel qui l'entoure, les villages et les jardins à proximité de ce parc, mais aussi l'intégralité de la montagne de Da Xue, et ce à l'intérieur des frontières de Mengku (Mengku Da Xue Shan) voire en dehors, dans les vallées de Nan Mei au nord ou dans la région de Shahe au sud, autant de zones qui possèdent leur propres spécificités, variétés de théiers et caractères gustatifs.

Le sommet et la foret de Da Xue Shan

Da Xue Shan est d'abord connu pour son sommet, qui à 3233m domine la vallée de Mengku à l'Est, et la région de Da Xing à l'ouest, et une grande partie de Lincang. Autour de ce sommet se trouve un lieu, sacré pour tous les amateurs de puerh, une forêt idyllique qui regorge de théiers sauvages et nous renvoie à l'origine même du thé.

Foret et parc de Da Xue ShanPaysage de Da Xue ShanForet de Da Xue ShanForet de Da Xue Shan
  • 1.Foret et parc de Da Xue Shan
  • 2.Paysage de Da Xue Shan
  • 3.Foret de Da Xue Shan

Suite à différents abus, notamment concernant l'exploitation illégale des théiers sauvages et autres espèces rares de ce parc naturel, l'accès à celui-ci nécessite aujourd'hui des autorisations spéciales de la part des autorités. J'ai cependant eu la chance d'arpenter à plusieurs reprises les sentiers qui serpente entre les théiers sauvages millénaires de cette forêt sacrée.

On pénètre généralement dans la forêt par l'est, depuis Da Hu Sai, un des villages les plus proches du sommet et sur la même crête, ou, plus difficilement par l'ouest à partir du village de Xiao Hu Sai. Après avoir arpenté quelques temps la crête qui mène au sommet l’amateur de hauteur continuera son chemin tandis que l'amoureux des théiers prendra un petit sentier vers le sud. Celui ci parcouru pour la première fois en 1997 lors de la découverte des gros théiers sauvages de Da Xue Shan, s'enfonce profondément au cœur d'une des plus belles forêts du Yunnan.

Le paysage dans lequel on se retrouve plongé est idyllique. Autour d'un fin sentier bordé de fougères se dessine un univers végétal dense et mystérieux. Dans un camaïeu de verts et d'ocres la lumière joue avec les mousses, les lichens, et la texture torturée des troncs, redessinant sans cesse l'environnement tel qu'il nous apparaît. Les lianes, omniprésentes, s'agrippent aux arbres, dansent dans les airs et dessinent dans le ciel d'incroyables motifs.

Au cœur de cette densité végétale, le sentier sur lequel nous posons nos pas nous semble vite n'être qu'un fil, un territoire humble et étiré que l'homme a tracé dans cette nature luxuriante. A intervalles réguliers la végétation change presque du tout au tout tandis que notre sentier gagne en altitude ou nous glisse d'un versant à l'autre.

Là où autour de nous se dessinait initialement un dense fouilli graphique de mousses et de branchages, semble progressivement se redéfinir les échelles et la hiérarchie de la forêt. La folle végétation se calme pour laisser place aux immenses arbres qui depuis des millénaires règnent sur la montagne. Ces arbres aux dimensions vénérables donnent le vertige. Tandis qu'ils s’élancent vers le ciel et que leurs branches donnent à la foret un toit, il nous faut étirer nos cervicales et se tordre comme une liane pour en suivre des yeux les troncs, avec la frustration de ne jamais ne pouvoir voir l'un d'eux en entier, donnant à ces lieux une dimension irréelle.

Gigantesque arbre qui émerge de la foret de Da Xue ShanGros théier sauvage dans la foret de Da Xue ShanGros théier sauvage dans la foret de Da Xue ShanGros théier sauvage dans la foret de Da Xue ShanGros théier sauvage dans la foret de Da Xue ShanGros théier sauvage dans la foret de Da Xue ShanGros théier sauvage dans la foret de Da Xue Shan
  • 1.Gigantesque arbre qui émerge de la foret de Da Xue Shan
  • 2.Gros théier sauvage dans la foret de Da Xue Shan

Parmi ces gigantesques arbres, des théiers d'un autre temps. Sortis de terre il y a des centaines ou des milliers d'années, ces théiers sauvages nous rappellent l'ère où le théier régnait à l’abri des forêts, bien avant que l'homme ne l'ait domestiqué pour le plier à son palais. C'est là, cachés entre une multitude d'autres espèces rares, que ces théiers observent du sommet de la foret les rares hommes à s'aventurer jusque là. Parmi ces arbres on trouve toutes sortes de Camellia sous leur forme sauvage, comme le bien connu Sinensis qui sous la main de l'homme aura su produire une infinité de nuances gustatives et voyager aux quatre coins du monde. Mais la forêt regorge de variétés bien moins connues, qui s'apparentent aux Camellia Sinensis ou à de toutes autres branches de théiers sauvages comme les Camellia Taliensis qui du sommet de leurs troncs élancés forment des touffes et jouent aux choux-fleurs géants.

Théier sauvage dans la foret de Da Xue ShanThéier sauvage dans la foret de Da Xue ShanThéier sauvage dans la foret de Da Xue ShanThéier sauvage dans la foret de Da Xue ShanThéier sauvage dans la foret de Da Xue ShanThéier sauvage dans la foret de Da Xue Shan
  • 1.Théier sauvage dans la foret de Da Xue Shan

Se trouvent ainsi au cœur de la forêt de Da Xue Shan parmi les plus beaux théiers sauvages que l'on ait découverts dans une zone de 850 hectares comprise à des altitudes entre 2200m et 2750m. Le premier de ces vénérables théiers, d'une hauteur de 16 mètres et d'une circonférence à la base de plus de 3 mètres fut découvert en 1997. Peu après on mit au jour un autre grand arbre, légèrement moins haut mais avec un tronc record de 4 mètres de circonférence. Différentes études furent ensuite entreprises sur ces arbres, que les experts estiment à plusieurs milliers d'années.

Ce sont de ces théiers, domestiqués voila bien longtemps de cela par les Bulang et les Lahu de la région que sont très probablement issus la majorité des théiers anciens de Mengku à l'exception, peut être, des arbres venant de Bing Dao. Si depuis des centaines d'années les ethnies de la montagne ont parcouru ces sentiers pour cueillir au cœur de la foret de Da Xue Shan thés et plantes sauvages, c'est aujourd'hui un privilège de pouvoir en boire les feuilles. Avec l'engouement pour le puerh (Pu Er tea) des années 2000, la cueillette de ces théiers sauvages est en effet interdite, et l'accès à la forêt avoisinant le sommet de Da Xue Shan contrôlé.

Bien que les thés provenant véritablement des arbres du parc de Da Xue Shan soient donc très rares, il reste encore possible à l'amateur motivé d'avoir le privilège d'en savourer quelques feuilles. Il y a tout d'abord pour cela les millésimes anciens, antérieurs aux restrictions concernant l'accès au parc, comme les célèbres galettes produites par Mengku Rong Shi depuis 2001 (pour la maison de thé Purple Cane, puis à son propre nom depuis 2005).

Galette de théier sauvage de Da Shan par Rong Shi pour Purple Cane 2001Galette de théier sauvage de Da Shan par Rong Shi pour Purple Cane 2001Mengku Rong Shi Da Xue Shan Ye Sheng Cha 2005
  • 1.Galette de théier sauvage de Da Shan par Rong Shi pour Purple Cane 2001
  • 3.Mengku Rong Shi Da Xue Shan Ye Sheng Cha 2005

Mais un certain nombre de locaux vivant dans de petits villages à l'orée de la forêt continuent aussi à en ramasser quelques feuilles ici et là. En ressortent des micro-productions qui ne finiront jamais dans des galettes du marché, mais que l'on peut savourer sur place sous forme de Maocha, ou à travers quelques rares pressages.

Sentier au coeur de Da Xue ShanBourgeon de théier sauvageUn des gardiens du parc de Da Xue ShanPetit atelier artisanal à Gong Nong Da Xue Shan
  • 1.Sentier au coeur de Da Xue Shan
  • 2.Bourgeon de théier sauvage
  • 3.Un des gardiens du parc de Da Xue Shan
  • 4.Petit atelier artisanal à Gong Nong Da Xue Shan

C'est le cas de cette micro-production non commercialisée de quelques kilogrammes seulement de feuilles provenant du parc de Da Xue Shan, cueillies en 2006 par des habitants vivants à proximité de la forêt, puis pressées artisanalement en 2008 au cœur de la montagne par une famille Bulang, dans un petit atelier du Gong Nong.

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Si l'accès à zone restreinte autour du sommet où se trouvent les plus beaux spécimens de théiers sauvages est ainsi limité, la forêt de Da Xue Shan ne s’arrête cependant pas là et s'étend du Nord au Sud sur toute la crête de la montagne, et on trouve un peu plus loin du sommet de nombreux théiers sauvages que les locaux continuent aussi à cueillir comme le faisaient leur ancêtres et qui font le bonheur des amateurs de théiers sauvages. De par leur relative rareté ces thés seront soit vendus en vrac (maocha), soit compressés par différents producteurs pour en faire des galettes, souvent en quantité limitée. Nous aurons l'occasion d'en goûter quelques uns plus loin lorsque nous aborderons en détails les théiers sauvages de Da Xue Shan.

Da Xue Shan, une Montagne riche en terroirs et en histoire

Remarquable par son sommet qui culmine à 3233m, Da Xue Shan n'est pas un un sommet mais toute une montagne, qui s'étend sur une quarantaine de kilomètres de la vallée de Nanmei (Linxiang) au nord à la région de Sha He au sud, en traversant la valée de Mengku (猛库) dont elle forme la frontière ouest.

Vue du sommet de Da Xue ShanSituation de Da Xhe ShanCarte de Da Xe ShanDa Xue Shan
  • 1.Vue du sommet de Da Xue Shan
  • 2.Situation de Da Xhe Shan
  • 3.Carte de Da Xe Shan
  • 4.Da Xue Shan

Xi Ban Shan et Mengku Da Xue Shan

C'est dans la région de Mengku, dont les thés sont particulièrement réputés, que Da Xue Shan est le plus connu et recherché des amateurs de thé.

Mengku est une vallée orientée nord-sud, normée par deux frontières naturelles. A l'est la montagne de Da Hei Shan qui sépare la vallée de Mengku de celle de Boshang et forme le terroir de Mengku Est (Dong Ban Shan, littéralement moitié est). A l'ouest Da Xue Shan, qui sépare Mengku de Genma (耿马) et qui forme le terroir de Mengku Ouest (Xi Ban Shan). A l'intérieur de Mengku on parle donc assez peu de Da Xue Shan, et on préfère l’appellation de Xi Ban Shan (moitié ouest de Mengku), bien que les deux appellations se réfèrent à la même montagne.

Mengku Da Xue ShanVallée de MengkuVillage à MengkuVieil arbre à thé à Bing Dao
  • 1.Mengku Da Xue Shan
  • 2.Vallée de Mengku
  • 3.Village à Mengku
  • 4.Vieil arbre à thé à Bing Dao

Portée par des villages au devant de la scène comme Bing Dao ou Xiao Hu Sai, la reconnaissance des thés de Mengku n'a cessé de croître ces dernières années, et en particulier de ceux provenant de sa moitié ouest: Da Xue Shan. Outre les théiers sauvages, qui sont une spécificité locale mais ne constituent de loin pas les thés les plus recherchés des amateurs, ce sont avant tout les théiers anciens, les Gu Shu Cha, domestiqués il y a des générations de cela par les habitants de la région, qui sont les plus convoités pour leur grande qualité gustative.

Recherchés pour leur taille, l'âge, et la qualité de leurs thés, ce sont ces arbres qui ont fait la renommée des grands villages de Da Xue Shan, dont voici les plus importants (L'ensemble des villages de la montagne seront détaillés dans un futur article consacré à Mengku Xi Ban Shan).

Xiao Hu Sai et Da Hu Sa, villages anciens à l'orée de la foret de Da Xue Shan

A l'orée de la forêt de Da Xue Shan et à quelques kilomètres de son sommet se trouvent deux villages anciens, à l'est Da Hu Sai (大户赛 Grand Hu Sai) perché à 1800m l'altitude sur une crête est-ouest qui rejoint le sommet de Da Xue Shan, et Xiao Hu Sai (小户赛 Petit Hu Sai), à l'ouest, situé à 1750m d'altitude sur une crête parallèle à celle de Da Hu Sai (grand Hu Sai).

Xiao Hu Sai est après Bing Dao le village le plus reconnu et recherché de Da Xue Shan pour le nombre et la qualité de ses théiers anciens. Le village est particulièrement isolé, perché au sommet d'une des rares crêtes à ne pas rejoindre le fond de la vallée et la route qui s'y trouve. Xiao Hu Sai est par ailleurs encerclée à l'est et à l'ouest par deux rivières qui prennent leur source dans la forêt de Da Xue Shan, mais aussi au sud par le bras d'une de ces rivière et quel que soit le chemin que l'on emprunte il faudra franchir un pont pour accéder au village. Cette situation offrire à Xiao Hu Sai non seulement une excellente irrigation, mais aussi un certain isolement qui font de ses jardins à thés anciens les mieux conservés de tout Shuangjiang.

Situation de Xiao Hu SaiCha Shan He qui prend sa source au coeur de la foret de Da Xue ShanVillage Lahu de Xiao Hu SaiJeunes Lahu à Xiao Hu Sai
  • 1.Situation de Xiao Hu Sai
  • 2.Cha Shan He qui prend sa source au coeur de la foret de Da Xue Shan
  • 3.Village Lahu de Xiao Hu Sai
  • 4.Jeunes Lahu à Xiao Hu Sai

Le village est en réalité formé de trois villages juxtaposés. Un village Han, Yi Zhai (以寨) d'une cinquantaine de familles, fondé durant le règne de Daoguang (1820-1850) à partir du village de Dou Fu Zhai et dont les jardins à thé ont une centaine d'années, ainsi que deux villages Lahu, nettement plus anciens, Liang Zi Zhai (梁子寨) et Wa Zi Zhai (洼子寨) où vivent environ 150 familles et qui possèdent les plus beaux jardins anciens de Xiao Hu Sai.

Liang Zi ZhaiVieux théier à Liang Zi ZhaiMaison au coeur des théiers anciens à Wa ZiZhaiWa Zi Zhai
  • 1.Liang Zi Zhai
  • 2.Vieux théier à Liang Zi Zhai
  • 3.Maison au coeur des théiers anciens à Wa ZiZhai
  • 4.Wa Zi Zhai

Ces villages anciens sont encore majoritairement composés de maisons traditionnelles de terre et de bois, sur pilotis, même si avec la récente hausse des prix on y trouve de plus en plus d'ateliers flambants neufs. Entre les maisons et dans presque tous les jardins se trouvent de gros théiers, plantés par les ancêtres du village, probablement pour la propre consommation personnelle de leurs familles. Mais ce sont autour de ces deux villages que ce trouvent, dans de véritables jardins à thés anciens, parmi les plus beaux théiers de toute la région.

Ces jardins sont impressionnants tant par leur taille que par celle des arbres qui y poussent. On y trouve ainsi plus de 20 hectares d'arbres de plus de 5m de haut, et dont les troncs dépassent les 1m de circonférence. Les plus gros de ces arbres, dont les troncs dépassent 1m50 de circonférence auraient 200 à 300 ans, et ont probablement été plantés par les Bulang avant même que les Lahu n'arrivent dans la montagne et bien avant que les Dai puis les Han n'y pénètrent.

Dans les jardins anciens de Xiao Hu SaiDans les jardins anciens de Xiao Hu SaiDans les jardins anciens de Xiao Hu SaiDans les jardins anciens de Xiao Hu Sai
  • 1.Dans les jardins anciens de Xiao Hu Sai

Lorsqu'ils sont bons, les thés de vieux arbres de Xiao Hu Sai sont particulièrement fins, féminins et élégants. Avec une liqueur limpide et très pâle, ils possèdent des arômes purs et cristallins, beaucoup de finesse, et une charpente tannique qui joue la discrétion, soutient bien les arômes du thé sans pour autant prendre le devant ou dénaturer la subtilité et la légèreté de ses arômes.

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L'autre grand jardin de Xiao Hu Sai se situe à coté de la petite rivière appelée Cha Shan He (rivière de la montagne à thé), qui prend sa source au cœur de la forêt de Da Xue Shan, se faufile entre les théiers jusqu'à Xiao Hu Sai. Depuis le village Lahu de Liang Ze Zhai un petit sentier de 3km, bordé de théiers rejoint la rivière. C'est un vaste jardin, parmi les plus grands de tout Shuangjiang, qui commence au nord là où s'arête la forêt de Da Xue Shan, et redescend au sud toute la montagne jusqu’à la vallée. Plus récents que les théiers originels de Xiao Hu Sai les plus anciens arbres de ce jardin remontent à Ming Guo (1911-1949), mais la grande majorité des arbres ont été plantés de 1958, et coupés durant la révolution culturelle pour repousser avec des tailles plus modestes sur les troncs anciens.

Jardins de l'ère communiste de Xiao Hu SaiJeunes arbres sur des racines anciennesJardins de l'ère communiste de Xiao Hu SaiJardins de l'ère communiste de Xiao Hu Sai
  • 1.Jardins de l'ère communiste de Xiao Hu Sai
  • 2.Jeunes arbres sur des racines anciennes
  • 3.Jardins de l'ère communiste de Xiao Hu Sai

Les thés provenant de ce jardin portent bien le caractère de Xiao Hu Sai et peuvent, lorsqu'ils sont travaillés avec soin, s'avérer de grande qualité, bien qu'ils n'atteignent difficilement l'excellence des jardins les plus anciens de Liang Ze Zhai.

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A quelques kilomètres au nord de Xiao Hu Sai se trouve le village de Da Hu Sai (大户赛). Situé sur une crête rejoignant directement le sommet de Da Xue Shan, Da Hu Sai est le deuxième village le plus haut de Da Xue Shan (après San Jia Zhai non loin). Bien que les thés de Da Hu Sai soient moins reconnus et cotés que ceux de Xiao Hu Sai, le village de Da Hu Sai est plus connu. Il fait en effet office de porte d'entrée pour accéder à la forêt de Da Xue Shan et ses célèbres théiers sauvages, ce qui a beaucoup fait parler de ce village, et ramené beaucoup de monde depuis la fin des années 1990.

Comme c'est le cas de Xiao Hu Sai, le premier village de Da Hu Sai, fondé voilà plus de 300 ans, était un village ethnique, habité par les Wa et les Lahu. Il reste ainsi encore à Xiao Hu Sai, et plus précisément à proximité du hameau Lahu de He Bian Zhai quelques hectares de jardins anciens, plantés avant l'arrivée des Han, dont la plupart aurait plus de 200 ans.

Aux alentours de Da Hu SaiVieux théier à Da Hu SaiThéiers à Da Hu SaiFeuilles violettes sur un théier à Da Hu SaiFeuilles violettes sur un théier à Da Hu Sai
  • 1.Aux alentours de Da Hu Sai
  • 2.Vieux théier à Da Hu Sai
  • 3.Théiers à Da Hu Sai
  • 4.Feuilles violettes sur un théier à Da Hu Sai

La grande majorité des arbres de Da Hu Sai ont cependant été plantés après l'arrivée des Han et l'établissement du village Han De Da Hu Sai, entre 1904 et 1920, dont plus de 30 hectares sont encore là aujourd'hui. Si ces arbres n'ont pas la taille et l'âge respectable des arbres originels de Da Hu Sai, il s'agit cependant d'arbres matures d'une centaine d'années, qui avec un travail soigné du producteur peuvent être à l'origine des thés de très grande qualité.

Théiers sauvages de Li Wen QuanThéiers sauvages de Li Wen QuanJardin de Li Wen QuanTravail des feuilles chez Li Wen QuanTravail des feuilles chez Li Wen QuanLi Wen Quan
  • 1.Théiers sauvages de Li Wen Quan
  • 3.Jardin de Li Wen Quan
  • 4.Travail des feuilles chez Li Wen Quan
  • 6.Li Wen Quan

Goûtons pour illustrer cela un thé travaillé directement au village de Da Hu Sai par Li Wen Quan et sa famille. Originaire du village. Li Wen Quan connaît parfaitement la montagne et la forêt de Da Xue Shan. Il a notamment eu le malheur de passer quelques années en prison pour avoir coupé un arbre d'une espèce rare et protégée, situé dans le parc de Da Xue Shan, à 100 mètres à peine d'un des plus gros théiers sauvages du parc. Depuis il a planté ses propres jardins à thé à l'orée de la forêt de Da Xue Shan, dont des parcelles de théiers sauvages. Mais Li Wen Quan rachète aussi depuis des années les feuilles fraîches à différentes familles du village, souvent incapables de transformer convenablement les feuilles par elles-mêmes, pour en produire du maocha de qualité qu'il propose à différents producteurs de la région.

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Bing Dao et le groupe de villages de Bing Dao

Du point de vue du terroir Bing Dao (冰岛) est assez excentré par rapport à Mengku et Da Xue Shan. Blotti au nord de Mengku, le village de Bing Dao se trouve assez éloigné du sommet, à la limite qui sépare Mengku de la vallée de Nanmei.

Carte de Da Xue ShanPaysage à Bing DaoVue depuis Bing DaoDans un jardin à thé de Bing DaoGros arbre à thé à Bing DaoBourgeons de thés à Bing Dao
  • 1.Carte de Da Xue Shan
  • 2.Paysage à Bing Dao
  • 3.Vue depuis Bing Dao
  • 4.Dans un jardin à thé de Bing Dao
  • 5.Gros arbre à thé à Bing Dao
  • 6.Bourgeons de thés à Bing Dao

Bing Dao est cependant et indéniablement aujourd'hui le village le plus connu de Da Xue Shan, mais aussi de tout le Yunnan et à plus de 2000 euros le kg de maocha brut (2014), les authentiques thés de Bing Dao atteignent des prix auxquels aucun jeune puerh (Pu Er tea) n'aurait pu prétendre auparavant. Si cela fait moins d'une dizaine d'années que l'on voit un tel engouement autour de Bing Dao, la notoriété du village et de ses thés n'est pas nouvelle et remonte au XVième siècle.

On entend souvent que c'est du village de Bing Dao que sont originaires l'ensemble des théiers de Mengku, voire par extension la variété locale «Mengku à grande feuilles » que l'on retrouve à présent dans de nombreuses régions du Yunnan. Ce n'est pas tout à fait faux, et de nombreux jardins à thés de Mengku ont probablement vu le jour entre 1500 et aujourd'hui à partir de graines ou de boutures provenant de Bing Dao, fondant le mythe de Bing Dao mère des théiers de Mengku, mythe repris par la célèbre galette Mu Shu Cha (littéralement « mère des arbres à thé) produite par Mengku Rong Shi à partir de 2005 et qui achèvera l'avènement de ce village.

Vieil arbre à thé à Bing DaoJardin ancien à Bing DaoCueillette des arbres anciens à Bing DaoCueillette des arbres anciens à Bing DaoCueillette des arbres anciens à Bing Dao
  • 1.Vieil arbre à thé à Bing Dao
  • 2.Jardin ancien à Bing Dao
  • 3.Cueillette des arbres anciens à Bing Dao

Les très intéressantes recherches de Zhan Ying Pei rétablissent cependant la vérité en rappellant l’antériorité des jardins à thé Bulang et Lahu sur les flancs de Da Xue Shan, et évoquent les véritables raisons de la notoriété de Bing Dao et de ces thés. Comme dans beaucoup de région du Yunnan ce sont les Bulang qui ont planté les premiers jardins à thé de Mengku, il y a entre 800 et 2000 ans de cela, probablement à partir de graines ou de boutures provenant d'arbres sauvages de la forêt de Da Xue Shan.

Plus tard ce sont au tour des Lahu de s'installer dans la montagne, et de fonder des villages aujourd'hui célèbres pour la qualité de leurs thés et de leurs jardins anciens tels que Xiao Hu Sai ou encore Nanpo (à 5km seulement de l'actuel Bing Dao). Construit bien plus tard le village de Bing Dao se distingue avant tout des autres villages de la montagne par l'ethnie de ses fondateurs, et marque l'arrivée des premiers Dai dans la région. A leur tête un important chef Dai Han Ting Fa, arrivé en 1480 pour prendre le contrôle de la région.

Tandis que les hauteurs de Mengku sont peuplées par les Bulang et les Lahu, les Dai se cantonnent dans les plaines, à l'exception de Bing Dao, seul village Dai d'altitude. S'ils pratiquent l'agriculture de plaine, il leur manque le thé, produit jusque là par les Lahu de la montagne. C'est en 1480, soit 5 ans après l'arrivée de Han Ting Fa que les Dai décident d’établir leur premier jardin à thé à Bing Dao. Pour une raison qui n'est pas clairement établie, mais que l'on peut probablement attribuer à la fierté des Dai et à leur présupposée supériorité sur les autres ethnies du Yunnan, ils ne plantent pas ces arbres à partir d'arbres de la région issus des villages Lahu ou Bulang à proximité, mais envoient une délégation chercher des graines dans le Xishuangbanna, territoire sous domination Dai et où la culture du thé était déjà particulièrement développée.

Vieil arbre à thé à Bing DaoPropriétaire à Bing DaoJeune Lahu devant le paysage de Bing DaoVieille femme Lahu non loin de Bing DaoBulang à Shuangjiang
  • 1.Vieil arbre à thé à Bing Dao
  • 2.Propriétaire à Bing Dao
  • 3.Jeune Lahu devant le paysage de Bing Dao
  • 4.Vieille femme Lahu non loin de Bing Dao
  • 5.Bulang à Shuangjiang

C'est de ces graines ramenées du Xishuangbanna que furent plantés les premiers jardins de Bing Dao, dont il ne reste aujourd'hui que quelques très rares arbres. Les Dai, qui contrôlent rapidement toute la région ont ainsi non seulement leur thé, mais surtout un thé « noble », d'origine Dai, qui se différencie des autres thés produits par les Bulang et les Lahu.

La présupposée supériorité du cépage rapporté par les Dai depuis Xishuangbanna par rapport aux thés originaires de Mengku est bien sûr très discutable, surtout si on prend en considération l'âge qu'avaient alors ces arbres fraîchement plantés face aux jardins anciens que possédaient les Lahu. Ce thé Dai de Bing Dao n'en possédait pas moins une singularité gustative évidente face aux autres thés de Da Xue Shan.

Avec la rapide domination des Dai sur la région le thé de Bing Dao devient particulièrement précieux, reconnu et désiré, et l'on offre thé et graines de Bing Dao lors d’événements officiels, impliquant par exemple les chefs d'autres régions. Une autorisation du chef Dai de Shuangjiang était d'ailleurs en ce temps nécessaire à toute personne qui désirait se procurer des graines du jardin de Bing Dao.

En 1904 les Han prennent le contrôle direct de la région de Shuangjiang, et les anciens chefs Dai sont destitués. Jouissant d'une solide réputation héritée de l'ère Dai mais aussi d'une typicité et d'une qualité gustative reconnue, le thé de Bing Dao traverse alors la montagne à dos d'homme ou de cheval une journée durant pour être vendu sur le marché de Mengtuo où certains venaient de loin pour acheter ce thé de renom.

Sur le long chemin qui relie Bing Dao à MengtuoSur le long chemin qui relie Bing Dao à MengtuoSur le long chemin qui relie Bing Dao à MengtuoMarché de Mengtuo aujourd'hui
  • 1.Sur le long chemin qui relie Bing Dao à Mengtuo
  • 4.Marché de Mengtuo aujourd'hui

A leur arrivée dans les années 1950 les communistes s'intéressent au potentiel que représente ce thé, dont on reconnaît la qualité, mais n'aiment guerre l'élitisme qu'il y a derrière. Tandis que les jardins anciens de Bing Dao sont réaménagés, entre 40 et 50 hectares de nouveaux jardins sont plantés autour du village et graines et boutures des théiers de Bing Dao sont envoyés dans plus d'une vingtaine de régions du Yunnan. Bing Dao rentre ainsi dans le moule communiste, sa variété est diffusée tandis que les thés du village sont travaillés dans les ateliers communautaires, finissent assemblés avec d'autres feuilles dans les grandes usines d'état, et la notoriété de Bing Dao se perd progressivement.

Ce n'est qu'au milieu des années 2000 que le nom de Bing Dao refait surface. Alors en plein boum du puerh, dont les prix montent en flèche depuis 2003, on s'intéresse de plus en plus aux jardins anciens et l'apparition, ou la réapparition, de terroirs de renom. C'est alors qu'en 2005 Mengku Rong Shi, producteur influent de la région, presse une galette en référence à ce que l'on considère comme les premiers théiers de Mengku originaires du village de Bing Dao. Cette galette, la Mu Shu Cha que nous goûterons un peu plus loin, dont le nom signifie « mère des arbres à thé», serait ainsi basée sur un assemblage des alentours du village de Bing Dao.

Mu Shu Cha le thé qui révéla Bing Dao dans les années 2000Mu Shu Cha le thé qui révéla Bing Dao dans les années 2000Mu Shu Cha le thé qui révéla Bing Dao dans les années 2000Mu Shu Cha le thé qui révéla Bing Dao dans les années 2000
  • 1.Mu Shu Cha le thé qui révéla Bing Dao dans les années 2000

Ce thé, réédité en 2006 connaît un grand succès, et relance la notoriété des thés de Bing Dao, dont les prix ne cessent depuis d'augmenter d’année en année. Ironie du sort, si la Mu Shu Cha et Rong Shi ont ainsi largement contribué à la renommée actuelle de ce village, ce producteur n'en a pas tiré grand bénéfice, et si un thé portant ce nom est bien re-pressé chaque année, il est de notoriété publique que ce thé ne contient plus à partir de 2007 la moindre feuille provenant du village Bing Dao, les thés véritablement issus de ce village valant aujourd'hui des prix bien trop élevés pour ce type de production grand public.

Avec quelques tonnes seulement produites chaque année, les véritables thés du village de Bing Dao sont presque introuvables sur le marché où 99 % de ce qui est vendu comme provenant de Bing Dao vient au mieux des villages aux alentours, et bien souvent même pas de Mengku. Il faut donc se rendre au village de Bing Dao, où les voitures sont fouillées à l'entrée pour éviter l'import de thé venant de l'extérieur, mais aussi être prêt à mettre plus de 1000 euros dans une petite poche de 500g de thé, pour goûter à d'authentiques thés de vieux arbres de Bing Dao.

Controle et déclaration du thé à l'entrée de Bing DaoBing Dao le village où les feuilles valent de l'orBing Dao le village où les feuilles valent de l'orBing Dao où l'on achète ses échantillons par centaines d'eurosAvec les profits tous les villageois reconstruisent leurs maisons
  • 1.Controle et déclaration du thé à l'entrée de Bing Dao
  • 2.Bing Dao le village où les feuilles valent de l'or
  • 4.Bing Dao où l'on achète ses échantillons par centaines d'euros
  • 5.Avec les profits tous les villageois reconstruisent leurs maisons

Mais là encore, si les touristes et les boutiques de thé de toute la Chine viennent désormais faire leur pèlerinage à Bing Dao et échangent des valises de billets contre quelques sacs de thé, au point que l'on construise un gros parking bétonné au cœur du village, les producteurs sérieux et spécialisés dans le thé de Bing Dao ne croit guère à l'origine des thés vendus au village. Depuis des années ils louent les arbres qu'ils désirent, sous contrat pour des durées de 4 à 10 ans, et envoient des employés à plein temps sur place pour contrôler quotidiennement chaque étape de la cueillette à l'empaquetage du produit final !

Arbres loués à Bing DaoArbres loués à Bing DaoArbres loués à Bing DaoArbres loués à Bing DaoControle de la production d'une producteur à Bing Dao
  • 1.Arbres loués à Bing Dao
  • 5.Controle de la production d'une producteur à Bing Dao

Je vous propose à présent de déguster un maocha provenant d'un petit producteur du village qui possède une poignée de vieux arbres et dans lequel transparaît bien la richesse de ce village après quelques mois de maturation.

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On en conviendra aisément le prix de Bing Dao est surfait, et bien que les bonnes feuilles de Bing Dao puissent être particulièrement raffinées il est difficile pour un jeune thé, en particulier un matériau brut tout juste sorti du sac du paysan, de justifier un tel prix. Cela étant dit les thés de Bing Dao peuvent non seulement être de grande qualité mais ils possèdent bien un caractère qui leur est propre. La typicité de ces thés est claire et se caractérise notamment par une très grande finesse, beaucoup de profondeur, et surtout une douceur profonde et exacerbée.

Cela étant dit, si il y a bien un caractère commun aux thés de Bing Dao il y a aussi de très grandes disparités entre les différents jardins de Bing Dao. Le village de Bing Dao a en effet vu différentes phases de développement de ses jardins à thé, et des jardins d'âges et de natures très différents s'y côtoient. Ainsi si l'on voit un peu partout des photos d'arbres monumentaux il est bon de noter que ces derniers restent excessivement rares à Bing Dao, même au sein des jardins anciens, où la majorité des gros arbres ont étés coupés il y a longtemps de cela pour planter du maïs ou d'autres cultures en ce temps plus rentables que le thé. Le gros des jardins de Bing Dao est donc composé d'arbres plus récents, plantés après l'arrivée des communistes dans les années 50, ou dans les années 90 avec l'ouverture du marché.

Quelques rares arbres anciens qui ont survécus au milieux des champsL'autre visage de Bing Dao des arbres d'age bien plus jeune qu'on le croieL'autre visage de Bing Dao des arbres d'age bien plus jeune qu'on le croisTrès jeunes arbres tout juste plantés à Bing Dao
  • 1.Quelques rares arbres anciens qui ont survécus au milieux des champs
  • 2.L'autre visage de Bing Dao des arbres d'age bien plus jeune qu'on le croie
  • 3.L'autre visage de Bing Dao des arbres d'age bien plus jeune qu'on le crois
  • 4.Très jeunes arbres tout juste plantés à Bing Dao

Enfin il convient de distinguer le village principal de Bing Dao des villages appartenant au groupe de villages de Bing Dao, tels que de Nanpo (南迫), Dije (地界), Baway (坝歪) et Nuowu (糯伍). Les groupes de villages sont en effet des regroupements administratifs qui mettent derrière un même nom des villages parfois proches comme Nanpo ou Dijie, mais aussi parfois éloignés comme Baway ou Nuowu, sans naturellement se soucier du caractère des thés qu'ils produisent ou de la notion de terroir.

Ainsi les thés produits aux alentours directs du village principal de Bing Dao ont bien une typicité, et partagent un certain nombre de caractères communs, notamment une richesse aromatique et une douceur spécifique. Cette zone comprend le village de Bing Dao, désormais majoritairement Dai et Han, et les deux villages Lahu de Nanpo à 3 km au nord-ouest, et de Dijiie, 3 km au sud-ouest, tous trois compris dans le groupe de villages de Bing Dao.

Nanpo village Lahu sur les hauteurs de Bing DaoVieux théier à NanpoVieux théier à NanpoVieux théier à Nanpo
  • 1.Nanpo village Lahu sur les hauteurs de Bing Dao
  • 2.Vieux théier à Nanpo

Jusqu’à ces 2 ou 3 dernières années les thés des villages Lahu de Nanpo et Dijie n'étaient généralement pas séparés de ceux du village principal de Bing Dao. La technique n'était en effet pas assez bonne dans les villages de Nanpo et Dijie, et au lieu de vendre bon marché un thé mal travaillé, les Lahu de ces villages préféraient vendre leurs feuilles fraîches à Bing Dao, où celles-ci étaient travaillées et revendues avec l’appellation Bing Dao.

Avec la forte hausse du prix de Bing Dao, les paysans de la région ont non seulement acquis les moyens de se former et de s'équiper mais aussi perçu l’intérêt de produire leur propre maocha et de plus en plus d'ateliers familiaux voient à présent le jour à Nanpo et Dijie, produisant leurs propres maocha, et révélant ainsi la spécificité gustative de ces villages. Pour différentes raisons (conditions naturelles, nature et taille des arbres, etc...) la région de Bing Dao est en effet particulièrement sensible à l'effet du terroir. Si donc la zone autour de Bing Dao, comprenant Bing Dao, Nan Po et Di Jie, partagent bien une certaine typicité, chacun de ces villages, bien qu'ils soient à seulement quelques kilomètres les uns des autres, possède aussi son propre caractère.

Goûtons pour illustrer cela un excellent maocha de Dijie, travaillé de manière très fine à Mengku à partir de feuilles fraîches achetées au village, à travers lequel transparaît bien la richesse et la finesse des thés de ce village.

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Bien malheureusement avec la forte spéculation autour de Bing Dao, la richesse et la spécificité des différents terroirs de Bing Dao reste largement incomprise, les nom de Di Jie et Nanpo rarement mis en avant, et les thés de ces villages quasiment exclusivement vendus sous le nom de Bing Dao.

Enfin, comme les groupes de villages sont avant tout des délimitations administratives et non comme certains le croient parfois des appellations relatives au terroir, ils englobent aussi des villages parfois éloignés ou qui jouissent de conditions naturelles les éloignant. C'est ainsi que le groupe de Bing Dao comprend aussi les deux villages de Baway et Nuowu, non pas situés comme Bing Dao sur le flanc ouest de Da Xue Shan mais sur la face est de la montagne opposée.

Village de NuowuVieil arbre à NuowuJardin à thé à BawayBing Dao vu depuis Baway
  • 1.Village de Nuowu
  • 2.Vieil arbre à Nuowu
  • 3.Jardin à thé à Baway
  • 4.Bing Dao vu depuis Baway

Bien que ces villages puissent produire des thés de grande qualité et qu'ils dépendent administrativement de Bing Dao (profitant au passage de la hausse des prix de Bing Dao) leur positionnement et les conditions qui définissent ces villages les distancient naturellement du terroir de Bing Dao et ces villages sont plus à rattacher aux autres villages de Mengku Est (Dong Ban Shan).

Gong Nong, l'héritage de la culture Bulang de Da Xue Shan

Bien moins connu aujourd'hui que Bing Dao, Gong Nong est un village chargé d'histoire et de culture qui mérite d'être signalé et possède depuis longtemps une influence particulière sur la montagne et ses thés. Bien avant que les Dai ne pénètrent dans la vallée de Mengku et fondent Bing Dao, les Bulang et leurs ancêtres Pu habitaient déjà les versants de Da Xue Shan. On ne sait pas précisément depuis quand les Bulang habitent la région, mais cela remonte très probablement à plus de 1000 ans. Comme pratiquement partout dans le Yunnan, mais aussi de l'autre côté de la frontière en Birmanie, ce sont ces Pu qui ont domestiqué le théier sauvage, et établi les premiers jardins à thé anciens.

Temple Bulang à Gong NongMoine de Gong Nong avec du théGong Nong village de thé BulangJardin à thé à Gong NongVieil arbre à thé à Gong Nong
  • 1.Temple Bulang à Gong Nong
  • 2.Moine de Gong Nong avec du thé
  • 3.Gong Nong village de thé Bulang
  • 4.Jardin à thé à Gong Nong
  • 5.Vieil arbre à thé à Gong Nong

Les Bulang sont probablement l'ethnie du Yunnan qui possède la culture du thé la plus riche. Outre boire le thé comme nous le faisons, ou boire le thé torréfié comme le pratiquent presque toutes les ethnies du Yunnan, les Bulang possèdent aussi une méthode traditionnelle et typique pour infuser les feuilles de thé. Celles-ci, tout juste cueillies, sont bouillies dans une section de bambou fraîchement coupée que l'on met dans la flamme, puis parfois assaisonnées de miel. Mais les Bulang possèdent aussi leur propre thé, un thé typique, fermenté plusieurs mois durant sous terre, que l'on ne boit généralement pas mais que l'on mange, associé d'autres aliments.

Femme Bulang à Da Xue SahnLe miel central avec le thé dans la culture BulangLe Suan Cha thé ethnique BulangLe Suan Cha thé ethnique BulangThé fermenté ethnique Bulang en Birmanie
  • 1.Femme Bulang à Da Xue Sahn
  • 2.Le miel central avec le thé dans la culture Bulang
  • 3.Le Suan Cha thé ethnique Bulang
  • 5.Thé fermenté ethnique Bulang en Birmanie

Aujourd'hui pratiquement exclusivement consommé lors des mariages Bulang et autres événements importants ce thé ethnique faisait probablement partie des aliments de consommation courante des Bulang dans les temps anciens, tel qu'on peut encore le voir aujourd'hui non loin de là de l'autre côté de la frontière Birmane. Ceci pourrait notamment expliquer l'importance du thé chez les Bulang et la grande étendue des jardins à thé Bulang par rapport à la taille très restreinte des villages.

Il y a 1000 ans de cela aucune autre ethnie n’habitait la région. Isolée entre deux barres montagneuses hautes de 3000 mètres, la vallée de Mengku resta longtemps le territoire exclusif des Pu, avant l'arrivée des Lahu, des Wa, puis bien plus tard des Dai et enfin des Han. Les Bulang, qui ont planté les jardins les plus anciens et fondé les premiers villages de la montagnes, quittent alors progressivement la région, et établissent de nouveaux villages ailleurs, laissant derrière eux les arbres de leurs ancêtres aux Lahu et aux Wa qui aujourd'hui occupent avec les Han l'essentiel des villages de Da Xue Shan.

Gong Nong est ainsi un des derniers villages Bulang de Da Xue Shan, et constitue une mémoire vivante de la culture originelle du thé dans la montagne. On trouve encore dans le village de Gong Nong quelques anciens qui savent encore préparer les différents thés traditionnels Bulang, torréfiés, infusés ou encore fermentés dans dans des sections de bambou fraîches.

Mais outre le thé et la tradition ethnique Bulang, Gong Nong possède aussi depuis longtemps une place importante dans la production de thé puerh. Les plus anciens de Gong Nong se rappellent notamment de l'existence à Gong Nong d'un véritable atelier de confection puerh, que l'on appelait « Lao Hao Jia » datant de l'ère des grands producteurs privés d'avant 1949 (Hao), fait rare à Lincang. Cet atelier, probablement en activité entre 1900 et 1920 appartenait à Mr. Ding, et produisait notamment des Jincha (puerh compressé artisanalement en forme de champignon) qui partaient sur la route du thé et des chevaux vers Da Li (Xiaguan) pour y être vendus.

jardin à thé de Gong NongChez un petit producteur de Gong NongCompression artisanale du thé puerh <span class='translation'>(Pu Er tea)</span> à Gong Nong comme au début du siècleChampignon de puerh <span class='translation'>(Pu Er tea)</span> tel qu'on en produisait à Gong Nong au début du siècle
  • 1.jardin à thé de Gong Nong
  • 2.Chez un petit producteur de Gong Nong
  • 3.Compression artisanale du thé puerh (Pu Er tea) à Gong Nong comme au début du siècle
  • 4.Champignon de puerh (Pu Er tea) tel qu'on en produisait à Gong Nong au début du siècle

Dans les années 30, ce fut au tour d'un homme influant, monsieur Huang de développer le thé de Gong Nong, exportant celui-ci sur la route du thé jusqu'à la Birmanie. A l'arrivée des communistes dans les années 50 Gong Nong est considéré comme un exemple concernant la production de thé et la variété locale de Gong Nong est sélectionnée pour sa qualité. S'en suivra une phase de rationalisation de plantation du thé de Gong Nong, et notamment de taille au tronc des vieux arbres, ainsi que la plantation entre 1957 et 2000 de près de 70 hectares de nouveaux jardins à thé.

Si on ne voit donc pas dans les jardins de Gong Nong des arbres monumentaux comme on peut en voir par exemple dans les jardins de Xiao Hu Sai ou Da Hu Sai, certains jardins écologiques produisent tout de même des thés de grande qualité, notamment ceux dont les racines sont anciennes. Pour illustrer cela je vous propose un thé provenant d'un très beau jardin de Gong Nong, travaillé directement au village par une famille Bulang.

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Sha He , Nan Mei, Da Xing, Da Xhe Shan au dela des frontères de Mengku

Da Xue Shan est pour beaucoup d'amateurs de thé inséparable de la région de Mengku. Or la montagne Da Xue ne s’arrête pas aux frontières de Mengku, et se poursuit aussi bien au nord, qu'au sud ou à l'ouest, respectivement dans les régions de Nanmei (Linxiang), Shahe (Shuangjiang) et Da Xing (Gengma), ou se trouvent de magnifiques jardins à thés encore aujourd'hui peu connus.

Sha He et le sud de Da Xue Shan

La cinquième crête est-ouest au sud du sommet de Da Xue Shan marque la frontière entre les régions de Mengku au nord et de Sha He au sud. Il s'agit cependant d'une frontière administrative purement arbitraire, qui n'est pas appuyée par la topographie de la montagne, Da Xue Shan continuant à glisser au sud avec la même succession de crêtes parallèles semblables à des vagues.

N'ayant pas la même renommée que Mengku, la région de Sha He possède cependant, notamment sur le flanc de Da Xue Shan, d'excellents terroirs, comparables à ceux de Mengku Da Xue Shan. Ne pouvant prétendre à l’appellation Mengku, les thés de la région de Shahe sont souvent simplement vendus sous l’appellation Shuangjiang, mais peuvent tout à fait rivaliser avec ceux de Mengku.

Vue de Shahe BangxieVue de Shahe BangxieFamille de producteurs de thé à Shahe BanxieThéiers à ShaheVillage de Shahe Bang Xie
  • 1.Vue de Shahe Bangxie
  • 3.Famille de producteurs de thé à Shahe Banxie
  • 4.Théiers à Shahe
  • 5.Village de Shahe Bang Xie

Les villages proches de la frontière de Menkgu, tels que le village Bulang de Bang Xie sont d'ailleurs considérés par les amateurs de thés comme appartenant par leur caractère au terroir de Mengku, et la cote des thés de tels villages n'a cessé d'augmenter ces dernières années, s’alignant progressivement sur les prix de Mengku.

C'est le cas par exemple de ce très bon maocha de Bang Xie, produit par Mr Feng, un petit producteur du village fortement impliqué dans la culture Bulang de la région.

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Nan Mei, le prolongement nord et sauvage de Da Xue Shan

Le nord de Da Xue Shan coule dans une petite vallée escarpée qui porte le nom de Nan Mei située dans la région administrative de Linxiang. Peu connue des amateurs de thé, cette minuscule vallée est isolée de Da Xue Shan par la crête de Nanpo, qu'il faut franchir par un petit col pour y pénétrer.

Étriquée et pratiquement exclusivement habitée par l'ethnie Lahu, la vallée de Nanmei est isolée de toute part par d'imposantes montagnes, et a ainsi été particulièrement bien préservée du développement. On trouve donc dans la partie de Da Xue Shan apparentée à Nan Mei de magnifiques jardins anciens et de très gros arbres à thés, aux abords de villages Lahu qui semblent venu d'un autre temps.

Paysage à NanmeiDans un petit village de NanmeiVieux arbres à NanmeiVieux arbres à NanmeiVieux arbres à Nanmei
  • 1.Paysage à Nanmei
  • 2.Dans un petit village de Nanmei
  • 3.Vieux arbres à Nanmei

Ici pas de maisons modernes, pas de serres en plastique pour le séchage des feuilles, à peine un vieux tracteur ici et là nous prouve-t-il que l'on n'a pas pénétré par je ne sais quel sort au milieu du siècle dernier.

Si les arbres sont très beaux et que la vallée de Nan Mei constitue un terroir de qualité exemplaire au potentiel évident, les Lahu qui habitent la montagne vivent par contre depuis toujours en quasi autarcie et possèdent une maîtrise très relative de la production du puerh (Pu Er tea) tel qu'on l'entend aujourd'hui. Travaillé très sommairement dans les familles, le thé y est consommé torréfié suivant la tradition Lahu, et bien que les arbres et le terroir soient de qualité il est encore aujourd'hui difficile de trouver des puerh (Pu Er tea) fins de qualité dans cette partie de Da Xue Shan.

Avec le phénomène actuel autour des thés de Bing Dao, la situation tend cependant à changer depuis quelques années, et on commence ici et là à acheter les feuilles fraîches de certains villages de Nan Mei pour les faire transformer par des gens venus de l'extérieur qui possèdent une meilleure technique, afin de produire des puerh (Pu Er tea) de qualité supérieure. Différents jardins ont d'ailleurs été ces dernières années loués par les mêmes producteurs qui louent les jardins de Bing Dao, probablement dans le but de vendre ces thés comme thés de Bing Dao.

Ces thés, de Nan Mei, ne sont en effet pratiquement jamais vendus comme venant de Nan Mei, de leur village d'origine ou de Da Xue Shan, appellations presque totalement inconnues, et sont généralement vendus de manière abusive comme thés de Bing Dao. Le véritable amateur ne se laissera cependant pas prendre, et bien que les thés de Nan Mei puissent, lorsqu'ils sont bien produits, s'avérer de très grande qualité, leur caractère gustatif diffère clairement des thés typiques de Bing Dao.

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A côté des thés d'arbres anciens, les habitants de Nan Mei Da Xue Shan continuent aussi à exploiter les arbres sauvages de la forêt à proximité, et produisent des thés typiques, recherchés par les amateurs de thés sauvages. Selon la variété de ces théiers on en récoltera les feuilles, riches en anthocyanine, pour produire un puerh (Pu Er tea) sauvage appelé dans la région hei cha (thé noir) et qui s'apparente a un puerh (Pu Er tea) sauvage de Mengku Da Xue Shan, ou on en cueillera les bourgeons, avec lesquels on pourra produire un thé blanc, sans théine, particulièrement fin et désaltérant, marqué par des touches typiques d'agrumes (ce dernier sera abordé plus loin dans la section concernant les théiers sauvages).

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Da Xing, La face cachée de Da Xue Shan

La crête de Da Xue Shan marque la frontière naturelle de la vallée de Mengku, mais plus généralement la frontière entres les régions de Shuangjiang, où se trouve Mengku, et de Gengma, à l'ouest de Shuangjiang.

Du côté est Mengku et Suhangiang se sont fortement développs depuis l'arrivée des Han il y a entre cent et deux cents ans de cela, mais s'est aussi particulièrement développée la production de thé dans la région. Les thés de Mengku étaient ainsi déjà réputés durant la dynastie Ming (1368 – 1644) et étaient envoyés le long de la route du thé et des chevaux, en particulier vers Da Li (Xiaguan) où le thé de Mengku était particulièrement prisé des producteurs de puerh. L'arrivée des communistes dans les années 50 contribua encore au fort développement du thé de Shuangjiang, et de nouveaux jardins à thés furent établis dans presque toute la région.

Situation de Da Xue ShanVieux théier à MengkuSur la route du thé et des chevaux de Mengku à Da LiVillage Dai à Da XingVieux théiers dans un jardin de Da Xing
  • 1.Situation de Da Xue Shan
  • 2.Vieux théier à Mengku
  • 3.Sur la route du thé et des chevaux de Mengku à Da Li
  • 4.Village Dai à Da Xing
  • 5.Vieux théiers dans un jardin de Da Xing

A côté de cela, presque personne n'a aujourd'hui entendu parler des thés de Da Xing (大興) et Man Hong (芒洪), situés dans la région de Gengma (耿马). Cette face ouest de Da Xue Shan, isolée de Mengku par une crête à près de 3000m reste largement méconnue. Beaucoup moins peuplée et développée que le côté Shuangjiang, cette face est encore aujourd'hui principalement couverte d'une dense forêt, où se trouve probablement une forte concentration de théiers sauvages, à peine parsemée ici et là, en particulier au nord, de quelques villages reculés, majoritairement Lahu.

Encore peu explorées par les amateurs de thé, ces zones reculées de Da Xue Shan sont riches en très beaux arbres anciens et en théiers sauvages. Cependant, si ces jardins ont bien un potentiel, et comprennent un certain nombre d'arbres de grande qualité, le manque de technique et de rigueur de ceux qui habitent la montagne quant à la transformation des feuilles en font généralement et pour l'instant des thés très bruts, qui manquent de finesse et de grâce pour devenir de véritables thés de dégustation.

On y trouvera par contre des thés typiques et tout à fait charmants, comme le maocha de théiers sauvages que nous allons déguster, récolté et travaillé à la maison par une famille Lahu du village de Da Lu Shan, à 2200m l'altitude au nord-ouest de Da Xue Shan. Si l'aspect de ces feuilles, typique d'un roulage sommaire tel que les ethnies le pratiquent au cœur de la montagne est tout à fait hors norme pour un puerh (Pu Er tea) de qualité tel qu'on l'entend aujourd'hui, il présente un charme certain, de véritables qualités gustatives et des arômes qui nous renvoient aux origines du thé puerh.

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Thés et arbres de Da Xue Shan

Différents arbres de natures et d'âge variés sont à l'origine de la diversité et de la typicité des thés de Da Xue Shan. Il y'a en premier lieux les théiers sauvages, qui poussent dans la foret de Da Xue Shan ou on étés bouturés à partir de ceux ci, et produisent un thé typique de la région. Viennent ensuite les Gu Shu Cha, ces théiers anciens mais domestiqués par l'homme et qui peuvent atteindre plusieurs centaines d'années. De loin les plus recherchés des amateurs, ce sont ces théiers anciens qui donnent à la montagne son raffinement et sa notoriété. On trouve ensuite des théiers plus jeunes, de quelques années à près de 100 ans, plantés durant différentes phases du développement du thé de Da Xue Shan. Plus abordables ces thés issus d'arbres relativement jeunes peuvent aussi produire de très bon thés lorsqu’ils sont le fruit d'un travail soigné et qu'ils proviennent de jardins de qualité. Enfin, mais nous ne l'aborderons pas dans cet article, on trouve aussi au pieds de Da Xue Shan, comme dans toutes les régions productrices du Yunnan, des cultures en terrasse de moindre qualité qui produisent un thé bon marché sans grand intérêt pour l'amateur de puerh.

Théiers sauvages, la spécialité de Da Xue Shan

Comme nous l'avons vu précédemment, Da Xue Shan et sa foret se sont fait remarquer à la fin des années 1990 pour les magnifiques spécimens de théiers sauvages qui y ont étés découverts. Cueillis par les ethnies de la montagne les feuilles de ces arbres millénaires ont probablement étés consommées, bues ou mangées, depuis la nuit des temps.

Thé sauvage aux feuilles noires

Lorsque l'on redécouvre les théiers sauvages à la fin des années 1990 et au début des années 2000, on prend conscience du potentiel gustatif de ces feuilles, et différents puerh (Pu Er tea) de théiers sauvages furent produits. Ces thés qui s’apparentent à des puerh (Pu Er tea) bruts et qui sont parfois aussi appelés dans la région hei cha (thé noirs), de par la couleur très sombre de leurs feuilles, qui les rapprochent des thés violets. Comme ces derniers les feuilles, noires lorsqu'elles sont sèches, redeviennent progressivement vertes avec les infusions.

Grand théier sauvage à Da Xue ShanGrand théier sauvage à Da Xue ShanGrand théier sauvage à Da Xue ShanGrand théier sauvage à Da Xue ShanJeune pousse sur un théier sauvage de Da Xue ShanJeune pousse sur un théier sauvage de Da Xue Shan
  • 1.Grand théier sauvage à Da Xue Shan
  • 5.Jeune pousse sur un théier sauvage de Da Xue Shan

Lorsqu'ils sont authentiques ces thés de théier sauvages possèdent un caractère tout à fait particulier: Dans leurs première année il présentent une fraîcheur marquée, avec des touches typiques qui renvoient à la chair ou au zeste d'agrumes, citron, pamplemousses. Ce sont des thés qui malgré un bonne base tannique apparaissent dans leur première jeunesse comme particulièrement doux. Très aromatiques ils développent généralement un bouquet lumineux, fruité et épicé où à nouveau les touches d'agrumes et de citron dominent.

Faut il retirer les bourgeons jaunes au tri des thés de théier sauvages ?

Les puerh (Pu Er tea) de théiers sauvage possèdent généralement lors de leur production une grande proportion de feuilles jaunes qui peut parfois atteindre 25%. Celles-ci sautent particulièrement au yeux par leur nombre mais aussi du fait de la couleur presque noire des feuilles de théier sauvages, qui accentue encore le jaune de ces feuilles.

Comme c'est le cas d'un puerh (Pu Er tea) ordinaire on retire à priori ces feuilles lors du tri afin d'obtenir un produit plus raffiné. Or si tout le monde s'accorde à retirer les grosses feuilles jaunes, les feuilles mal travaillées, aux formes ou à l'aspect peu élégant, un certain nombre de producteurs laissent par contre les petites feuilles ou bourgeons jaune qui viennent parsemer de manière élégante le maocha d'autant de petites touches éclatantes et lumineuses. Si les partisans des bourgeons jaunes avancent là un aspect typique et traditionnel des thés sauvages de Da Xue Shan d'autres producteurs ne sont pas de cet avis, voient dans ces petites touches de jaune un manque de raffinement, et retireront au tri toute feuille ou bourgeon à la coloration jaune pour obtenir un maocha parfaitement noir et uniforme.

Certains enfin prennent aussi la typicité de des bourgeons jaunes comme excuse pour se contentent d'un tri sommaire des feuilles. En résulte alors un thé peu raffiné ou se côtoie aussi bien des bourgeons jaunes que des grandes feuilles que l'on aurait préféré voir retirer.

La récolte des théiers sauvages poussant à l'état naturel dans la foret étant désormais contrôlée, il est aujourd'hui moins aisé de trouver de jeunes puerh (Pu Er tea) sauvages véritablement issus d'arbres anciens. Pour parer à cela différentes producteur de la région ont ces dernières années bouturés des puerh (Pu Er tea) sauvages dans la foret pour produire du thé sauvage dans leur propres jardins. Car le théier sauvage est avant tout une variété de théier, ou plutôt un ensemble de différentes variétés sauvages, et les thés issus de ces arbres partagent un caractère gustatif commun qu'ils soient jeunes, anciens, qu'ils aient poussés naturellement au cœur de la foret où qu'ils aient étés récemment plantés par l'homme. Si la variété est la même, et possède son caractère gustatif, on notera tout de même des différences en fonction de l'âge de l'arbre ou du mode de culture. Comme pour des puerh (Pu Er tea) conventionnels, les théiers sauvages anciens produisent en général plus de complexité et de profondeur ainsi qu'un meilleur potentiel à la maturation.

Jeune théier sauvage du jardin de Li Wen QuanJeune théier sauvage du jardin de Li Wen QuanJeune théier sauvage du jardin de Li Wen QuanJeune théier sauvage du jardin de Li Wen Quan
  • 1.Jeune théier sauvage du jardin de Li Wen Quan

Le thé que nous allons goûter est par exemple un assemblage entre des théiers sauvages anciens de la foret de Da Xue Shan, plus tanniques, et des théiers sauvages plus jeunes et doux, bouturés à partir des théiers anciens et provenant d'un jardin de Li Wen Quan, un petit producteur de Da Hu Sai dont nous avons déjà parlé.

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Le puerh (Pu Er tea) de théier sauvage de Da Xue Shan présente ainsi dans sa jeunesse un caractère gustatif typique, généralement doux et citronné. Mais il possède aussi un potentiel tout particulier à la maturation. Celle ci et tout d'abord plus rapide et marquée que celle d'un puerh (Pu Er tea) conventionnel. Elle développe aussi des caractères gustatifs singuliers qui avec le temps distinguent nettement ces thés d'arbres sauvages de puerh (Pu Er tea) issus d’arbres de plantation mêmes très anciens.

Avec les années ils peuvent présenter des touches empyreumatiques typiques, qui peuvent faire penser pour un palais non avertit à des touches fumées. Tout en perdant progressivement de leur fraîcheur citronnée de jeunesse, ils révèlent un caractère plus masculin, une structure tannique franche, saupoudrés selon les cas de touches plus fines, fruitées, boisées ou camphrées.

Goûtons pour illustrer cela le millésime 2006 du célèbre puerh (Pu Er tea) de théier sauvages de Da Xue Shan produit par Mengku Rong Shi, après seulement 8 ans de maturation naturelle sèche à Kunming dans le Yunnan.

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Comme cette dégustation le met en lumière le thé de théier sauvage possède une maturation spécifique, plus rapide mais aussi gustativement typée qui rendent les millésimes anciens de théiers sauvage particulièrement intéressants. Mais le fruit de cette maturation est aussi largement dépendants des conditions de celle ci, et rend les thés de théiers sauvage particulièrement sensible à l'environnement de leur maturation.

Pour illustrer cela je vous propose de goûter le millésime 2005 de la galette que nous venons de déguster, toujours stockée de manière naturelle mais cette fois ci dans un très bon stock de Taiwan. Ainsi baignée dans une atmosphère sensiblement plus humide que le thé précédent on notera une l'influence de ces conditions sur le caractère du thé.

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Il existe ainsi une multitude de nuances gustatives au sein des thés de théiers sauvages, notamment due au terroir d'origine de ces théiers mais aussi aux nombreuses variétés et mutations naturelles que l'on trouve dans le domaine des théiers sauvage, et comme nous venons de le voir aux conditions de maturation. De manière générale ce type de thés lorsqu'ils ont entre 5 et 10 ans ont tendance à développer une palette aromatique teinté d’arômes boisés de maturation, de fraîcheur camphrée, de soupçons empyreumatiques, et de sensations légèrement poudreuses au nez.

Avec quelques années de plus, les puerh (Pu Er tea) de théiers sauvages ont ensuite tendance à s'accentuer dans le boisé, avec toute une une richesse qui nous renvois à des arômes de thés très âgés. Goûtons pour cela un grand thé de théier sauvage, la galette « Da Zhong » produite par CNNP en 2000. Dans le respect de l'approche communiste, l'origine des feuilles est inconnue, et ces dernières peuvent aussi bien provenir de Da Xue Shan, où les théiers sauvages venaient d'être découvert, ou d'autres forêts du Yunnan.

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Bourgeons blancs sauvages

Peu connu, le domaine des thés sauvages est en réalité complexe, et on trouve dans les hauteurs de Da Xue Shan différentes espèces de théiers sauvages, qui possèdent des propriétés aromatiques bien différentes, et avec lesquels différents thés sont confectionnés.

A coté des thés sauvages de feuilles que nous venons de voir une toute autre variété de théiers sauvage pousse dans certaines régions de Da Xue Shan, et est recherchée pour ses bourgeons. De loin ces gros théiers qui ne bourgeonnent qu'une fois par an avant le printemps s'apparentent à des théiers ordinaires, mais les locaux savent les différencier. Les feuilles de ces théiers n'ont que peu d’intérêt, et ne produisent pas un thé de grande qualité. Leur bourgeons par contre, à la forme typique, produit un thé incroyablement frais, désaltérant et citronné.

Bourgeon de théier savage dans la forêt de Da Xue ShanBourgeon de théier savage dans la forêt de Da Xue ShanBourgeon sauvage secBourgeon sauvage secBourgeon de théires sauvage dans une galette de puerh
  • 1.Bourgeon de théier savage dans la forêt de Da Xue Shan
  • 3.Bourgeon sauvage sec
  • 5.Bourgeon de théires sauvage dans une galette de puerh

Plus simple à cueillir dans la forêt que les feuilles de thé, ces bourgeons sauvages sont ensuite mis à sécher puis infusé comme un thé blanc. Souvent mal séchés, ils prennent alors une teinte légèrement jaune, avec parfois des touches de violets ici et là. Ces bourgeons perdent alors de leur souplesse et de leur arômes, et leur infusion s'avère souvent décevante. On trouve souvent ce type de bourgeons bon marché en vrac. Parfois ils se retrouvent aussi compressés en galette, pour leur coté typique, ou mélangé avec de véritables feuilles sauvages (venant d'autres arbres) pour leurs arômes spécifiques ou pour produire un thé de théier sauvage meilleur marché.

Mais ces mêmes bourgeons lorsqu'ils proviennent de beaux arbres et sont séchés avec soin produisent un thé blanc méconnu et de grande qualité, qui possèdent au palais une grande pureté, une délicatesse, une finesse et une fraîcheur citronnée caractéristique !

Séchage des bourgeons blancs sauvagesSéchage des bourgeons blancs sauvagesBourgeons blancs sauvagesBourgeons blancs sauvages
  • 1.Séchage des bourgeons blancs sauvages
  • 3.Bourgeons blancs sauvages

C'est le cas par exemple de cet excellent thé blanc de bourgeons sauvages, rare, provenant des hauteur de la vallée de Nan Mei. Cueillis jour après jour par les Lahu sur de très gros arbres sauvages anciens qui poussent en altitude au cœur de la montagne, ces bourgeons sont tous les soirs transportés frais jusqu'au village de Nan Hua, où ils ont ont été finement séchés puis triés avec grand soin, produisant un thé de théier sauvage particulièrement subtil et raffiné.

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Vieux théiers, le rafinement venu du passé

Comme nous l'avons vu ce sont les Bulang et leurs ancêtres les Pu qui ont probablement habités les premiers la montagne, et y ont plantés les premiers arbres à thés il y'a plusieurs centaines d'années. Il y'a au moins 300 ans de cela les Lahu s'installèrent à leur tour sur les flancs de Da Xue Shan. Ils fondent notamment les célèbres villages de Xiao Hu Sai et Da Hu Sai et plantent les plus anciens arbres à thé domestiqués encore sur pieds aujourd'hui à Da Xue Shan.

Ces arbres anciens ont très probablement étés obtenu par bouturage et sélection à partir d'arbres issus de la foret de Da Xue Shan. Leur variété, le long travail travail de sélection qui les a forgé, leur taille et leur âge respectable donne à ces théiers anciens des arômes d'une complexité et d'une finesse toute particulière aujourd'hui très recherchés.

Vieux théier à Xiao Hu SaiVieux théier à Xiao Hu SaiVieux théier à Xiao Hu SaiVieux théier à Xiao Hu SaiVieux théier à Xiao Hu Sai
  • 1.Vieux théier à Xiao Hu Sai

A ceux-ci viennent se rajouter les arbre issus du jardin Dai de Bing Dao, dont les origines viendrait du Xishuangbanna et qui se diffusèrent ensuite sur les pans de Da Xue Shan.

Pendant longtemps les feuilles de ces différents arbres étaient mélangées à celles des arbres plus jeunes des mêmes jardins ou des mêmes village, contribuant à la richesse et à la diversité aromatiques de ces thés. Avec la « découverte » des Gu Shu Cha au début des années 2000, et l'engouement actuel pur les thés d'arbres anciens, beaucoup de producteurs séparent aujourd'hui les feuilles d'arbres très anciens des autres, et on voit apparaître des thés provenant exclusivement de vieux arbres. Ces thés, particulièrement chers, développent lorsqu’ils sont bon des caractères particulièrement fin et profonds, et une typicité qui les distingue des assemblages ou des théiers plus jeunes.

Pour illustrer cela je vous propose de déguster un superbe maocha de vieux théiers de Xiao Hu Sai, d'une finesse et d'une profondeur exemplaire.

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Bien qu'ils présentent des caractères différents d'un village à l'autre, les théiers anciens de Da Xue Shan partagent généralement une certaine douceur et un caractère particulièrement fin et subtil. Leur liqueur est souvent caractérisée par une grande pâlesse, à la limite parfois du transparent, un parfum riche, complexe et très aiguisé, et des arômes doux, très subtils et longs en bouche.

Une variété de jardins d'âges divers qui reflètent différents phases de développement du thé à Da Xue Shan

Comme c'est souvent le cas, les thés de Da Xue Shan sont vendus par les paysans sous différentes appellations floues et relatives tel que Gu Shu (arbres anciens), Da Shu (gros arbres), Zhong Shu (arbres moyens), Xiao Shu (petits arbres), ces différents termes signifiant souvent tout autre chose selon les villages où les paysans. On avance aussi parfois dans certains villages des âges pour les arbres de tel ou tel jardins, bien que ce soit généralement assez fantaisiste et sans fondement, les paysans n'ayant souvent aucun moyen d'évaluer l'âge de leurs arbres.

Une certaine connaissance de l'histoire de la région, permet cependant dans certains cas d'évaluer l'âge de certains jardins, et de peser les diversité de ceux ci. Outre les arbres sauvages encore présent dans la foret primaire de Da Xue Shan, et qui peuvent dépasser les 1000 ans, on trouve parmi les plus ancien jardins à thé de Da Xue Shan des arbres probablement plantés par les Bulang, puis plus tard par les Lahu et les Wa et qui peuvent parfois dépasser 300 ans. Les jardins les plus anciens autour par exemple des villages de Xiao Hu Sai et de Da Hu Sai, comprennent de nombreux arbres âgés de 100 à 300 ans.

La surface de ces jardins originaux reste cependant très limitée, et la majorité des « Gu Shu » (vieux arbres) ou « Da Shu » (gros arbres) de la montagne sont plus jeunes et coïncident avec l'arrivée des Han dans la région, il y'a entre 100 et 150 ans de cela. Da Xue Shan, initialement peuplés par les ethnies Bulang, Lahu, Wa et Dai, à qui on doit les premiers jardins à thé, vit en effet l'arrivée des premiers Han à la fin de la dynastique Qing. Notamment poussés vers le sud à la suite des conflits et soulèvement dans la région de Dali, les han arrivèrent à Da Xue Shan sans possédant de terrains, et vivent dans un premier temps du commerce, construisent des maisons, produisent alcool, soja et autres denrées alors inconnues des minorités de la montagne. Mais rapidement les Han de Da Xue Shan négocient des parcelles de foret avec les autochtones, développent l'agriculture et plantent leurs propres jardins à thé.

Avec dans les années 1900 la prise progressive du contrôle du Yunnan par les Han et l'instauration d'un nouveau système politique leur donnant le pouvoir dans des zones initialement contrôlées par les chefs ethniques, le nombre de jardin à thé s'étend rapidement, et le marché du thé se développe. La notoriété des thés de Mengku quitte alors la vallée . Transportés via la route du thé et des chevaux, le thé est notamment transporté jusqu'à Da Li (Xiaguan) où il sera assemblé et compressé avant de partir vers des contrées plus lointaines comme le Tibet. Bon nombre de jardins anciens datent ainsi de cette période, et reflètent le début de l’essor des thés de Mengku, que ce soit dans les villages Han nouvellement construits, ou dans les villages Lahu plus anciens dont les jardins ne cessent de s'étendre.

La troisième phase du développement du thé à Da Xue Shan commence dans date des années 50. Avec l'arrivée des communistes au pouvoir les modèles en place sont balayés, comme dans l'ensemble du Yunnan les anciens ateliers privés ferment leurs portes, et le domaine du thé subit une complète réorganisation. Les thés de Gong Nong par exemples étaient avant 1950 vendus jusqu'en Birmanie, charriés par une caravane de plus de 50 chevaux, possédée par un homme nommé Mr. Huang. A l'arrivée des communistes, Mr. Huang comme de nombreux propriétaires s’enfuit en Birmanie avec sa femme, ses enfant et une vingtaine de chevaux.

Vieux théier à Xiao Hu SaiArbres moins anciens à Xiao Hu SaiArbres moins anciens à Xiao Hu SaiArbres moins anciens à Xiao Hu SaiArbre ancien au milieu d'un jardin plus récent
  • 2.Arbres moins anciens à Xiao Hu Sai
  • 5.Arbre ancien au milieu d'un jardin plus récent

En place des anciens commerces privés de thé, les communistes établissent à Shuangjians un point d'achat de thé géré par l'état. Quatre ans plus tard, est crée à Gong Nong un centre d'achat et de transformation des feuilles, puis le village de Gong Nong est décrété lieux de démonstration de nouvelles méthodes de culture, et donné en exemple pour le développement de tout Menkgu. Un peu partout on coupe les arbres anciens au tronc, pour faciliter les récoltes, et on plante de nouveaux jardins modernes.

C'est le cas d'autres grands villages de Da Xue Shan comme comme Da Hu Sai ou Xiao Hu Sai. En 1954 un groupe de la branche Yunnan de CNNP se rend ainsi à Da Hu Sai pour établir la nouvelle organisation et le développement des cultures de thés du village. Quelques années plus tard un atelier communiste de transformation des feuilles est crée dans le village et des technicien de Fengqing sont envoyés pour enseigner la confection du thé noir (alors bien plus important dans la région que le thé puerh).

Le village de Xiao Hu Sai représente particulièrement, bien ces trois grandes phases de développement. A coté des jardins originaux plantés par les minorités, et des jardins datant de l'arrivée des han, se trouve un grand jardin planté en 1958 par les communistes. Particulièrement vaste ce jardin situé entre le hameau de Liang Ze Zhai et la rivière Cha Shan He et s'étend de la foret de Da Xue Shan au pied de la montagne. Les arbres qui composent ce jardin sont organisés à la manière des jardins des années 50. Ici et là on y trouve quelques arbres plus anciens, datant de la dynastie Ming Guo, qui affiche une coupé au tronc typique sur lequel de nouvelle pousse se sont développées.

Voici pour illustrer cela un maocha de ce jardin, travaillé par une famille du village Han de Xiao Hu Sai.

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Origine et production du thé, des situations diverses et changeantes

De la feuille fraîche au maocha, des situation diverses selon les villages et les périodes

Depuis de longues années les paysans de la région de Mengku ont l'habitude de venre leurs feuilles fraîches, tout juste cueillies. Ceci est probablement à attribuer à la présence de l'usine de Shuangjiang Mengku Cha Chang, producteur influent et historique de Mengku. Il s'agit initialement d'une usine d'Etat, fondée en 1974, puis rachetée en 1999 par Rong Shi alors qu'elle était en faillite. Cette usine, la plus importante de la région achète ainsi de puis longtemps aux paysans non pas du maocha transformé mais des feuilles fraîches tout juste cueillies, venant de la quasi totalité des villages de Mengku.

Séchage des différentes jardins à l'usine Rong ShiSéchage des différentes jardins à l'usine Rong ShiWok pour le travail manuel des feuilles à Mengku Rong ShiPressage des galettes à Mengku Rong Shi
  • 1.Séchage des différentes jardins à l'usine Rong Shi
  • 3.Wok pour le travail manuel des feuilles à Mengku Rong Shi
  • 4.Pressage des galettes à Mengku Rong Shi

De nombreux paysans n'ont ainsi jamais véritablement travaillés les feuilles, ou uniquement pour produire un thé de table pour leur propre consommation, et ce sont toujours contenté de vendre leur feuilles fraîches pour qu'elles soient travaillées à l'usine. Beaucoup de familles continuent d'ailleurs à vendre quotidiennement leur feuilles fraîchement récoltées à Rong Shi, qui entreront ensuite dans différents assemblages de la marque selon leur caractère et leur qualité.

Avec la hausse de la notoriété et des prix des thés de certains villages, une multitude de petits ateliers privés ont aussi vu le jour à Mengku ces dernières années et viennent, sur le modèle de Mengku Rong Shi acheter des feuilles fraîches des différents villages de Mengku pour les travailler le soir en ville. Il s'agit souvent de jeunes producteurs, anciens travailleurs de Rong Shi ou issus d'autres usines de la région qui se sont mis à leur compte et offrent leur service de sourcing, de transformation des feuilles, voir de pressage de galettes. C'est par exemple le cas de Li Cai.

Originaire du village de Banuo, sur la face Est de Mengku, Li Cai commence par travailler dans une usine de thé de la région où elle apprendra la technique mais aussi la rigueur. Après quelques années elle quittera son travail pour se mettre à son compte et faire profiter de sa connaissance des terroirs de Mengku, dont elle est originaire, et de ses compétence à produire un maocha de qualité.

 Li Cai et son jeune fils Li Cai dans les jardins à thé Li Cai dans les jardins à thé Li Cai dans les jardins à théMaocha de printemps produits par Li Cai
  • 1. Li Cai et son jeune fils
  • 2. Li Cai dans les jardins à thé
  • 5.Maocha de printemps produits par Li Cai

Presque quotidiennement Li Cai parcours avec son pickup les pistes rocailleuses de Da Xue Shan et de Mengku à la recherche des meilleures feuilles de thé. Pour cela Li Cai n'attend pas que les paysans rentrent au village avec leur récolte, mais elle sillonne les jardins à thé pour y acheter sur place les feuilles à peines cueillies ou en cours de cueillette. Parfois, lorsque le panier n'est pas assez plein, elle n'hésite pas à aider les cueilleuses et à cueillir les feuilles pour gagner un peu de temps et passer à un autre jardin.

Mais il ne s'agit pas pour autant d'acheter n'importe quoi, et Li Cai est particulièrement exigeante sur la qualité des feuilles fraîches qu'elle achète. En achetant les feuilles en cours de récolte on évite non seulement que quelqu'un d'autre ne s'en empare, mais on s'assure aussi de leur origine et de leur qualité.

Une fois la tournée des jardins terminés Li Cai reprend la route jusqu'à l'orée de la ville Mengku où elle a établit son atelier. C'est là qu'elle transforme les feuilles achetées dans la journée en Maocha. A nouveau c'est avant tout la qualité du travail qui prévaut et Li Cai sait bien qu'il est inutile d'acquérir à prix fort les feuilles les plus prestigieuses de Da Xue Shan si leur transformation n'est pas à la hauteur. Depuis peu Li Cai a élargit ses activités et monté un petit atelier pour presser directement et sur demande les maocha qu'elle produits. Bien que ces thés prennent la forme de galette, il s'agit de produit brut, d'origine et de récolte unique, et non d'assemblages plus élaborés tel que en proposent Mengku Rong Shi ou d'autres producteurs de plus grande envergure.

Mais le maocha n'est pas systématiquement produit en ville ou dans la vallée et différents maocha de Da Xue Shan sont aussi produits dans les village d'altitude. On notera tout d'abord la présence d'ateliers privés, implantés dans certains villages et gérés par des villageois. Ceux ci, généralement Han, rachètent les feuilles fraîches de différentes familles du village, pour les transformer en macocha et les vendre sous cette forme, au village ou en ville.

A Da Hu Sai par exemple la famille de Li Wen Quan dont nous avons parlé précédemment rachète depuis des années, et bien avant que les prix des thés de Mengku s’envolent, les feuilles d'une poignée de familles du village et produit quotidiennement trois types de maocha, selon la nature et la taille des arbres.

Feuilles fraîches chez Li Wen QuanTransformation des feuilles chez Li Wen QuanTransformation des feuilles chez Li Wen QuanTransformation des feuilles chez Li Wen QuanLi Wen Quan dans son atelier
  • 1.Feuilles fraîches chez Li Wen Quan
  • 2.Transformation des feuilles chez Li Wen Quan
  • 5.Li Wen Quan dans son atelier

Chaque jour en fin d'après midi les villageois arrivent chez Li Wen Quan avec leur paniers de feuilles fraîches cueillies dans la journée. Après un temps de repos des feuilles il faudra leur faire perdre une partie de l'eau qu'elles contiennent et inhiber les enzymes qui provoqueraient une oxydation non voulue. Puis les feuilles sont roulées avant de les laisser sécher sur des nattes de bambou tressé. Au printemps cette transformation des feuilles occupe la famille de Li Wen Quan jusque tard dans la nuit, et il est courant que la journée ne se finisse qu'après quatre heures du matin, et ce malgré le recours à des outils mécanisés.

Ces ateliers historiquement plus anciens, comme celui de Li Wen Quan, se basent souvent sur des critères de qualité issus d'un temps où le thé de Mengku était bon marché, et si ils proposent parfois des thés de qualité, ils ne possèdent souvent une technique aussi fine que de nouveaux à la ville de Mengku. Originaires du village, ils possèdent par contre de meilleures relations de confiance avec les villageois, souvent une meilleure expertise des des terroirs et des jardins et peuvent parfois avoir accès à de meilleures feuilles.

La hausse des prix et de la notoriété de certains villages incite aussi de plus en plus de paysans a travailler eux mêmes leurs feuilles et produire leur propre maocha. C'est le cas notamment de Bing Dao où le prix faramineux du thé (aujourd'hui en 2014 près de 2000 euros le kg de maocha brut) a depuis longtemps encouragé les paysans a mettre au travail des feuilles à la ferme et à produire eux même leur thés. Ainsi à chaque printemps ce sont des cortèges de voitures, venues de tout le Yunnan, mais aussi du nord e la chine et de l'étranger qui se pressent à Bing Dao pour racheter et repartent avec ces maocha prêt à être bu ou à être compressé.

On a ainsi vu apparaître ces dernières années autour de Bing Dao une multitude de petits ateliers personnels, d'un modernisme étonnant pour la région et qui font plus penser à ce que l'on croise à Taiwan qu'à ce qu'on a l'habitude de voir dans les villages du Yunnan. Si les matériaux employés sont très contemporains, le travail est cependant généralement effectué à la main, les amateurs de thés haut de gamme tel que ceux de Bing Dao préférant un produit entièrement artisanal.

Transformation mécanique des feuilles au village de Bing DaoTransformation mécanique des feuilles au village de Bing DaoTransformation manuelles des feuilles au village de Bing DaoTransformation manuelles des feuilles au village de Bing DaoTransformation manuelles des feuilles au village de Bing Dao
  • 1.Transformation mécanique des feuilles au village de Bing Dao
  • 3.Transformation manuelles des feuilles au village de Bing Dao

Suivant l'exemple de Bing Dao, d'autres villages réputés de Da Xue Shan se sont aussi mis très récemment à la production de maocha à la maison. C'est par exemple le cas des villages Lahu de Xiao Hu Sai où de nombreuses familles se sont ces deux dernières années équipés et commencent à produire leur propres maocha, généralement en parallèle avec la vente des feuilles fraîches. N'ayant pas d'expérience dans le travail des feuilles, ces familles on le plus souvent opté pour un travail mécanique, plus facile à maîtriser. Profitant de la hausse des prix de leurs villages, elles ont parfois investit sur des machines derniers cris et très haut de gamme, que l'on ne voir que rarement dans le Yunnan, afin de produire des thés à la hauteur de la réputation de leur terroir, avec parfois des résultats largement à la hauteur de leur investissement.

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Du maocha à la galette, des thés de nature différentes

Depuis des temps très anciens les minorités de Da Xue Shan transforment dans les villages les feuilles de thé pour en faire du maocha et consomment directement ces thés, des thé sommairement travaillés, souvent involontairement fumé par l’atmosphère de la ferme, et que l'on torréfie avant de le boire. Les thés plus fin ont pour leur part toujours étés finalisés hors des villages par des producteurs expérimentés.

Déjà il y'a 100 ans de cela différents producteurs de la région et d'ailleurs se rendaient à Mengku pour en acheter les plus belles feuilles, qui finissaient assemblées avec d'autres thés dans leurs galettes, briques et tuos. On venait notamment depuis Xiaguan pour acheter les feuilles de Da Xue Shan, et plus particulièrement les thés de Da Hu Sai, aux feuilles sombres et luisantes que l'on appelle dans la région « grandes feuilles noires » et qui étaient déjà particulièrement recherchées.

Transformation sommaire des feuilles dans une ferme de montagneFeuilles séchant au soleil dans un village recullé de Da Xue ShanSur la route du thé de Da Xue Shan à XiaguanSur la route du thé de Da Xue Shan à Xiaguan
  • 1.Transformation sommaire des feuilles dans une ferme de montagne
  • 2.Feuilles séchant au soleil dans un village recullé de Da Xue Shan
  • 3.Sur la route du thé de Da Xue Shan à Xiaguan

Les thés de Da Xue Shan partaient ainsi en vrac, le long de la route du thé et des chevaux, vers Da Li (Xiaguan) et d'autres régions du Yunnan où ils étaient assemblés, compressés, avant de partir vers des contrées lointaines comme le Tibet ou encore la Chine du Nord en fonction de leur qualité.

Avec l'arrivée des communistes en 1949 le marché du thé se retrouve nationalisé et rationalisé. On voit à Mengku le thé comme un potentiel et le marché du thé y est grandement développé. Tandis ce que de nouveaux jardins à thés sont plantés, l'atelier de Shuangjiang est crée pour travailler les feuilles fraîches de la région et produire de thé sous le label d'état CNNP. Fidèle à la tradition communiste des feuilles de différents jardins, grades et villages étaient assemblés au sein de galette de thés puerh (Pu Er tea) dont une part vennait notamment de Da Xue Shan.

Pour illustrer cela je vous propose de déguster une des toutes dernières galettes sorties de Shuangjiang Mengku Cha Chang sous le label CNNP en 2001, peut de temps après le rachat de Shuangjiang Cha Chang par Rong Shi.

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En 1996-1997 le secteur du thé, publique depuis plus de 40 ans, s'ouvre soudain, et une multitude de nouveaux producteurs privés voient le jours. Alors en faillite, l'usine d'état de Shuangjiang Cha Chang est rachetée par Rong Shi, pour devenir Shuangjiang Mengku Rong Shi. Bien que devenu privé, Rong Shi conserve l'approche générale de l'usine, et notamment le travail quotidien et à la main des feuilles fraîches de l'ensemble de la vallée de Mengku, mais aussi la culture industrielle de l'assemblage. Les galettes de Mengku Rong Shi ne viennent ainsi pas d'un jardin ou d'un village donné, comme on le voit de plus en plus souvent sur le marché, mais sont le fruit d'assemblages précis de différents thés de Mengku.

Après quelques années de transition, Rong Shi crée ses propres assemblages de Mengku, notamment en 2005 où apparaît différentes grandes galettes du producteur, devenu depuis des classiques comme la Ye Sheng Cha (sauvage) mais surtout la Mu Shu Cha. Connue pour être principalement basée sur un assemblage de Da Xue Shan, ce thé dont nous avons déjà parlé renvois aux premiers théiers de la région. C'est à cette galette que l'on attribue la notoriété de Da Xue Shan et plus particulièrement de Bing Dao à partir de 2006. Les millésimes 2005 et 2006 sont ainsi depuis particulièrement recherchés des amateurs, et lorsqu'ils sont authentiques et issus de stockage de qualité sont de très grands thés de Mengku.

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Suite au succès de la Mu Shu Cha, et surtout à la flambée des prix de Bing Dao qui suivit, Mengku Rong Shi, comme de nombreux grand producteur a cessé de donner des indications géographique sur l'origine des thés qui composent ses assemblages. Parmi les productions haut de gamme récentes, certains thés comme la « 100 % » sortie en 2013 présentent cependant des caractères rappelant grandement les thés fins de Da Xue Shan, tel que ceux produits par exemple à Xiao Hu Sai.

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Bien que certains thés de Rong Shi comme cette 100 % peuvent rappeler les terroirs de Da Xue Shan, ils n'en restent pas moins des assemblages, et leurs feuilles proviennent de différents jardins, villages et/ou récoltes, choisis pour leurs caractères propres.

Avec la notoriété croissante de certains villages, comme Bing Dao ou Xiao Hu Sai, apparaît une demande de plus en plus forte pour des thés d'origines précises, qui reflètent aux yeux du consommateur la qualité et la notoriété de ces villages. Ce type de thé d'origine et de récolte unique a particulièrement été mis en avant par une nouvelle génération de producteurs, apparus depuis la fin des années 90. Ne possédant ni la culture de l'assemblage de l'ère communiste, ni les contraintes de stabilité de grosses productions, ces nouveaux producteurs se contentent généralement de sélectionner des maocha de telle ou telle famille ou village, de les trier, et de les presser en galette.

Si mélange des feuilles il y'a, il n'a alors pour seul but que d'uniformiser la production (que toutes les galettes aient le même goût), et non comme dans un véritable assemblage de sculpter le caractère gustatif du thé. En ressort deux cultures bien distincte, l'une plus ancienne et héritée du modèle communiste, voir des producteurs privés qui ont précédés, et qui consiste à assembler différents matériaux bruts afin de créer l'équilibre. L'autre approche, plus récente, privilégie un matériau moins travaillé qui mettra l'accent sur la typicité d'un terroir ou d'un jardin donné, quitte à perdre en équilibre.

Dans les deux cas, qui reflètent des approches divergentes, on trouve de véritables producteurs de puerh (Pu Er tea) qui possèdent leurs propre atelier ou usine, et assurent eux même les différentes étapes de la production, du raffinement et de la compression du thé puerh, et cela à partir de maocha brut, ou plus rarement de feuilles fraîches.

A coté de ces producteurs on voit depuis quelques années apparaître une nouvelle tendance aux conséquences fâcheuses, qui consiste pour les vendeurs de thé puerh (Pu Er tea) à se rendre directement dans les villages producteurs pour acheter du maocha et faire presser leur propres galettes.

Initialement ces boutiques et salon de thé, qu'elles soit situés à Kunming, Canton, en Chine où à l'étranger, s’approvisionnaient auprès des producteurs en place dans le Yunnan, que ce soit de gros producteurs renommés ou de petits producteurs locaux, soit directement auprès de ces ateliers soit en passant par le réseau de distribution en gros (grossistes, marché au thé, etc). Attirés par plus de profit, et moins de traçabilité, un nombre croissant de boutique se rendent désormais directement dans les villages pour sourcer un maocha brut auprès des paysans, qu'ils feront ensuite presser et emballer à leur nom dans une usine quelconque.

L'enjeu pour le vendeur est limpide : en court-circuitant le marché du thé en place, en se passant d'un certain nombre d'intermédiaire mais aussi d'étapes de production (différents tri mécaniques et manuel des feuilles, uniformisation de la production, éventuel assemblage, contrôle qualité, analyses, etc) le vendeur espère obtenir un meilleur prix d'achat et d’accroître ses bénéfices. Mais cela n'est malheureusement pas sans conséquence autant pour les différents acteurs du thé puerh (Pu Er tea) que pour le consommateur et a provoqué en quelques années seulement une forte hausse des prix des terroirs reconnus, accompagné d'une baisse globale de la qualité des thés du marché.

Pour les producteurs en place dans le Yunnan tout d'abord c'est naturellement un coup dur, qui menace la distribution de leurs thés auprès du public et par la même leur existence. C'est d'autant plus le cas pour de petits producteurs qui ont fortement investits en moyen humain et matériel (ateliers, usines, licences, équipement) et sont touché de front par cette concurrence déloyale, venant parfois de leurs propres clients.

Le consommateur ensuite déplorera en premier lieux une baisse de qualité globale des thés proposés. Car si les thés de producteurs résultent d'un véritable savoir faire, de choix assumés, d'une connaissance à la fois des terroirs et de la technique, le tout appuyés par une présence locale et une véritable unité de productions, les thés de vendeurs reflètent bien souvent une piètre connaissance des terroirs et de la production, l’absence de présence locale ou de véritable suivit et se résument souvent à faire presser un matériau brut tout juste sorti du sac du paysans.

Pas moins préoccupant cette ruée de vendeurs vers les village à la mode tel que Bing Dao ou Xiao Hu Sai, où ce sont désormais des cortèges ininterrompus de voitures qui viennent chaque jour remplir le village, a provoqué en deux ans seulement une explosion des prix des terroirs alentours, et beaucoup y voient une des causes principales de la nouvelle flambée des prix du thé puerh (Pu Er tea) depuis 2013.

Les anciens producteurs de Mengku ou les acteurs du marché du thé de la région ne visaient en effet pas le profit immédiat mais avant tout la stabilité du secteur dans lequel ils évoluaient. Travaillant directement entre les paysans et les acheteurs extérieurs ils étaient les garants d'une certains stabilité des prix du matériau brut. Avec par contre l'arrivée en masse dans les villages d'une nuée de commerçant venu de toute la chine et d'ailleurs, généralement à la recherche de relativement petites quantité de thé pour lesquelles ils sont prêt à payer le prix fort, le prix du matériau brut a littéralement explosé jusqu'à doubler dans de nombreux villages.

L'amateur pourra bien sur espérer que la prochaine et inéluctable chute du marché remette un peu d'ordre dans le secteur fragile et instable du thé puerh, comme cela fut le cas en 2008.

Photos et textes Copyright Olivier Schneider – www.puerh.fr 2014

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