Kucong Shanzhai (苦聪山寨), aussi connu à travers la marque Hou You Tea (厚有茶), c'est avant tout l'histoire de son fondateur et directeur Luo Hou You (罗厚有).
Jeune producteur de la région de Pu'Er, Mr. Luo Hou You vient du cœur de la montagne Wuliang, dans une zone particulièrement reculée de Zhenyuan dans la région Pu'Er. Si sa grand mère aurait appartenu aux Kucong, un des groupes ethniques les plus isolé de Chine, son grand père est Han et il reçu une éducation Han. Mr. Luo Hou You vécu cependant son enfance dans un village très mélangé entre Han et Kucong. Ses parents, agriculteurs, faisaient entre autre du thé, qu'ils récoltaient dans la montagne et travaillaient à la maison. Face au prix d'achat dérisoire du thé de la région, et aux faibles revenus que permet la culture du thé dans cette région, ils ont depuis coupés les arbres pour cultiver d'autres denrées plus rentables.
Mr. Luo Hou You partira quand à lui étudier en ville et obtiendra un diplôme d'ingénieur. Mais ce qui le passionne et lui tient vraiment à cœur, c'est le thé, et il commencera à parcourir la montagne dont il est originaire, Wuliang Shan, à la recherche des théiers anciens et à la rencontre de ceux qui en cueillent les feuilles.
- 1.Mr. Luo Hou You
- 2.Mr. Luo Hou You dans une ferme de Wuliang Shan
- 3.Récoltante de thé à Ailao Shan
- 4.Mr. Luo Hou You à Wuliang Shan
Avec le regain d'intérêt pour le puerh (Pu Er tea) des années 2003-2006 Mr. Luo Hou You commence à rêver de vivre du thé. D'un simple hobby il approfondit de plus en plus ses recherches, parcours dans tous les sens possible les deux montagnes de sa région, Wuliang Shan et Ailao Shan, visite chaque village et apprend à travailler les feuilles auprès des petits producteurs.
Or ces montagnes font partie des zones les plus reculées et pauvres du Yunnan et s'y déplacer n'est pas aisé. Il faut souvent plusieurs heures de pistes difficiles pour atteindre un unique village, où se trouve parfois qu'une petite poignée d'arbres. Mais Mr. Luo Hou You est d'une motivation inébranlable, en particulier pour retrouver les gigantesques arbres anciens, rares, qui se cachent ici et là dans les profondeurs de ces montagnes et qu'il passera trois années à recenser.
Et ces montagnes recèlent bien des trésors de thés, comme cet excellent maocha, venant d'arbres anciens de Jio Jia, un petit village de Ailao Shan.
C'est ainsi que Mr. Luo Hou You fait ses premières expériences dans le thé. Dans les premières années il manque encore d'expérience, et outre le thé de ces gigantesques arbres centenaires, il achètera un peu au petit bonheur la chance ce qui lui semble bon, pour reconnaître quelques années plus tard qu'il y'avait dedans du bon comme du moins bon, dont il lui reste d'ailleurs encore des stock qu'il n'a jamais vendu. Il gardera cependant toujours une grande confiance en lui et dans son projet de vivre du thé.
Ne possédant alors pas d'atelier il travaille souvent à la maison les feuilles fraîches qu'il achète au petits paysans. Il nous montrera d'ailleurs comment simplement travailler dans sa cuisine les feuilles de thés achetés quelques heures auparavant dans la montagne.
- 1.Village isolé à Wuliang Shan
- 2.Vieil arbre à thé à Wuliang Shan
- 3.Récolte des feuilles dans un village de Wuliang Shan
- 4.Achat de feuilles fraiches chez un petit producteur de Wuliang Shan
- 5.Mr. Luo Hou You travaillant des feuilles de thé fraichement achetés dans sa cuisine
Petit à petit son projet prend forme, de bouche à oreille on s'intéresse au thé qu'il est capable de dénicher au fin fond des montagnes Wuliang et Ailao, notamment le thé venant des arbres anciens qu'il a « découvert » et collectionné pendant ces années, et il commence ainsi à sourcer sur commande du maocha d'arbres anciens. Ce qui fait sa différence c'est son expertise et sa grande connaissance du terrain. Lorsqu'il propose un thé c'est qu'il connaît parfaitement chaque arbre qui compose le jardin, mais aussi personnellement la famille qui en récolte les feuilles.
En 2005, tandis ce que le phénomène puerh (Pu Er tea) arrive à son sommet il investit et achète 13 hectares de Tai Di d'environ 80 ans, à plus de 1800m d'altitude, et engage entre 50 et 60 personnes de différentes minorités pour y travailler. A coté de cela il signe sous contrat l'exploitation de 5000m2 d'arbres âgés de plus de 150 ans. Il n'utilisera finalement que peu le thé de son terrain, tout du moins pas pour les thés qu'il presse à son non et se spécialisera progressivement vers des théier âgés de haute qualité.
L'année suivante, à l’apogée du grand boum du puerh (Pu Er tea) Mr Luo Hou You construit un bel atelier à Ku Cong Shan Zhai, au cœur de Wuliang Shan, un village Kucong nouvellement construit.
Une usine dans un village Kucong
Les Kucong sont un des groupes ethniques les plus mystérieux et primitif de Chine. Assimilés au Lahu pour leurs ressemblance mais méprisés par ces derniers, non reconnus comme une des ethnies officielles de Chine les Kucong ont pendant longtemps vécus cachés au cœurs des forets de la montagne Ailao, où ils vivaient de manière semi nomades, construisant ici et là des maisons rudimentaires faites de bambou et de feuilles de bananiers, dans les quelles ils vivaient à même le sol, partageant l'espace commun avec leurs animaux.
Reconnu comme étant un « peuple invisible » les Kucong ne sortaient guerre des forets et évitaient tout contact avec les ethnies voisines. Lorsque des échanges devaient se faire avec d'autres groupes, notamment entre des produits ramassés dans la foret par les Kucong et des produits des ethnies de plaines, les marchandises étaient laissées sur le bord de la route afin que les Kucong ne soient pas aperçus. Lorsque quelqu'un apercevait quelques marchandises de la montagne sur le bord du chemin il savait qu'il pouvait les prendre et laisser en échange un sac de riz, un objet en métal ou des vêtements, et que les Kucong viendraient les récupérer lorsqu'il sera parti.
Principalement concentrés dans les foret des monts Ailao et Wuliang, les Kucong y vivaient de manière rudimentaire, essentiellement de la chasse et de la cueillette, et cultivaient ici et là un peu de grain par brûlis de parcelles de foret. Partiellement nomade les Kucong se déplaçaient régulièrement au sein de la montagne, partageant avec des bêtes de minuscules cabanes temporaires.
- 1.Kucong agé ayant vécu au coeur des forets
- 2.Kucong agé ayant vécu au coeur des forets et sa fille
- 3.Mère Kucong et sa fille
- 5.Famille Kucong
En 1959 le gouvernement décide de sédentariser cette population, et construit des villages pour les accueillir afin de leur donner des moyens de se développer, d'accéder au progrès, et de s'intégrer au peuple Chinois. Les Kucong ne s'y feront pas et finissent pas déserter le village pour s'enfuir dans la forêt. Quatre autres tentatives de la part du gouvernement ont suivies avec à chaque fois la même fin, villages désertés par les Kucong, profondément encrés dans la vie au cœur des foret...
Malgré l'échec de ces différentes initiatives l'état fera une nouvelle tentative en 2006, suite à la publication d'un article sur l'ethnie Kucong qui remettra la question au goût du jour. Pour tenter de palier à l'isolement et aux conditions de vie très précaires des Kucong des montagnes Ailao et Wuliang, l'état construit un nouveau village à Wuliang Shan, offre maison et terrain aux Kucong qui s'y installeront et propose de leur apporter un savoir faire afin qu'il puisse y développer une agriculture tel que le riz, le tabac ou la culture du bananier. Si dans les premières années peu de Kucong acceptent de déménager et de quitter les forets, le village de Ku Cong Shan Zhai (苦聪山寨) finit par progressivement se peupler et entre 700 et 800 personnes y vivent désormais, dont 80% de Kucong.
- 1.Kucong Shan Zhai
- 3.Nouvelles maisons en construction à Kucong Shan Zhai
- 4.Kucong Shan Zhai
- 5.Jour de fête à Kucong Shan Zhai
C'est dans ce contexte que Mr. Luo Hou You décide de construire son usine à Ku Cong Shan Zhai, dont il utilisera aussi le nom comme marque pour commercialiser ses thés. Au cœur de Wuliang Shan, à 1300m d'altitude, le village est implanté au milieux d'un cadre naturel exceptionnel. Particulièrement isolé il fallait jusqu'à peut encore plus de 6 heures en voiture pour se rendre au village depuis la ville de Pu'Er, la nouvelle route construite l'an passé pour remplacer la piste initiale a cependant rapproché un peu le village qu'il serait désormais possible de rejoindre en moins de 4 heures.
- 1.L'usine de Kucong Shan Zhai
- 3.Salle de tri des feuilles
- 4.Pressage artisanal des galettes à la pierre
- 5.Galette fraîchement compressées
A la question de pourquoi implanter son usine ici, en particulier au vus de l'accessibilité difficile du village Mr. Luo Hou You met tout d'abord en avant que le principal du thé qu'il produit vient de Wuliang Shan, et que c'était donc pertinent d'être implanté au cœur de cette montagne. Puis Mr. Luo Hou You est originaire du coin, qu'il a passé des années à parcourir, il connaît bien tous les villages avoisinants, les gens qui vivent ici et il s'y sent bien. De plus la région est très pauvre, les gens n'ont pas beaucoup d'opportunités de gagner de l'argent et c'était une bonne occasion d'aider les villageois en leur donnant du travail...
Ensuite, avec quelques années de recul Mr. Luo Hou You nous avoue qu'il n'est finalement pas si satisfait du travail des locaux de la montagne et est un peu revenu de son enthousiasme initial pour favoriser l'économie locale. Les concepts de responsabilité notamment, de précision et de rigueur dans le travail, nécessaires pour produire un produit de haute qualité, sont difficiles à comprendre pour les gens de la montagne, et si il engage toujours une très grande majorité de Kucong pour récolter le thé ou faire du travail manuel, les postes à responsabilité sont tenus par du personnel venant d'ailleurs.
L'usine, de taille humaine pour une production de seulement une centaine de tonnes par an, est très lumineuse et bien construite. Faisant notamment appel à des matériaux naturels, et en particulier le bois, il y règne une ambiance calme et chaleureuse. Mais c'est aussi et de loin une des usines de puerh (Pu Er tea) les plus propre qu'il m'a été donné de voir dans le Yunnan. Sols impeccables, estrades surélevées en bois pour recueillir les feuilles, mur et sols carrelés et parfaitement propres, équipements et machines impeccables, tout a non seulement été pensé et conçu pour une propreté clinique, mais est aussi quotidiennement entretenu dans ce cens ce qui est loin d'être courant en Chine.
- 1.Machine à trier et séparer les grades
- 2.Mini-tuos en cours de séchage
- 4.Espace de stockage du maocha
- 5.Mr. Luo Hou You dans son usine
Tandis ce que le rez de chaussé est utilisé pour le tri, la compression des feuilles et l'emballage des galettes, le premier étage est utilisé pour le stockage du thé, et en particulier du maocha que Mr. Luo Hou You laisse souvent vieillir quelques années avant de le compresser. Là aussi la propreté est remarquable, en particulier pour un espace de stockage, ce qui est très appréciable.
Mais pour Mr. Luo Hou You ce n'est jamais suffisant et on peut toujours aller plus loin. Il vient notamment de commander à grand prix une machine complexe que l'on ne croise que dans de très grosses industries et permettant de s'assurer que le thé ne contient pas le moindre... cheveux ! Les cheveux sont en effet pour tous les producteurs de thé pointus un des ennemis les plus difficile à éradiquer. Il arrive toujours que quelques impuretés se retrouvent dans les sacs de thé venant des paysans. Or si il est relativement aisé de venir à bout des brindilles, petits cailloux, morceaux de ficelle ou autre par tamisage, à l'aide d'une machine à trier ou par un tri manuel, les cheveux passent systématiquement entre les mailles du filet et sont pratiquent impossibles à filtrer totalement sans avoir recours à une machine spécifique.
L'arome des monts Wuliang et Ailao
Les montagnes Ailao et Wuliang, dont proviennent les thés de Kucong Shang Zhai et où se tient l'usine, font sans l'ombre d'un doute partie des plus exceptionnelles montagnes du Yunnan. Fines de quelques dizaines de kilomètres seulement mais incroyablement longues elles parcourent plus de la moité du Yunnan, de Dali, au Nord de la région, jusqu'au Xishuangbanna (pour Wuliang Shan) et au Viet Nam (pour Ailao Shan), ce qui a probablement valu son nom à Wuliang Shan, singnifiant la montagne incommensurable.
- 1.Yunnan au sein de la Chine
- 2.Pu'Er au sein du Yunnan
- 3.Wuliang Shan et Ailao Shan ai sein de Pu'Er
- 4.Arbres sauvages dans la région de Pu'Er
Parallèles l'une à l'autre, fines, escarpées et incroyablement allongées elles reflètent la formation de l'hymalaya au quaternaire, et tel de véritable plissure traversent le Yunnan. Les vues aériennes du Yunnan laissent notamment apparaître une étonnante ligne parfaitement droite qui s'étend sur plus de 100km et marque la frontière est de la région de Pu'Er, traversée de part en part par ces deux barres rocheuses. Au delà de Pu'Er, Ailao Shan traversera la région de Hong He, ou se trouve les célèbres rizières en terrasses de Yuan Yang, construites par les Hani et faisant partie des paysages les plus fabuleux du Yunnan.
Fines mais aussi particulièrement hautes et escarpées, l'altitude des ces deux zones montagneuses oscille entre 2000m et 3137m, avec une grande partie au delà de 2500m, presque constamment couverte de brouillards. Mais ces deux montagnes sont aussi d'une grande richesse naturelle. Très majoritairement couvertes par la foret les monts Wuliang et Ailao abritent une faune et une flore exceptionnelle, et notamment de nombreuses espèces rares et protégées, qu'il s'agisse de végétaux dont on recense plusieurs milliers d'espèces rien que pour le parc naturel de Ailao Shan, ou d'animaux tel que le tigre du Bengale, les léopards, différentes variétés de singes ou encore les paons qui sont naturellement présents dans les forets de Wuliang et Ailao.
Peu connues encore des amateurs de puerh (Pu Er tea) ces deux montagnes sont pourtant particulièrement intéressantes. Difficiles d'accès, escarpées, peu développées, la nature y a été mieux préservée que dans nombres d'autres régions du Yunnan, et les forets de Wuliang et Ailao recèlent notamment encore un grand nombre de théiers d'exception, et notamment sauvages.
- 1.Petit village dans les hauteurs de Ailao Shan
- 2.Grand arbre à thé agé à Ailao Shan
- 3.Cueillette des feuilles dans un grand arbre de Ailao Shan
- 4.Arbres anciens à Ailao Shan
- 5.Retour de cueillette à Wuliang Shan
Si pour leur plus grand nombre ces arbres sauvages sont protégés, et leur récolte interdite, on trouve aussi dans ces montagnes de nombreux arbres de plantation très anciens, agés de plusieurs centaines d'années, qui possédent des caractère et des arômes d'une grande profondeur. Parmi eux un certain nombre d'arbres dits transitifs se trouvent entre arbres sauvages et arbre domestiqués et qui possèdent des caractères uniques. Bien entendu on trouve aussi de nombreux arbres âgés plus proches des standards du puerh, qui outre leur grande qualité gustative et portent en eux la marque de ces terroirs particuliers.
- 1.Magnifique arbre ancien à Wuliang Shan
- 2.Producteur de Wuliang Shan
- 3.Feuilles fraiches de vieux arbres de Wuliang Shan
- 4.Dégustation d'un thé d'arbre ancien de Wuliang Shan
- 5.Dégustation d'un thé d'arbre ancien de Ailao Shan
Car les thés des monts Wuliang et Ailao ont un caractère gustatif qui leur sont propres. On appréciera souvent une présence marquée dans la fosse nasale, des touches épicées et poivrées, et parfois une fraîcheur pouvant rappeler l’eucalyptus ou le camphre et qui peuvent faire penser à des thés stockés quelques années dans une atmosphère relativement humide.
Je vous propose pour illustrer cela et entrer progressivement dans l'univers des monts Wuliang et Ailao, de goûter une galette produite par Kucong Shan Zhai en 2009. Pressée en 2009, les feuilles qui la compose dates de 2007 et proviennent de théiers 150 à 250 ans venant d'un petit village particulièrement isolé de Wuliang Shan, qui nécessite une journée de marche pour s'y rendre.
Au delà d'un caractère commun, ces montagnes, vastes et très allongées dans le sens Nord-Sud offrent aussi un certain nombre de terroirs distincts, possédant chacuns leur propres caractères gustatifs, bien entendu entre Wuliang à l'ouest et Ailai à l'est, mais aussi entre les villages du nord et ceux du sud, comme l'illustre par exemple ces deux excellentes galettes, produites par Kucong Shan Zhai en 2008, qui proviennent de vieux arbres de Ailao Shan pour la premières (200700007) et d'arbres agés de Wuliang Shan pour la seconde (200700007).
C'est ainsi et exclusivement dans cet univers complexe que Mr. Luo Hou You évolue depuis presque 10 ans et est devenu expert. Au lieux de se suivre le marché comme le font de nombreux producteurs, de sourcer son thé dans différentes régions, et de suivre la demande, notamment pour des terroirs très reconnu tel que Banzhang ou Bing Dao, Mr. Luo Hou You se consacre exclusivement et depuis des années à ces deux montagnes que sont Wuliang et Ailao, dont il connaît comme sa poche la région de Zhenyuan et dont il maîtrise parfaitement les terroirs et les arômes.
- 1.Mr. Luo Hou You chez un petit producteur de Wuliang Shan
- 2.Mao Cha de Wuliang Shan
- 3.Petit producteur de Ailao Shan
- 4.Cueillette des feuilles dans un grand arbre de Ailao Shan
Or le palais demande un certain entraînement pour reconnaître d'aussi fine nuances. Si reconnaître un thé d'une de ces deux montagnes face à d'autres terroir de Pu'Er est accessible à l'amateur entraîné, faire par contre la distinction entre Wuliang et Ailao lors d'un test à l'aveugle demande beaucoup plus d'entraînement. Enfin reconnaître de quel village de ces montagne vient un thé donné demande une connaissance des terroirs de ces montagnes que probablement peu à part Mr. Luo Hou You ne possèdent.
On est ainsi tout d'abord perdu devant les quelques dizaines de puerh (Pu Er tea) produits par Luo Hou You ces dernières années. Des premières dégustations on ne retient qu'un caractère, bien marqué, singulier. Dire que ce caractère est celui de ces deux montagnes ne serait pas tout à fait exact, car il y'a bien derrière la patte de Mr. Luo Hou You et de sa sélection. Non, ce goût c'est le goût Kucong Shanzhai, le goût de Wuliang et Ailao tel que Mr. Luo Hou You le définit et le maîtrise.
Voyons par exemple une excellente galette produite par Kucong Shan Zhai en 2008, et qui porte particulièrement bien en elle la patte de ce producteur. Pressée en 2008, il s'agit de feuilles du printemps 2006 provenant de vieux arbres de Ailao.
Si cerner ce caractère unique des thés de Kucong Shan Zhai est aisé dès la première dégustation, il faut par contre un peu plus de temps et d'attention pour véritablement rentrer dedans, comprendre ce qu'on à nous dire toutes ces galettes aux numéros mystérieux, leur caractères propres, leur spécificités, ce qui font qu'elles existent et que Mr. Luo Hou You ne se contente pas de faire un thé étiqueté Wuliang et un autre au nom de Ailao Shan.
Je vous propose pour cela la dégustation de deux galettes, provenant de la même région de Ailao Shan. Toutes deux pressées par Luo Hou You en 2009 à partir de maocha de théiers anciens (entre 150 et 300 ans) récoltés au printemps 2007. Si à première vue elles pourraient sembler identiques, elles savent se distinguer dans la finesse, et possèdent, au delà de la maque du terroir, des caractères finalement très différents.
Une fois ce cap franchis on ouvre une porte pour entrer dans un nouvel univers, un microcosme qui redéfinit les critères gustatif du puerh (Pu Er tea) et dans lequel de fines nuances imperceptibles au premier abord deviennent un monde, une frontière et font la différence. Et c'est là toute la folie et valeur de Mr. Luo Hou You, qui en quelques années a pressé une multitude de thés dont seul un palais attentif et initié pourra faire la différence et avec une finesse chirurgicale a su développer un univers à partir d'un créneau gustatif à première vue restreint.
Quelques production de 2008, parmi les premières galettes de ce producteur
Commençons par les productions probablement les moins glorieuses de Luo Hou You, tout en restant tout à fait respectables et incontestablement des thés de qualité : Deux galettes des débuts de Kucong Shan Zhai produites en 2008 à partir de maocha de 2006 d'arbres relativement jeunes, de moins d'une vingtaine d'année, et provenant respectivement de Wuliang Shan et de Ailao Shan.
Toujours dans ces premières galettes de 2008, où Luo Hou You continue à se chercher, nous pouvons aussi évoquer la 8019, un des rare exemple d'assemblage de jardin produit par Kucong Shan Zhai. En s'inspirant des méthodes industrielles d'assemblage des feuilles, ce thé montre un autre regard sur le caractère des thés de Wuliang Shan et leur potentiel, et n'a rien à envier aux grandes galettes produites par des producteurs renommés comme Xiaguan, ou Menghai Tea Factory.
Aux antipodes, nous avons la 7020, produite la même année, cette fois à partie d'un jardin unique de Wuliang Shan, et qui porte clairement le caractère singulier de ce jardin. C'est d'ailleurs la direction que prendra Luo Hou You pour les productions à venir, essentiellement basées sur des arbres agés et des jardins uniques et singuliers.
Quelques production de 2009
Dans la poursuite de la 7020 de 2008, les productions de 2009, dont nous avons déjà vu quelques exemples au début de cet article, proviennent majoritairement d'arbres anciens. Voyons tout d'abord le 9026 un thé produit à partir d'arbres anciens de Ailao Shan, et tout à fait dans la lignée du caractère de ce producteur.
Passons ensuite à un des grand classique de Kucong Shan Zhai, une galette produite à partir d'un maocha du printemps 2008, issus de vieux arbres d'un jardin unique de Wuliang Shan.
2011, un tournant dans les thés de Kucong Shan Zhai ?
Symbolisé par lintroduction d'un nouvel emballage, l'année 2001 marque indéniablement un tournant dans les production de Kucong Shan Zhai.
Devant cette profusions de galettes distinctes, dans laquelle il est difficile de se repérer, Mr. Luo Hou You prend tout d'abord le parti de simplifier les choses, et se concentrer sur quelques produits phares. Parmi eux il y'a la 1016, qui reprend dans son millésime 2011 la galette que nous venons d'évoquer (8016). Produite à partir d'arbres agés de Wuliang, c'est la galette que Mr. Luo Hou You met le plus en avant, et qui représente sa marque pour le grand public.
Globalement on note aussi par rapport aux productions précédentes des arômes beaucoup plus ronds, doux et lumineux. On est bien loin du coté frais et camphré de certaines productions passées, avec un thé éclatant et moelleux. On remarquera aussi la compression artisanale de la galette, très légère et de très bonne facture, là ou les galettes plus anciennes étaient compressées plus fortement. Dans le même ordre d'idée on appréciera aussi la qualité du tong qui entoure les galettes, beaucoup plus soigné et esthétique que certains thés précédents, marquant à nouveau une volonté claire d’accroître la qualité sur tous les points.
La dernière galette de Kucong Shan Zhai 2012
Dans la lignée des productions de 2011 la 006, dernière galette pressée par Kucong Shan Zhai est produite avec grand soin, légèrement compressée, et empaquetée dans un tong traditionnel ficelé avec soins. Enveloppée d'un parfum rond et épicé, elle annonce déjà un grand thé Kucong.
Une multitude de thés et un chaos à l'image des monts Wuliang...
Comme vous avez du vous en rendre compte, les productions de Mr. Luo Hou You sont une jungle dans laquelle on se perd aisément, bien que les chosent se soit largement améliorés ces deux dernières années. Outre la subtilité des nuances aromatiques que nous avons évoqués, deux facteurs contribuent aussi à se perdre dans les productions de Kucong Shan Zhai, tout d'abord l’absence d'information sur la provenance des feuilles, puis le désordre total qui régie les références qui sont données à ces thés.
Car Mr. Luo Hou You à bien quelque chose de l'artiste illuminé, dans la manière dont il arpente les montagnes à la recherche du moindre arbre, peut passer 8 heures sur la route pour trouver un unique arbre à thé puis en acheter à grand prix un sac plastique de feuilles fraîches qu'il travaillera ensuite au milieu de la nuit dans sa cuisine ou encore à travers son penchant à stocker à s'y perdre des multitudes de thés aux nuances infimes. Mais cette folie transparaît aussi dans sa manière dont ce producteur organise les choses, à commencer par les galettes qu'il produit.
Les galette de Kucong Shanzhai sont ainsi systématiquement estampillées d'une référence numérique. Il y'a ainsi la 9018, la 9027, 9026, les 8016, 8058, ou encore les 6001, 1111, voir des références plus audacieuses comme 200700007 ou la 200700008 (toutes deux produites en 2008), etc...
D'emblé cela fait penser aux grandes références classiques de l'ère communiste tel que les 7572 ou 7542. Or ce qui différencie les deux c'est que les codes de l'ère communiste suivaient une logique, et nous donnaient des indications sur l'année de production de la recette, la taille des feuilles ou encore l'usine dont les thés sont sortis, là ou les références données par Mr. Luo Hou You semblent suivre une logique beaucoup plus mystérieuse dans lequel il se perd lui même.
- 1.Quelques galettes dans la multitude du catalogue Kucong Shan Zhai
- 2.Référence à 4 chiffres d'une galette Kucong Shan Zhai
- 3.Principaux emballages utilisés par Kucong Shan Zhai
- 4.Principaux formats de galettes Kucong Shan Zhai
Apparemment les emballages bruns seraient dédiés au puerh (Pu Er tea) fermentés lorsque les verts serviraient les puerh (Pu Er tea) brut... mais il y'a la 7020 qui vient contredire la théorie. Visblement le premier nombre indique l'année de compression, mais à nouveau des galettes tel que la 8016 viennent ébranler l'hypothèse, etc...
Il semblerait qu'il y'ait eux au début un semblant de logique, puis que la règle ait changé plusieurs fois sans que le producteur s'en souvienne précisément jusqu'à arriver à une sorte de cahos total dans lequel pas même Mr.Luo Hou You arrive à se repérer mais qui ne le dérange pas plus que ça...
Pour simplifier le tout de nombreuses galettes ont étés pressées avec les mêmes références mais avec des emballages différents, ou dans des formats différents, parfois 88g, parfois 100g, parfois encore 150g, 200g, 357g ou 400g, parfois enfin en brique de 250g ou 500g... Dans la même logique Mr. Luo Hou You dépose une première marque en 2005 Kucong Shanzhai, au nom du village où il s'implante et presse ses thés à ce non. En 2008, il dépose Hou You, à son nom et sous laquelle il pressera désormais tous ses thés... jusuq'à ce que la première marque refasse mystérieusement surface. Il mélangera ainsi pendant un temps les deux, parfois l'une, parfois l'autre, parfois les deux sur le même emballage sans là non plus que cela suive une véritable stratégie ou que cela ait un sens précis.
En ressort une vaste collection de thé, parfois de très grande qualité, mais dans lequel il est presque aussi difficile de se repérer que dans les montagnes desquelles ces thés proviennent. Mr. Luo Hou You semble d'ailleurs un peu revenir de cette profusion folle et chaotiques de galettes des premières années et ne presse aujourd'hui pour le grand public que 2 ou 3 thés différents, exclusivement sous le nom de Hou You et garde sa grande expertise des différents terroirs pour les commandes privées.
L'autre facteur ne facilitant pas la compréhension des thés de Luo Hou You, nettement plus critiquable pour un amateur de thé, est l’absence de toute information sur l'origine des feuilles. Bien que Luo Hou You ne fasse que peu d'assemblages, et que donc les feuilles proviennent souvent d'un jardin précis, les galette ne comportent aucune information sur la localisation de ces jardins. Ainsi une galette Kucong Shanzhai peut aussi bien venir d'arbres de 200 à 300 ans du centre de Ailao Shan (comme la 9027) ou d'un assemblage d'arbres différents de Wuliang Shan (comme là 8019), sans que cela ne figure en rien sur la galette, rendant difficile toute compréhension du produit de la part de l'amateur, qui se retrouve dans un rôle de consommateur passif.
Pour Luo Hou You ce n'est pas important, ce qui compte c'est le goût et la qualité et pas le nom du village. Si tu aimes la 9027 (qui vient d'un seul jardin, mais dont le nom du village n'est pas communiqué) et bien tu sais que c'est celle là, et tu pourras la racheter quand tu n'en auras plus, finalement quelle importance de savoir de quel village elle provient ou l'age des arbres dont viennent les feuilles ?
Si c'est le discours, très critiquable, que l'on entend ici et là de la part de ceux qui cherchent à éviter la traçabilité de leur thés, Mr. Luo Hou You est honnête, ne se contente pas de ce discours officiel et ne cache pas les véritables raisons de cette omission d'information. Comme tous ceux qui ne veulent pas révéler l'origine de leurs thés c'est avant tout une question économique. Les village de Wuliang Shan et Ailao Shan sont peut connus, la demande est faible et, à l'exception des très gros arbres, les prix restent raisonnables. Mr. Luo Hou You nous raconte qu'au début il indiquait le nom des villages. Mais ensuite ça a crée l’attention sur ces villages et certains allaient chercher directement les feuilles auprès des paysans. Du coup ces derniers sentant qu'il se passait quelque chose et surtout qu'il y'avait une demande montaient radicalement leurs prix d'une année sur l'autre. Outre la question des prix, pour Mr. Luo Hou You la mise en avant arbitraire de tel ou tel village n'est pas une bonne chose non plus pour la qualité. Cela incite en effet les paysans à faire venir des feuilles d'autres villages pour les vendre plus cher, ou à mélanger différentes origines pour augmenter artificiellement les productions et donc les gains. Cela crée un climat de suspicion et rend le travail difficile: Non seulement on se retrouve à payer plus cher, mais en plus et surtout la qualité n'est plus là.
C'est ainsi que Mr. Luo Hou You décide de numéroter ses galettes, et de ne pas donner plus d'informations sur l'origine de ses thés. Les informations que je vous donne dans cet article, concernant l'origine des feuilles ou les dates de récoltes, ne sont donc pas des données « officielles » mais des informations que j'ai récolté directement auprès du producteur. Bien entendu si ce choix de ne pas divulguer l'origine de ses produits défend peut être les intérêts économiques de Kucong Shan Zhai, cela n'aide pas l'amateur de puerh (Pu Er tea) ni à comprendre ces thés, et notamment ce qu'il y'a derrière le caractère de ces différents thés, ni à comprendre les spécificités des terroirs de Wuliang et Ailao Shan, ce qui déplaira sans aucun doute à un certain nombre d'amateurs pointus. Il en est d'ailleurs de même pour l'age des thés, souvent compressés à partir de maocha anciens de quelques années sans que cela ne figure non plus sur les emballages.
Mais Luo Hou You est quasi exclusivement vendu sur le marché Chinois. Or le consommateur chinois est bien rarement intéressé par l'origine du thé qu'il boit, ou la connaissance des différentes terroirs comme nous pouvons par exemple l'être en France pour le vin, et ce qu'il cherche c'est avant tout un bon thé, et un nom (de producteur) dans lequel il peut avoir confiance, et c'est naturellement là dessus que Luo Hou You met tous ses efforts.
La qualité et la confiance avant toute chose
Si ainsi Mr. Luo Hou You n'accorde que peu d'importance à la transparence des informations concernant l'origine de ses thés, il donne un point d'honeur à la qualité et au respect la confiance que lui donnent ses clients. Pour lui quelque soit le domaine la question est la même, et une marque qui tient longtemps est une marque dans la quelle on peut avoir confiance. Pour Luo Hou You il faut être intransigeant sur la qualité et que le client puisse avoir une totale confiance dans ce qu'il achette, qu'il sache que quand il achette une thé Kucong, il aura un produit de qualité. Si le maocha n'est pas à la hauteur, il est toujours possible de le vendre par ailleurs, sous un autre nom, mais il est crucial de ne jamais porter atteinte à l'image de sa marque. Et cette philosophie transparaît bien dans les galettes estampillés Kucong Shan Zhai ou Hou You, dont la quasi totalité, en particulier produits ces dernières années, sont sans défauts.
Mr. Luo Hou You, nous raconte ainsi que lorsqu'il a commencé à faire sérieusement du thé, dans les années 2003-2004, il manquait d'expérience et il a acheté des thés de qualités différentes. Lorsqu'il a ouvert son usine en 2006 il a commencé à analyser les ventes des dernières années et à se rendre compte que c'était les thés de haute qualité qui s'étaient le mieux vendu, tandis ce qu'il lui restait des stock des thés de moins bonne qualité, et se décide alors de ne se consacrer désormais qu'au thés haut de gamme.
Pour lui c'est cette approche et cette recherche de qualité qui l'a sauvé de l'effondrement du marché du puerh (Pu Er tea) en 2008. Mr. Luo Hou You nous explique que le problème du grand boum des années 2003-2007 n'était pas que un problème d'augmentation des prix et que tout le marché du puerh (Pu Er tea) a été perverti. Le puerh, et la région de Pu'Er a d'un coup été trop médiatisé, et vendu en trop peu de temps sur un trop large marché. La demande a explosé de manière démesurée, avant même que le consommateur n'ai le temps de comprendre ce qu'il buvait. La qualité moyenne du thé sur le marché a ainsi radicalement chuté, seul comptait la quantité. Beaucoup de thé venaient d'ailleurs, Viet Nam, Laos, voir d'autre région que du puerh (Pu Er tea) et étaient envoyé ici pour être vendu comme du puerh.
Mr. Luo Hou You ne suivra pas la tendance et restera sur sa positon, concentré sur le thé de qualité. Pour lui c'était la seule attitude possible face à la folie ambiante. Il s'est notamment méfie en 2006 de la tendance générale à stocker démesurément du puerh, se rappellant que si stocker du puerh (Pu Er tea) n'est pas très dur, le vendre ensuite est moins facile, surtout lorsque le produit n'est pas d'assez haute qualité. Or c'est précisément ce qui mettra sur la paille un certain nombre de producteur et de vendeurs l'année suivante, lorsque le marché s'effondre subitement, et que la demande devient pratiquement inexistante, en particulier pour les thés de basse qualité.
Les arbres uniques des monts Wuliang et Ailao, le projet fou de Mr. Luo Hou You
Mr. Luo Hou You, Passera 3 ans entre 2003 et 2006 à arpenter les monts Wuliang et Ailao, où il apprendra comme nous l'avons vu à maîtriser la diversité des terroirs de ces montagnes, mais aussi la technique du thé, de la récolte au travail des feuilles. Mais avant tout il tissera un réseau de petits producteurs situés dans plusieurs centaines de villages et avec qui il source désormais la quasi totalité des thés qu'il presse, provenant presque exclusivement d'arbres anciens, d'une centaine d'année à plus de 300 ans pour certains.
- 1.Famille de producteurs à Wuliang Shan
- 2.Petit producteur à Wuliang Shan
- 3.Petit producteur à Ailao Shan
Or, bien que ces arbres soient de grande qualité, et produisent d'excellent thés, il y'a autre chose qui motive avant tout Mr. Luo Hou You dans ses explorations des ces montagnes : les arbres monumentaux dispersés ici et là dans les recoins de Wuliang et Ailao. Contrairement aux jardins de vielle plantation, qui peuvent contenir un grand nombre d'arbres, ces énormes arbres dépassant parfois la dizaine de mètres sont beaucoup plus rares et il arrive souvent qu'il n'y en ai qu'un ou qu'une petite poignée autour d'un village donné.
Mr. Luo Hou You a ainsi mis des années à rencontrer les villageois pour trouver ces arbres et à en constituer une gigantesque collection. Au total c'est plus de 3000 arbres qu'a sélectionné Mr. Luo Hou You, situés dans près de 300 villages répartis en trois régions distinctes et dont il achète régulièrement les feuilles.
Mais au lieux de produire des assemblages de ces feuilles, Mr.Luo Hou You prend le partis fou et audacieux de presser indépendamment chaque arbre. Il a en effet remarqué que depuis un certain nombre d'années il y'avait une demande croissante pour un produit « pur », d'origine unique. Tandis ce qu'avant on ne se souciait que de la montagne d'origine du thé, on cherche désormais de plus en plus souvent le thé de tel ou tel village. Il se demande alors ce que cela veux dire, et jusqu'où pousser la précision de l'origine, à la région, au village, au jardin... et pourquoi pas à l'arbre ?
En effet lorsque l'on a à faire à de tels arbres multi-centenaire, en particulier transitifs, chaque arbre à son caractère, ses arômes, son âme. Bien que l'on classe généralement tous les arbres à thé originaires du Yunnan derrière l’appellation de théier à grande feuille du Yunnan, il y'a en réalité plus d'une centaine de variés différentes, dans leur très grande majorité issues de reproduction et mutation naturelle. Un certain nombre de ces arbres sont d'ailleurs ce que l'on appelle des arbres transitifs, c'est à dire situés entre le théier sauvage et le théier domestiqué, et possèdent des caractères singuliers qui les distinguent d'autres théiers plus couramment utilisés pour produire du thé puerh. Ainsi les arbres multi-centenaires des montages Wuliang et Ailao sont autant d'individus uniques, possédant leurs propre patrimoine génétique, et leur propres arômes.
Et c'est cette immense variétés de caractères que Mr. Luo Hou You nous propose de découvrir. Il ne s'agit absolument pas pour lui de dénigrer l'assemblage de feuilles, qui est probablement la meilleure manière d'arriver à un produit équilibré, mais bien de proposer autre chose, des caractères uniques, profonds et tranchés. Il est en effet difficile qu'un seul individu soit parfait sur tous les points et c'est pour cela qu'on assemble les feuilles, afin que les défaut des uns corrigent ceux des autres. Mais si on dépasse ce soucis d'équilibre, et finalement de standardisation, on trouvera dans le caractère unique d'un arbre une richesse qu'il ne peux exister ailleurs, des caractères purs, tranchés et assumés.
Commençons pour cela par rencontrer un magnifique arbre de Wuliang Shan, agé de plus de 200 ans, et qui atteint une hauteur de 4,5m, dont les feuilles ont étés cueillies en 2010.
Voyons à présent un autre individu atypique et au moins aussi excellent, provenant cette fois des hauteurs de Ailao Shan. Avec une hauteur de 7m et une circonférence de 130cm il s'agit d'un superbe arbre transitif de plus de 300 ans.
En 2006 Mr. Luo Hou You commencera ainsi à acheter, produire et commercialiser le thé des ces arbres. Il demande à différents paysans de séparer les récoltes de chaque arbre et signe pour cela des contrats avec un certain nombre d'entre eux pour réserver les productions, qui ne représente en général pas plus de 2 ou 3 kg par arbre. Ne pouvant se rendre en permanence dans les 300 villages d’où proviennent les feuilles il met en place une complexe logistique, différentes personnes étant chargées de collecter les feuilles récoltées et travaillées par les paysans et de les envoyer à l'usine ou chaque caisse et soigneusement consignée et stockée.
- 1.Cueillette des feuilles dans un arbre unique de Wuliang Shan
- 2.Feuilles fraîchement récoltées
- 3.Petit producteur de Ailao Shan
- 4.Réception d'un échantillon de production à l'usine de Kucong Shan Zhaoi
- 5.Caisses de maocha d'arbre unique à Kucong Shan Zhai
- 6.Stock de maocha à l'usine Kucong Shan Zhai
C'est naturellement un travail titanesque. Outre gérer ce catalogue de 3000 thés, provenant d'autant d'arbres différents, il y'a aussi l'épineux problème de la qualité et du faux. En effet la valeur du thé de tels arbres, en particulier non assemblé, est particulièrement élevée, et il est courant de la part des paysans de tenter de mélanger des feuilles venant d'autres arbres, afin d'accroire les quantités, voir parfois de faire passer pour un arbre unique différents arbres plus jeunes. Il faut donc être en permanence à l’affût, vérifier le maocha envoyé par chaque paysans, et ne pas hésiter à se séparer de paysans dans lesquels on ne peut avoir une totale confiance.
Différents autres producteurs qui produisent du thé d'arbre unique, notamment dans des terroirs très reconnu comme Bing Dao, n'hésitent pas à envoyer quelqu'un, payé à plein temps, pour contrôler la production de chaque feuille, de l'arbre à l’envoi du maocha, mais c'est impossible dans la situation de Luo Hou You, les arbres étant dispersés sur une immense surface.
L'autre problème est celui de la qualité gustative du thé. Comment s'assurer que la production de chaque arbre, quelques kilogrammes seulement, sera à la hauteur, sachant que cette dernière est non seulement dépendante du caractère de chaque arbre, mais aussi très grandement influencée par les conditions climatiques, sans parler du travail des feuilles, effectué par des paysans perdu dans les hauteurs de la montagne, dont la technique et l'équipement laissent parfois largement à désirer. De plus le prix de telles productions d'arbres unique étant particulièrement élevé on s'attend naturellement à un thé à la hauteur de son prix, et donc à une certaine perfection, qui dépasse souvent ce qu'un arbre unique peur produire.
J'ai ainsi ces dernières années accompagné Mr. Luo Hou You, mais aussi bu le thé de centaines d'arbres uniques, notamment en sa compagnie et il faut bien avouer que si certains sont d'une exceptionnelle qualité, cela reste une minorité, une perle rare parmi beaucoup de thés dont les défaut surpassent le plaisir que l'on peut avoir à les déguster. Qu'il s'agisse d'arbre à thé ou d'individus la question est assez proche, isoler quelqu'un de la foule pour se retrouver face à quelque chose de singulier est assez aisé... tomber de la sorte sur un individus exceptionnel l'est beaucoup moins.
Mais ce n'est pas le soucis de Mr. Luo Hou You. Il n'est pas envisageable pour lui de goûter constamment ses 3000 arbres pour en juger la qualité, ce qui serait de toute manière difficilement faisable surtout sachant que les production sont réservées d'avance, parfois sur plusieurs années. Ainsi pour lui cela fait partie de le l'unicité du caractère de ces thés, chaque arbre à son histoire, est différent, et chaque thé l'est, certains sont meilleurs, certains sont moins bon, et les choses sont ainsi faites.
A nouveau cela est aussi rendu possible par le marché chinois, et le manque d'exigence du consommateur face à la qualité gustative du thé. Le fait qu'un thé soit rare, cher, et qu'il vienne d'une marque de confiance suffit largement à la grande majorité des consommateurs chinois, en particulier aisés, qui ne sont de toute manière pas des fin dégustateurs.
C'est pourquoi depuis 2010 nous avons entrepris avec Mr. Luo Hou You, de rechercher les plus beaux individus une certaine perfection et parmis ces arbres uniques de Wuliang et Ailao Shan, à travers tout d'abord différentes exploration dans les monts Wuliang et Ailao, mais aussi et surtout en goûtant le thé de ces innombrables arbres pour en faire une sélection de qualité.
Voici donc pour vous quelques individus de cette sélection commune :
Je commencerais par un de mes favoris, qui sur plusieurs années s'est distingué par sa qualité. Il s'agit d'un monumental arbre situé dans le village de Jio Jia à Ailao Shan. Si ce gigantesque arbre est très ancien, il est de toute évidence de plantation, et le thé qu'il produit rentre bien dans le cadre d'un puerh (Pu Er tea) haut de gamme, et ne possède pas les touches atypique de théiers sauvage ou transitif.
Il est d'ailleurs particulièrement intéressant de comparer ce thé, provenant d'un arbre unique de Jio Jia, avec un autre maocha présenté en début d'article, récolté et travaillé par les mêmes producteurs, provenant précisément et exclusivement du même jardin, mais composé d'un mélanges d'arbres âgés.
comparatif
Kucong Shan Zhao Jio Jia jardin 2011 vs. Kucong Shan Zhao Jio Jia arbre unique 2011
Le thé d'arbre unique ne semble pas aller ailleurs, s'éloigner de l'assemblage d'arbres ou affirmer un caractère singulier, mais aller plus loin, plus profond. On est exactement sur le même ton mais c'est plus intense, plus profond, semble continuer là où l'autre thé c'est arrêté.
Le thé provenant d'un assemblage d'arbre est excellent, envahis immédiatement l'ensemble de la bouche, de la gorge, de la fosse nasale, charme et relaxe. Mais lorsque l'on bois le thé d'arbre unique de ce jardin on à l'impression que quelque chose s'ouvre, que l'on passe une barrière qui nous mène beaucoup plus loin.
Si les arômes sont proches, le caractère de l'arbre unique est profond, s'infiltre a travers les sens, envahis l'esprit, relaxe profondément, invite à la méditation. En quelque sorte ce thé commence là où l'autre s’arrête... et pousse encore un peu plus loin la barre de l'excellence.
Passons désormais à un caractère bien différent et nettement plus marqué par la nature transitive de l'arbre. Probablement proche du théier sauvage ce dernier développe avec finesse des arômes typiques des théiers sauvages agés.
Autre thé marqué par un caractère transitif, voici le fruit d'un arbre de 6,4m dont les feuilles ont étés cueillies et travaillées par Shi Da Rong, un petit producteur de Wuliang Shan.
Je finirais avec un troisième individu qui m'a particulièrement marqué et qui figure parmi les thés les plus riche de cette sélection. Provenant sans aucun doute d'un théier transitif particulièrement agé, ce thé possède un caractère atypique et magnifique, qui ne se réfère à aucun autre type de puerh (Pu Er tea) et nous éblouis de sa grâce.
Une approche singulière et contemporaine de la fermentation
A coté de ses puerh (Pu Er tea) brut, issus d'arbres âgés et d'arbres uniques, Luo Hou You produit aussi depuis 2008 du puerh (Pu Er tea) fermenté, dont il assure lui même la fermentation dans son usine de Kucong Shan Zhai avec une approche très contemporaine.
Luo Hou You fait en effet partie de cette nouvelle génération de producteurs Yunnanais de puerh (Pu Er tea) fermenté qui n'a pas connu le puerh (Pu Er tea) agé, le stockage humide Hong Kongais ou les standards des années 70 et qui aborde la question de la fermentation du thé puerh (Pu Er tea) d'une toute autre manière.
Il ne s'agit plus d’imiter le stockage traditionnel Hong Kongais, tel qu'on le faisait dans les années 70 ou 80, mais plus de prendre la fermentation du puerh (Pu Er tea) comme une technique à part entière, capable de sculpter le caractère du thé et de faire émerger des arômes nouveaux, et résolument contemporains.
Tout comme Luo Hou You à appris le travail des feuilles auprès des paysans, il apprendra les techniques de fermentation du puerh (Pu Er tea) par lui même en rendant visite et en prenant conseils auprès de nombreux producteurs de la région. En effet contrairement à une légende que l'on entend encore ici et là la fermentation du puerh (Pu Er tea) est un phénomène complexe mais en aucun cas secret, et ces techniques sont maîtrisées par de nombreux jeunes producteurs.
Si il est cependant facile de faire fermenter du puerh, arriver à de bon résultats est beaucoup plus difficile, demande beaucoup de connaissance et de technique, et la formation d'ingénieur sera notamment utile à Luo Hou You pour mettre au point la production de puerh (Pu Er tea) fermenté dans son usine.
- 1.Fermentation du puerh (Pu Er tea) dans l'usine de Kucong Shan Zhai
- 3.Galettes fermentés en cours de séchage dans l'usine de Kucong Shan Zhai
- 4.Puerh fermenté par Kucong Shan Zhai
Outre la propreté qui dans le domaine de la fermentation doit être irréprochable, Mr. Luo Hou You met un point d’honneur à n’utiliser pour ses puerh (Pu Er tea) fermenté que des feuilles de qualité. Il est en effet courant de consacrer au puerh (Pu Er tea) fermenté des feuilles de basses qualité, estimant que ce cela de toute manière masqué par la fermentation. Or Mr. Luo Hou You n'est pas de cet avis, pour lui la qualité fait vraiment la différence et pour faire un puerh (Pu Er tea) fermenté supérieur il faut commencer par utiliser un matériau de qualité, et c'est pourquoi les puerh (Pu Er tea) fermenté de Kucong Shan Tzai ne sont produit que à partir de bonnes feuilles des montagnes Wuliang et Ailao.
Au niveau de la fermentation, outre le soin apporté à la propreté, qui se ressent bien dans la pureté du résultat, Mr. Luo Hou You est aussi partisan des fermentations longues, plus de 60 jours, là ou les puerh (Pu Er tea) sont en général fermenté dans les 5 semaines. A ces 8 semaines de fermentation s'ajouteront au moins 3 mois de stockage en vrac avant d'être pressé, puis un nouveau temps de repos avant que les galettes ne soient vendues.
Les thés qui en résultent sont bien à la hauteur des efforts de Luo Hou You. D'une qualité indéniable, ils reflètent aussi bien l'approche et la vocation de ce producteur. On est sans surprise loin du caractère d'un puerh (Pu Er tea) agés, aux antipodes des arômes terreux de sous bois, des senteurs humides ou poussiéreuse, mais dans quelque chose de très propre, pur et lumineux. En jouant sur la fermentation Luo Hou arrondis les caractères, sculpte et polis le boisé, les arômes de noix, et fait émerger le fruité.
Sa première production publique, baptisée 6001 sera ainsi une pure merveille, lumineuse et étincelante
Dans la lignée, Luo Hou You produit en 2009 une nouvelle série, la 8058, elle aussi d'une grande richesse. Tel l'était la production précédente, on est à nouveau dans la pureté, la rondeur et le lumineux.
Dernière production fermenté de Luo Hou You, la 1111 produite en 2011, tout en gardant quelque chose du caractère des productions précédentes sait aussi s'en séparer et marque peut être un tournant... positif ?
Tout en restant dans le lumineux et le fruité on est là dans quelque chose de beaucoup plus lourd, dense et épais. Dosé comme les productions précédente on obtient un thé incroyablement dense, envahissant, qui n'aura rien à envier à un café serré. Dosé avec parcimonie on retrouve le moelleux et la rondeur des 6001 et 8058, mais avec moins de finesse et de caractère épicé, et un équilibre moins marqué.
On pourra bien sur mettre cela sur la jeunesse de ce thé, un puerh (Pu Er tea) fermenté ayant généralement besoin de quelques années pour se poser et s'affirmer, mais aussi très probablement aux goûts du moment de Luo Hou You.
Amateur de café Luo Hou You aime en effet les thés fermentés particulièrement denses et épais. Il n'infuse d'ailleurs pas ces thés à la manière gung fu ni dans une théière en terre mais dans une grosse théière en verre dans lesquelles les feuilles resteront à infuser des heures durant à feu doux, produisant une liqueur d'un noir profond, et des arômes particulièrement condensés.
J'uttiliserais cependant un gaiwan, et un mode d'infusion plus conventionnel pour vous présenter ce dernier né des puerh (Pu Er tea) fermentés Kucong Shan Tzai.
Un court entretient avec Mr. Luo Hou You
- 1.Mr Luo Hou You
- 2.Dégustation de thé chez Kucong Shan Zhai
- 3.Mr Luo Hou You dans son bureau
- 4.Mr Luo Hou You sur la route des villages de Ailao
- 5.Mr Luo Hou You travaillant des feuilles de thé sans sa cuisine
Je vis avec le thé depuis mon enfance, j'ai toujours été baigné dans cet environnement.
Cela faisait dix ans que je buvais tous le thé que je trouvais, vraiment tout ce que je trouvais, et que j'essayais d'en trouver les défaut et les qualités. Il y avait des thés produits par de petites familles dans la montagne qui étaient vraiment bons, mais les conditions d'hygiènes étaient très mauvaises, une fois je me suis retrouvé avec une plume de poule dans ma tasse !
Je ne pouvais pas donner à boire ce genre de thés à mes clients et à mes amis, donc le seul choix que j'avais c'était de créer une usine permettant de garantir d'hygiènes et la propreté du produit.
Les thé et les gens ne sont pas si différent, maintenant je distingue très vite un bon thé d'un thé moins intéressant, sans avoir à le boire, ou la personnalité des gens en quelques tasses de thé seulement.
Parce que je connais très bien le thé de Wuliang, de Ailao et de Zhenyuan, et je sais comment travailler avec ces thé. On ne peut de tout manière par tout faire si on veux bien le faire. C'est impossible ! Même pour les montagnes Wuliang et Ailao auxquelles je me consacre exclusivement, je ne fais qu'une partie... et c'est déjà énorme.
Je jouais dans la forêt quand j'étais petit, c'est facile pour moi de trouver tous ces arbre. Mais il n'y en a pas à beaucoup d’endroits car plus les arbres sont gros, plus ils sont rares.
Il y'a des amateurs de puerh (Pu Er tea) qui disent n'apprécier que le « pur » Gu shu (vieux arbres). Je me suis toujours demandé comment ils pouvaient appeler ça « pur » ? Dans un jardin les arbres sont forcément mélangés, se reproduisent, il y'en a des vieux, et il y'en a des plus jeunes... seul un seul arbre peut être « pur ». Alors j'ai commencé à séparer les arbres, chacun d'eux a un caractère très différent, et les très grands arbre sont vraiment un goût unique !
Et puis chaque lieux a sa propre histoire, c'est ça aussi qui m'a rendu de plus en plus passionné de thé. Pendant des années j’étais avec les paysans autour du feu, à écouter leurs histoires, leurs points de vue... Grace au thé j'ai pu rencontrer des gens de la montagne, des villages, des petites villes et des grandes villes, autant d'univers différents. Tout cela à travers le thé... ça m'a apporté un autre regard sur la vie, c'est ça aussi qui m'a incité à vivre du thé.
Chaque méthode a ses avantages et son caractère, il n'y en a pas une qui soit meilleure que l'autre. Chacun s'oriente vers l’approche qui lui convient le mieux, ça sera trop prétentieux de dire que je suis la meilleur, non? En plus, si tout le monde faisait la même chose et buvait la même chose, ça deviendrait trop monotone non?
Notre usine est situé dans ce village, Ku Cong Shan Zhai, et la majorité des employés sont Ku Cong. Mais j'ai aussi choisit ce nom parce que ça sonne très naturel, écologique, quelque chose qui a à voir avec notre origine primitive.
Avant, les Kucong ne vivaient que de la chasse, et la cueillette dans la forêt. Ils n'utilisaient pas d'argent. Quand ils voulaient du riz ou des légumes de la plaine, ils laissaient simplement du thé ou une peau d’animal sur le bord de la route et retournaient dans la forêt. Quand ils repassaient un peu plus tard quelqu'un l'avait échangé contre du riz. C'est comme ça que la vie se déroulait à l'époque.
Dans tout les domaine il y'a des haut et des bas, et dans n'importe quelle période basse, il y aura toujours quelqu'un qui s'en sortira quand même bien. Pour moi, le plus important c'est d'avoir confiance en soi et être sérieux avec ce que l'on produit.
Avant tout, être honnête, sur le terroir, sur les saisons, sur tout. Ensuit, faire de son mieux pour la qualité et essaies de stabiliser les prix.
Le thé puerh (Pu Er tea) est un objet d'art que l'on peut boire, ce n'est pas une simple boule compressé de je ne sait quoi... et pour arriver à ce niveau d'art, il faut d'abord se perfectionner.
On boit un peu de café, et après un peu de thé, un peu de thé, ensuite, un peu de café! Ce n'est pas trop ennuyeux sinon de boire qu'une seule chose dans la vie?
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