Le thé puerh (Pu Er tea) est vivant. Grâce aux tanins présents dans ses feuilles, il possède l'étonnante propriété d'évoluer au fil des années. L'amateur de puerh, tel l'amateur de vin, ne se contente en général pas du plaisir de boire et d'apprécier ses thés mais jouit aussi de celui de stocker les thés qu'il apprécie.
Qu'il possède une simple étagère aménagée ou une véritable cave dédiée, c'est un plaisir particulier que l'amateur de puerh (Pu Er tea) ou de vin connaît bien, que de se constituer une cave personnelle, dans laquelle on piochera le moment voulu, mais aussi de voir évoluer ses thés tandis que les années passent.
- 1.Pile de puerh (Pu Er tea) sur l'étagère d'un amateur
- 2.Dans une petite cave personnelle
- 3.Quelques tong sur le haut d'une étagère
- 4.Pile de puerh (Pu Er tea) sur l'étagère d'un amateur
Or si se constituer une petite cave personnelle ou stocker quelques tongs de puerh (Pu Er tea) est quelque chose de très accessible et qui apportera à l'amateur satisfaction et plaisir, cela demande une certaine attention envers non seulement les conditions de stockage mais aussi le choix de ce qui constituera sa cave : quel type de puerh (Pu Er tea) stocker ? Quelle galette acheter ? En quelle quantité et surtout pourquoi?
Car derrière quelque chose de commun, stocker du thé, se retrouve en réalité différentes approches de la cave, avec des buts et des stratégies bien différents.
Se constituer une cave personnelle
Le plaisir de se constituer une cave et de posséder une petite collection de thés est particulièrement cher aux amateurs de thé puerh.
Il s'agit avant tout de disposer d'une variété bien pensée de thés puerh (Pu Er tea) de nature, d'âge, d'origines et de caractères divers, dans laquelle on pourra piocher selon la situation, l'envie du jour, pour satisfaire son propre plaisir, marquer un événement particulier, ou pour organiser une petite dégustation entre amis ou en famille.
- 1.Petite cave à puerh (Pu Er tea) personnelle dans un appartement
- 2.Cave à puerh (Pu Er tea) personnelle d'un amateur en France
- 3.Cave personnelle avec sur le haut un niveau de stockage
- 4.Cave à puerh (Pu Er tea) personnelle d'un amateur en France
- 5.Pile de puerh (Pu Er tea) dans une cave personnelle
La constitution d'une telle cave est tout d'abord rendue possible par la propriété que le thé puerh (Pu Er tea) a de se conserver dans le temps. Bien que théoriquement possible il est difficilement envisageable par exemple de posséder et de maintenir une collection personnelle d'une centaine de thés verts ou de wulong non torréfiés, ces thés ne se conservant guère plus d'un an, ce qui rendrait la logistique d'achat et de renouvellement de stock particulièrement complexe et pesante. Au contraire le thé puerh (Pu Er tea) se conservant sans problème plusieurs dizaines d'années, il est relativement aisé de se constituer avec le temps une cave personnelle de quelques centaines de galettes dans laquelle on piochera au besoin.
La constitution d'une cave personnelle est aussi favorisée par la propriété qu'a le thé puerh (Pu Er tea) de se conserver une fois entamé. Contrairement à une bouteille de vin qui devra être consommée dans les 48 heures suivant son ouverture, une galette de puerh (Pu Er tea) entamée et bien remballée se conservera et continuera sa maturation comme si elle n'avait jamais été ouverte.
Au lieux donc d'attendre qu'une galette soit terminée pour en acheter une autre, l'amateur préférera en général conserver, ne serait ce que quelques dizaines de galettes de nature et de caractères différents, dans lesquels il piochera quelques grammes de temps à autre, et qu'il pourra ainsi savourer durant des années, voire des décennies.
- 1.Cave personnelle avec sur le haut un niveau de stockage
- 2.Etagères d'une cave personnelle
- 4.Galette de puerh (Pu Er tea) entamées dans une petite cave personnelle
En ce sens le stockage d'un même puerh (Pu Er tea) en quantité, tel que nous l'aborderont plus tard, bien qu'il possède de nombreux avantages, n'est pas une nécessité. Une cave personnelle variée et bien pensée, que l'on renouvellera de temps en temps peut tout à fait suffire, au moins dans un premier temps, et perdurer durant des années.
La cave personnelle est d'ailleurs à mon sens une étape nécessaire avant de stocker de plus grosses quantités d'un thé donné. Le stockage vient alors enrichir ou compléter sa cave personnelle, et je ne conseillerais pas celui qui découvre le puerh (Pu Er tea) de commencer par stocker tel ou tel thé en quantité avant de s'être préalablement constitué une cave de puerh (Pu Er tea) variée.
Celle-ci devant pouvoir répondre à des situations variées sera donc composée de thés de nature et de qualité différentes. Une bonne cave comportera par exemple :
Une variété de jeunes puerh (Pu Er tea) brut de l'année ou de l'année passée provenant de différents terroirs et variétés d'arbres.
Des thés plus structurels de 5 à 10 ans d'âge issus de stockage naturels secs (arômes de fruits, fruits sec, noix, tabac, etc...).
Des thés aux caractères typés par la maturation de 10 à 20 ans d'âge ( arômes de camphre, etc...).
Des thés âgés issus de maturation contrôlée, comme le stockage traditionnel Hong-Kongais (arômes typiques de vieux et de fermentation lente).
Quelques thés matures de plus de 30 ans ( arômes boisés, etc).
Des thés artificiellement fermentés anciens (arômes de vieux, de bois, d'épices, etc) et contemporain (arômes purs de fruits, de noix, etc).
Quelques grands thés pour des grandes occasions.
Voire si les moyens le permettent quelques thés antiques des années 50 (Marque rouge, Marque bleue, etc) ou antérieurs (Tong Chang Hao, Tong Ching Hao, etc...).
Outre comporter une variété de natures et de caractères, une bonne cave personnelle devra aussi comporter des thés de qualités diverses (thés de tousles jours, thés de dégustation, thé d'exception...) afin de s'adapter à différentes situations. On ne choisira en effet pas le même puerh (Pu Er tea) pour accompagner ou clôturer un pique-nique champêtre entre amis, que en final d'une petite dégustation de quelques grands thés entre connaisseurs.
Il est ainsi préférable de construire sa cave avec des thés de gammes différentes, en privilégiant le rapport qualité/prix pour la gamme inférieure, là où le choix des thés d'exception peuvent suivre d'autres logiques.
Enfin l'amateur qui construit sa cave est souvent tenté par l'exploration plus ou moins exhaustive des terroirs d'une région donnée, des productions d'un producteur donné, ou de suivre les différents millésimes de telle ou telle production, entrant ainsi dans une approche de collectionneur.
La collection, une tendance récurrente de l'amateur
Bien que ce ne soit pas ce qui motive à priori l'amateur de puerh, ni l'enjeu d'une cave à thé, il est courant que celui ci tombe dans une logique de collectionneur.
Il y a ainsi des thés que l'on aime suivre, dont on rachètera d'année en année la nouvelle édition bien que par exemple le dernier millésime soit objectivement moins bon que le précédent et que d'autres thés de la même région auraient peut-être constitué des choix gustativement plus pertinents. Dans l'autre sens il y a des thés dont on a particulièrement apprécié les millésimes récents et dont on rêve de retrouver l'édition de telle ou telle année pour les ranger côte à côte dans un coin d'étagère de sa cave à thé, des villages pour lesquels on a une attirance particulière et dont les thés nous font de l’œil à chaque fois que l'on en croise un, etc...
- 1.Petite collection de galettes Da Yi
- 2.Collection de toute la gamme Mengku 2013
- 3.L'ensemble des millésimes de la célèbre Lao Banzhang de Chen Sheng Hao
- 4.Petites collection de 7542 CNNP
Certains se méfieront de ce type de tendances, s'en garderont bien et concentreront la conception de leur cave sur une base raisonnée et gustative uniquement, tandis que d'autres au contraire verront dans la collection une manière de s'épanouir et de développer leur propre passion.
Plus courant à Hong-Kong, et plus particulièrement dans le domaine des vieux thés, la collection en soit passe même pour certains amateurs devant la dégustation, devenant la raison principale de leur achat de thé. Comme il y a des collectionneurs de timbres, de pièces de monnaie ou de peinture, il y a de véritables collectionneurs de thé puerh. Origine du thé, état de la galette et de l'emballage, rareté, valeur sur le marché, les critères du collectionneur sont tout autres que ceux de l'amateur de bon thé, constituent un univers à part entière, et suivent un marché plus proche de celui des antiquités que de celui du thé. C'est ainsi que la quatrième de couverture de l'ouvrage en anglais « First Step to Puerh Tea » du jeune collectionneur Hong-Kongais Chan Kam Pong commence par ces mots : « Le puerh (Pu Er tea) est il collectionnable ? Est il possible de faire un investissement avec ? La réponse est affirmative. »
Car derrière la collection, la question de la valeur du thé et de l'augmentation de sa cote avec les années est aussi souvent un des soucis du collectionneur, que ce soit par la simple satisfaction personnelle de savoir la valeur de sa collection augmenter, ou dans une approche véritablement mercantile. Ainsi nombre de collectionneurs, en particulier à Hong-Kong, Taiwan et en Chine continentale, voient avant tout leur collection comme un placement, et revendent de temps à temps certains de leurs thés, lors par exemple de ventes aux enchères, lorsque leur cote à atteint un prix suffisamment haut.
De l'amateur qui cherche à se constituer une petite cave personnelle pour son propre plaisir ou le plaisir de partager quelques bons thés entre amis ou en famille, au collectionneur, en passant par l'investisseur qui voit dans le thé puerh (Pu Er tea) un bon placement, tous partagent une problématique commune, celle du stockage. Quel thé stocker, en quelle quantité et pourquoi ?
Le stockage du puerh (Pu Er tea) en quantité, quel intérêt de stocker tel ou tel thé ?
Comme nous l'avons déjà évoqué, le stockage du thé en quantité, bien qu'il soit préférable, n'est pas non pus une nécessité. Une bonne cave personnelle de quelques dizaines de références distinctes, bien pensée et variée, peut tout à fait suffire et, avec un minimum de roulement et d'attention, accompagner l'amateur tout au long de sa vie.
- 1.Tongs de puerh (Pu Er tea) sur une étagère
- 2.Jian de puerh (Pu Er tea) stockés pour le futur
- 3.Tongs de puerh (Pu Er tea) dans une cave personnelle
- 4.Galettes de puerh (Pu Er tea) stockées dans des boites en bambou pour le long terme
L'amateur de bon thé ou le collectionneur préférera cependant stocker en plus grande quantité, par tong (7 galettes) ou par jian (6 à 12 tong) certains de leurs thés. Cela s'avère en effet avantageux à bien des égards.
Conserver les thés que l'on aime
On se trompe parfois en pensant que l’enjeu du stockage serait de « faire vieillir » le thé. Or on stocke avant tout le thé pour le conserver. La grande majorité des thés perdent généralement en quelques mois seulement le gros de leur valeur gustative, et il est ainsi préférable de les consommer au plus vite après leur production. Les thés peurh ont ainsi tout d'abord la particularité de très bien se conserver sur plusieurs dizaines d'années, rendant leur stockage possible. Mais aussi, en tant que produit issu de l'agriculture, ils possèdent une certaine instabilité donnant au stockage tout son sens. Le climat, les conditions métrologiques, ne sont en effet pas les mêmes d'une année sur l'autre, et les thés d'un terroir donné seront plus ou moins intéressants telle ou telle année.
- 1.Piles de galettes mises de coté pour le futur
- 2.Cave à puerh (Pu Er tea) pensé pour le long terme
- 3.Galettes stockées dans des cartons aérés pour le long terme
- 4.Piles de galettes mises de coté pour le futur
Ce phénomène de millésime est accentué encore par le facteur humain. La technique et le travail des feuilles peuvent être plus ou moins réussis d'une année sur l'autre, en particulier pour les thés de petits producteurs ou non assemblés.
Ainsi lorsqu'il trouve un thé qu'il aime particulièrement, l'amateur a fortement intérêt d'en stocker une pile de galettes pour les années à venir, car il n'est pas dit qu'il retrouvera la même alchimie dans le futur. Une bonne habitude pour cela est par exemple d'acheter systématiquement ses galettes par deux, d'en entamer une et de laisser l'autre de coté pour les années à venir, même si pour les thés qui nous parlent particulièrement on préférera généralement mettre quelques tongs de coté.
Voir évoluer et vieillir ses thés
Le puerh (Pu Er tea) n'a cependant pas seulement la propriété de se conserver, c'est à dire de ne pas se dégrader d'une année sur l'autre, mais aussi celle d'évoluer avec le temps. Ainsi sous l'effet de l'oxydation et l'effet de micro organismes vivants présents au sein des feuilles, le caractère du thé évolue, se transforme, de nouveaux arômes de maturité prennent progressivement place, tandis que le thé perd ce qui caractérisait sa jeunesse.
Particulièrement rapide durant les premières années, où l'on peut parfois voir un thé se métamorphoser en quelques mois seulement, cette maturation progressive du thé puerh (Pu Er tea) ne cessera d'en transformer les caractères et peut s'étaler sur plusieurs dizaines d'années.
- 1.Tongs de puerh
- 2.Tong de puerh (Pu Er tea) mis de coté pour les années à venir
- 3.Galettes mises de coté dans des paniers de bambou pour le futur
- 4.Stock personnel de thé puerh (Pu Er tea) en carton aérés
C'est là un plaisir tout particulier de posséder une cave à puerh (Pu Er tea) que de voir progressivement ses thés changer, et prendre un nouveau visage tandis que les années passent. Tout en gardant leurs propres caractères, les jeunes thés perdent de leur bouquet fleuri de jeunesse pour acquérir des touches de maturation, une dimension fraîche et camphrée, avant de glisser progressivement vers un visage plus grave et boisé.
Le plaisir de retrouver et de redécouvrir un thé laissé quelques années sur une étagère de sa cave est ainsi un plaisir incomparable que l'achat d'un thé déjà vieilli ne remplacera jamais. Ainsi un thé que l'on a apprécié dans ses premières années gardera en général toujours ce quelque chose de singulier dans lequel son caractère se reflète, et tout en jouant continuellement avec son propre souvenir, s'exprimera différemment avec les années. Comme chacun de nous il reflétera le temps qui passe, et tout en restant lui-même deviendra un autre lui-même, touchant ainsi quelque chose d'universel qui dépasse la simple question des arômes et dans laquelle nous nous reconnaissons : le temps.
Toucher à travers le stockage et la maturation la notion de temps
On ne dit généralement pas d'un puerh (Pu Er tea) que ses arômes changent avec les années, comme on dirait par exemple que les arômes d'un wulong changent sous l'action de la chaleur durant la torréfaction, mais on dit d'un puerh, comme d'un homme, qu'il vieillit.
Le puerh (Pu Er tea) ne subit pas les effets du temps, le temps n'est pas une condition extérieure à laquelle le thé serait soumis, mais est un constituant inséparable du thé puerh. Depuis sa naissance sur la branche d'arbre il vieillit avec nous, et porte en lui et à chaque instant ces années passées.
- 1.Feuille de thé sur l'arbre
- 2.Puerh de l'année
- 3.Feuilles de puerh (Pu Er tea) des années 60
- 4.Infusion d'un thé de 100 ans
Bien qu'abstraite cette notion de temps et de vieillissement joue nécessairement sur l'esprit du dégustateur et est inséparable de la perception et de l'appréciation que l'on a d'un puerh (Pu Er tea) âgé.
Boire par exemple un thé produit l'année de sa naissance, ou un thé plus âgé que soi, produit toujours une émotion particulière qui lui donne une saveur à laquelle un autre millésime ne peut prétendre. De même un thé que nous aurait légué ses parents ou ses grands parents, ou que l'on a soi même acheté 20 ans auparavant, puis que l'on aura conservé avec soin et patience et qui aura ainsi partagé avec soi ces 20 années n'aura jamais la même saveur qu'un « 20 ans d'age » fraîchement acheté dans une boutique de vieux thés, précisément parce qu'il porte en lui ces années passées à nos cotés.
Les hommes et les femmes qui travaillent avec le temps le perçoivent et le respectent. Les producteurs de whisky par exemple, ou de vin, ou de bières vieillies, qui côtoient durant des années des barriques de bois et vieillissent à leur côté perçoivent le temps lové dans ces barriques et dans les précieux liquides qu'elles contiennent.
Dans la « cave » de Cantillon, une brasserie historique de Bruxelles fondée en 1900 et qui produit encore des bières matures à l'ancienne est écrit « Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui », rappelant au visiteur que ce qui est à voir ici dépasse ce que la rétine seule perçoit. Mais bien souvent une fois sorti de ces caves, où whisky, vin, bières et thés ont passé des années, ou des décennies, le temps et l'age deviennent pour le consommateur qu'un simple numéro, voire pire qu'un vulgaire argument commercial. Ainsi le XO (désormais si cher aux Chinois) ou le « 20 ans d'age » inscrit sur la bouteille ou l'emballage du thé se confondent avec un quelconque logo ou une appellation vide de sens tel que « grande cuvée», « arbres millénaires sauvages » ou encore « pur gu shu cha ».
Ainsi stocker son thé, le voir vieillir (et non le faire vieillir comme on l'entend parfois), permet de recréer un lien entre le thé et soi, de partager un temps commun avec le thé et ainsi de percevoir au delà des arômes le temps contenu entre les feuilles de thé.
Une plus grande diversité de thé et des prix avantageux
Un autre avantage de poids en faveur du stockage des jeunes puerh, bien que plus pragmatique, est le plus grand choix et les économies qu'il permet. Chaque année arrive en effet sur le marché une multitude de nouvelles galettes de thé, que ce soit du coté des petits producteurs qui vendent leur propres productions, ou des grands producteurs renommés qui proposent les derniers millésimes de leurs productions classiques, ou parfois des séries limitée rares.
- 1.Grande diversité de thés de l'année chez un vendeur en Chine
- 3.Arrivée très attendue des production de l'année sur les marchés
Le domaine des thés de l'année est donc d'une très grande richesse et propose à l'amateur un choix de thé inégalable. Rachetés par des revendeurs, une partie de ces thés se retrouveront bien quelques années plus tard sur les étagères des maisons de thé. Mais le choix de ces derniers sera sujet aux goûts personnels mais aussi à la stratégie d'achat du revendeur (quel thé se vendra bien ? Quel thé permettra de faire un bon profit ? Etc), rendant l'offre en puerh (Pu Er tea) âgé bien moins riche qu'en jeune puerh.
Il est ainsi toujours préférable de stocker en quantité raisonnable un bon thé pour les prochaines années, que d'être 10 ans plus tard contraint de se limiter au choix restreint alors proposé sur le marché en thés de 10 ans d'âge.
L'achat de jeunes thés en quantité permet de plus de faire des économies non négligeables. Le prix des thés tout d'abord a tendance à augmenter d'année en année. Presque négligeable pour les petites productions et les thés bon marché, cette augmentation peut devenir très importante pour les thés reconnus de grands producteurs ou les séries spéciales et il n'est pas rare de racheter après quelques années seulement un thé deux ou trois fois plus cher qu'on l'avait initialement payé l'année de sa production.
A cela s'ajoute la possibilité d'acheter les jeunes thés en gros à des prix avantageux. De nombreux vendeurs proposent en effet les thés de l'année en tong (7 galettes) ou en jian (généralement de 6 à 12 tong) à des prix plus intéressants que le prix commun à la galette, et l'amateur fait donc des économies en achetant son thé en tong.
- 1.Achat du puerh (Pu Er tea) en tong de 7 galettes
- 2.Jian traditionnel en bambou
- 3.Carton de 6 tongs
- 4.Stock de tong dans une cave à puerh
Or l'achat en gros est spécifique des jeunes thés, et n'a pas de sens pour les thés âgés. En effet le vendeur de jeune thé préférera généralement liquider au plus vite les productions de l’année afin de re-stocker celles de l'année suivante et accorde généralement des discount sur les achats en quantité. Les thés âgés tiennent au contraire leur valeur de leur rareté, et leur prix augmente, parfois rapidement, d'année en année. Les vendeurs de thés âgés ont ainsi tendance à limiter le nombre de pièces qu'il acceptent de mettre sur le marché, et prennent soin d'en garder pour les années à venir.
De plus il est possible d'acheter certains jeunes puerh, notamment de petits producteurs, en vrac, à des prix souvent bien plus compétitifs que les productions pressées en galettes. Les petits producteurs, qui possèdent la grande majorité des arbres anciens de qualité, cueillent en général les feuilles, ou achètent les feuilles fraîches cueillies dans le village, puis les transforment pour produire du maocha : le puerh (Pu Er tea) vert en vrac. C'est ce matériel brut qui sera racheté par de plus gros producteurs pour être nettoyé, trié, généralement assemblé, puis être compressé en galette avant d'être vendu.
- 1.Achat de feuilles fraîches chez le paysans
- 2.Achat de maocha en vrac chez le paysans
- 3.Vente de thé en vrac au marché de Pu Er
- 4.Galettes de puerh (Pu Er tea) fraichement pressées
- 5.Emballage des galettes de puerh
Le travail de celui qui produit et commercialise ces galettes de thé, qui commence en général bien avant la cueillette (sélection des arbres, détermination des critères de récolte, supervision de la récolte et de la transformation des feuilles, etc) nécessite des moyens humains (tri des feuilles, etc), matériels (usine, outils, etc) et administratifs (charges d'entreprise, taxes, labellisation des produits, communication, etc) et ces charges constituent ainsi une part non négligeable du prix final d'une galette de thé. L'achat de maocha brut, tout juste produit par le paysan peut donc parfois être un choix intéressant et très économique pour l'amateur de puerh.
Ces thés n'ont en général pas la qualité de productions fines vendues en galette, mais peuvent être de très bons thés de tous les jours, voire bien plus lorsque les feuilles viennent d'arbres anciens ou de terroirs de qualité. Si ces maocha tirés du sac du paysan ou juste triés, ne possèdent en général pas la finesse et surtout l'équilibre de bonne productions en galette, ils peuvent d'avérer particulièrement typés et peuvent ainsi proposer des caractères résolument singuliers, parfois véritablement charmants, pour des prix pouvant souvent atteindre 30 % seulement du prix d'une galette des mêmes terroirs.
Comme cela se voit dans le vin ou le whisky, de nombreuses maisons, notamment étrangères préfèrent ainsi acheter du vrac tout juste produit, puis le faire presser à leur marque, généralement sans indications précises de l'origine des feuilles, au lieu de commercialiser les productions de producteurs chinois, ce qui leur permet de grandement baisser leur prix d'achat. Bien que conditionnés en galettes, ces thés sont par leur nature plus à rapprocher de vracs, que de galettes élaborées.
Un meilleur contrôle sur l'authenticité et de la qualité du stockage
Le stockage de jeunes thés en vue de leur maturation permet aussi un meilleur contrôle quand à l'authenticité mais aussi à la qualité du stockage de ses thés. La contrefaçon est en effet un gros problème en Chine, et touche tous les domaines dont le thé, qui est très largement contrefait.
Bien que les jeunes peurh ne soient pas à l’abri, et que les productions de l'année soient elles aussi contrefaites, en particulier lorsqu'il s'agit de producteurs de renoms, cela reste cependant plus aisé de s'assurer de l'authenticité d'un jeune thé que de thés âgés. Il est notamment possible en se fournissant directement auprès des producteurs, via des voies de distribution officielles et garanties, ou à des fournisseurs de confiance impliqués dans le milieu du thé, d'être sûr de l'authenticité des jeunes puerh (Pu Er tea) que l'on fera rentrer dans sa cave. Il est par contre beaucoup plus délicat de s'assurer de l'authenticité d'un thé dès que celui aura pris des années et sera passé entre quelques mains, et l'authentification des thés âgés demande alors une grande maîtrise du sujet et une véritable expertise qui dépasse généralement les compétences de l'amateur.
De plus le thé puerh (Pu Er tea) est particulièrement sensible aux conditions de stockage, et deux galettes authentiques et sorties le même jour du même atelier auront parfois rien à voir ne serait ce que quelques années plus tard, en fonction des conditions dans lesquelles elles auront étés stockées. La valeur d'un puerh (Pu Er tea) âgé découle dès lors directement de la qualité et du soin apportés à son stockage, et trouver des puerh (Pu Er tea) anciens bien stockés s'avère souvent plus difficile encore que de s'assurer de leur authenticité.
Or si il existe bien des maisons de thé pointues sur le stockage du thé puerh, beaucoup d'investisseurs ne voient aujourd'hui dans le puerh (Pu Er tea) qu'un simple placement sans avoir pour autant les connaissances nécessaires pour garantir une bonne maturation de ces thés, et se contentent de remplir à moindre coup des entrepôts inadaptés comme si il s'agissait d'une simple marchandise.
Si le stockage du thé puerh (Pu Er tea) ne doit pas être pris à la légère, et demande un minimum d'attention, c'est tout à fait à la portée de l'amateur, et permet à celui ci de parfaitement maîtriser et contrôler les conditions et la qualité de la maturation de ses thés, et ainsi leur qualité future. Prendre soi même en charge la maturation de ses thés permet donc, lorsque c'est fait avec soin, de non seulement avoir plus de garantie sur l'authenticité de ses produits, mais aussi sur la qualité de leur stockage.
Pouvoir savourer des thés anciens de qualité à des prix abordables
Le thé prend naturellement de la valeur avec l'âge. Si c'est négligeable sur le court terme, et qu'il est aujourd'hui tout à fait possible d'acheter des puerh (Pu Er tea) de 10 ou 20 ans d'age, l'augmentation des coût des puerh (Pu Er tea) plus âgés peut devenir rédhibitoire, et les puerh (Pu Er tea) de plus de 50 ans d'age sont devenus aujourd’hui réservés aux amateurs fortunés. Or il y a toute une richesse dans les puerh (Pu Er tea) très anciens, et pour les amateurs de puerh (Pu Er tea) âgés certains puerh (Pu Er tea) nécessitent au moins 50 ans, et souvent beaucoup plus, pour atteindre une maturation optimale.
Les prix considérables des thés de cet âge (généralement plus de 15 000 euros la galette) incitent naturellement l'amateur de vieux thés à constituer aujourd'hui un stock de jeunes thés, qui atteindront dans quelques décennies la maturation escomptée. Les plus patients choisiront pour cela des thés de l'année, tandis que d'autres porteront souvent leur dévolu sur des grands thés de la fin des années 90, considérés par beaucoup comme supérieurs aux productions de l’ère communiste, et permettant de gagner 10 ans et d'espérer profiter de la pleine maturation de ces thés plus tôt.
- 1.Tong Chang Hao années 40
- 2.Marque rouge années 50
- 3.Marque bleue années 50
- 4.Grande marque bleue annees 70
Mais le stockage à long terme n'a pas pour seul but d'accéder à des thés très âgés pour un prix raisonnable, mais aussi et peut être surtout, d'accéder à de grands thés anciens, à travers lesquels l'age et la maturation prendront tout leur sens. Il ne suffit en effet pas d'être vieux et mature pour être bon et l'âge du thé ne prend sens que lorsqu'il est accompagné de qualité. Tout comme on ne boit pas un vin de table des années 70, ce sont avant tout les grands crus du puerh (Pu Er tea) qui ont fait la réputation des thés âgés, et sont encore aujourd’hui très prisés des amateurs.
Or si il est par exemple encore assez aisé aujourd'hui de trouver des vracs de qualité inférieure d'une cinquantaine d’année pour seulement quelques dizaines d'euros les 100g, les grandes galettes reconnues de ces années, d'une toute autre qualité dès leur production, sont aujourd'hui beaucoup plus difficile à se procurer, et coûtent facilement plus de dix fois ce prix.
De même vu l'immense accroissement de la production annuelle de thé puerh (Pu Er tea) on peut compter dans le futur sur de gros stock de puerh (Pu Er tea) vieilli et donc sur une forte baisse dans les décennies à venir du prix du puerh (Pu Er tea) âgé (par rapport à ce que cela coûte aujourd'hui).
Ainsi tout comme on trouve pour pas grand chose des whisky bas de gamme de 12 ans d'âge dans tous les supermarchés, on peut largement s'attendre à trouver dans quelques dizaines d’années des puerh (Pu Er tea) très communs produits aujourd'hui, à des prix relativement abordables. Il en sera naturellement tout autre pour les grands thés d’aujourd’hui, qui déjà actuellement prennent chaque année beaucoup de valeur, parfois de manière démesurée, et qui seront naturellement inaccessibles dans le futur.
Se constituer aujourd'hui un stock de puerh (Pu Er tea) de qualité garantit donc à l'amateur, non seulement de posséder en quantité suffisante des puerh (Pu Er tea) très anciens dans les décennies à venir, mais aussi de posséder de vrais puerh (Pu Er tea) âgés de grande qualité, qui seront alors soit introuvables sur le marché, soit démesurément chers.
Spéculation et placement
Certains enfin voient dans le stockage du thé un placement judicieux à vocation spéculative. Tandis que le prix des thés antiques ou des années 50 évolue souvent de manière très rapide, selon la demande et le marché, notamment suite à des ventes aux enchères publiques, les thés des décennies passées se contentent d'une évolution annuelle relativement stable oscillant selon la notoriété du thé et du producteur entre 15 % et 50 %, et généralement au delà des 20 %.
- 1.Tong de Grande Marque Bleue aujourd hui de grande valeur
- 2.Exemple de galette récente dont la valeur croit rapidement
- 3.Stockage pour le long terme de galettes des années 90
- 4.Tong de jeunes puerh (Pu Er tea) stockés pour le futur
Cet accroissement rapide de la valeur des thés puerh (Pu Er tea) en fait, lorsque l'on connaît le marché et que l'on sait repérer les thés porteurs, un placement particulièrement intéressant et lucratif. De nombreux amateurs et collectionneurs de thé puerh, notamment à Hong Kong et Taiwan mais pas seulement, stockent donc des thés puerh (Pu Er tea) en quantité dans l'optique de les revendre le moment voulu.
C'est bien sûr avant tout le cas de personnes impliquées dans le commerce du thé, possédant par exemple une boutique de thé ou un salon de thé. Mais pas uniquement, et de simples amateurs choisissent aussi le thé plus qu'un autre placement pour mettre une part de leur argent de coté, et revendront ce capital le moment voulu à une maison de thé, ou via l'intermédiaire d'une maison de thé qui prendra alors une simple commission sur la vente.
A une plus petite échelle il est aussi courant que le collectionneur ou l'amateur de puerh (Pu Er tea) vende de temps à autre quelques galettes ou quelques tong qu'il aura pris soin de stocker en quantité suffisante, et profite ainsi de la plus-value pour enrichir sa propre cave en achetant en quantité de nouvelles productions pour les années à venir ou la perle rare qui manquait à sa collection. La vente occasionnelle de thés que l'on aurait pris soin de stocket est d’ailleurs un moyen judicieux pour financer et entretenir sa propre cave à thé.
Qu'il s’agisse ainsi de voir dans sa cave à thé un placement, ou un simple passe temps, l'objet d'une collection ou plus simplement la possibilité d'avoir à disposition une belle variété de thés pour satisfaire son plaisir, reste à savoir quel thé prendra de la valeur, économique ou gustative?, quels thés mettre de coté ?, en quelle quantité ?, et quels thés éviter ? Ces questions cruciales et que l'amateur évitera de prendre à la légère seront abordées au cas par cas dans un futur article.
D'ici là n'hésitez pas à me contacter si vous voulez des suggestions quant aux thés qu'il est préférable de stocker, pour une simple cave de dégustation ou pour un stockage plus conséquent.