Le comté (Xian) de Shuangjiang (双江), est une des régions majeures de production de puerh (Pu Er tea) de Lincang. Elle abrite notamment le canton de Mengku, au Nord, dont les thés sont particulièrement reconnus et qui comprend des villages comme Bing Dao, parmi les plus réputés du Yunnan.
- 1.Lincang au sein du Yunnan
- 2.Shuangjiang au sein de Lincang
- 3.Mengku et Shahe au sein de Lincang
- 4.Carte de Shahe
Le village de Da Bang Xie (邦协), et le groupe de villages de Bang Xie, ne sont pas à proprement parler situés dans le canton de Mengku, mais juste en marge de ce dernier dans le canton de Sha He (沙河), moins connu des amateurs de thé. Accolé tout comme toute la moitié Ouest de Mengku (Dong Ban Shan) sur le flanc Est de la crête Da Liang - Da Xue, Bang Xie se trouve juste au Sud de Bang Gai, dernier village bordant Mengku.
Une crête sépare les deux villages de Bang Gai et Bang Xie. Pour la traverser depuis Bang Gai pas de route mais un petit chemin qui sillonne entre les arbres. De Banggai il faut tout d'abord remonter la crête jusqu'au village de Yizhai d'où un sentier escarpé redescend la montagne, pour remonter à 1700 mêtres en direction de Jiulong.
La crête passée on aperçoit les premières maisons de Jiulong, petit village perché entre Mengku et Shahe, et au loin en contrebas apparaît la montagne sur laquelle est perchée Bang Xie. Un magnifique chemin de crête glisse alors le long de la montagne et nous mène au village de Xiao Meng'e.
Au fur et à mesure de la marche on aperçoit de plus en plus précisément la région de Sha He. Arrivé au village de Xiao Meng'e, à environ 1600m d'altitude nous apercevons enfin en contrebas sur le versant d'en face le village de Bang Xie. A flanc de montagne, le village est abrité dans un repli de la montagne prenant l'apparence d'une minuscule cuvette.
Pour s'y rendre il faut à nouveau descendre de la montagne sur laquelle nous sommes pour remonter en face la pente raide qui nous mène à Bangxie. Au fur et à mesure que nous nous approchons du village se fait sentir sa situation, blotti tel un animal dans un pli resserré de la montagne.
- 1.Arrivée à Bang Xie par les théiers
- 2.Cueilleuses de thés Bulang à Bang Xie
- 4.Feuilles de thé fraîchement cueillies à Bang Xie
- 5.Cueilleuses de thés Bulang à Bang Xie
C'est entouré de théiers que l'on pénètre dans le village, en traversant de beaux jardins écologiques au sol riche et moelleux. Tout autour les fines branches de ces théiers aux profils typiques de Bang Xie et de quelques villages de Mengku, se dressent vers le ciel comme une multitude de bras tendus. Ici et là notre regard pourra croiser des femmes portant la coiffe traditionnelle Bulang, tendues sur leurs jambes pour cueillir les feuilles de thé au sommet des arbres. De ces jardins un chemin de grosses pierres partiellement recouvertes de terre fait office de rue et gravit le flanc sur laquel le village est construit. De part et d'autre de ce chemin s'élèvent de petites maisons aux murs de terre et aux toits de vieilles tuiles.
Malgré son isolement, partiellement réduite par une nouvelle route qui rejoint l'axe Shuangjiang-Mengku, et la simplicité de ses habitations, Bang Xie est un gros village, où vivent 130 familles presque exclusivement Bulang (Wu dans leur langue dans la région), une Ethnie vivant dans la région depuis au moins 5000 ans.
Bang Xie, un village de thé et de culture Bulang
Da Bang Xie, tout comme le village de Gong Nong un peu plus au Nord, est un vieu village Bulang qui possède une très longue histoire. Avant la Dynastie des Han occidentaux (Xi Han), et bien avant que le Yunnan ne soit une région Chinoise, la région de Shuangjiang appartenait en effet à l'ancien royaume Ailao, un royaume particulièrement riche économiquement et culturellement et qui remonte au la période des Royaumes Combattants, il y'a 25 siècles de cela. Ce royaume était principalement composé par l'ethnie Pu, d'où découlent les Bulang actuels, et qui habiteraient la région depuis plus de 5000 ans.
Le plus beau reste de ce passé lointain est la montagne sur laquelle s'appuie Da Bang Xie dont les nombreux et gigantesques arbres à thés sauvages ont de leur forêt vu naître et mourir le Royaume d'Ailao. Appelée en Chinois Da Liang Shan, le nom de cette montagne nous renvoie au royaume Bulang d'Ailao. Transcrit aujourd'hui en caractère chinois ce nom vient en effet non pas de la langue Chinoise mais du Bulang, Liang Shan signifiant dans cette langue « haute montagne ».
Il ne reste par contre que peu de traces de ce que pouvait être la vie à Da Bang Xie dans ce lointain passé, si ce n'est la culture vivante Bulang qui baigne encore le village avec une richesse et une vitalité étonnantes. Comme tous les villages Bulang le village est dominé par une forêt sacrée, dédiée au dieux Long, que l'on respecte et vénère. De même le village et la vie des villageois sont construits autour des trois zones fondamentales d'un village Bulang : l'espace où les gens vivent, celui ou les gens travaillent, et enfin le lieu ou les morts se reposent.
La vie à Bang Xie est simple et paisible, le travail de la terre et du thé y sont encore rythmés par de nombreux rituels et festivités traditionnels. Outre les trois grands moments de la vie Bulang, la naissance, le mariage et la mort, qui font office de festivités toutes particulières, la vie s'articule autour de différents moment privilégiés, rendant hommage aux ancêtres ou encore aux différents esprits des croyances Bulang.
- 1.Vie quotidienne à Bang Xie
- 2.Femmes agées sur le chemin du temple à Bang Xie
- 5.Femmes Bulang à Bang Xie
- 6.Femmes Bulang dans le temple de Bang Xie
Il y'a ainsi par exemple un temps particulièrement beau durant lequel l'ensemble des femmes âgées du villages, et elles seules, prennent possession du temple. Durant cette période, chaque jour à la fin de la journée, un long cortège coloré traverse les rues du village. Ce sont les anciennes du village, portant sur leur dos nourriture eau et couvertures, qui se rendent au temple. Elle y passeront la nuit, à méditer, à partager ensemble ce moment unique, mangeront et dormiront dans l'intimité du temple avant de retourner dans les champs au petit matin, travailler la terre ou cueillir les jeunes feuilles de thé, puis se retrouvent à nouveau entre les murs du temple.
Mais le moment le plus important de l'année reste la fête des fleurs de thé, qui correspond à la fête de l'eau Dai et fait office de nouvel an. Plusieurs jours durant et au rhytme du tambour sacré l'ensemble du village se change en un bouquet de couleurs et de parfums. Grands et petits, hommes et femmes, chacun se parera de son plus beau costume traditionnel pour se retrouver sur le parvis du temple.
Là et jusqu'au cœur de la nuit vibreront les tambours. Le tambour sacré du temple tout d'abord qui résonnera des coups déchaînés d'un moine jovial, puis ceux des villageois et des villageoises, qui en cercle répéteront inlassablement les pas ancestraux des danses Bulang. Bien que ce soient les mêmes corps, les mêmes têtes que ceux que l'on pouvait croiser quelques heures auparavant entre les théiers du village, les regards et les visages changent, étincellent, magnifiés par la beauté des costumes et l'atmosphère magique qui emplit le temple, et expriment une beauté que les mots ne peuvent transcrire.
Bien sur le thé, mais aussi le miel, sont eux aussi au centre des festivités. Que ce soit pour accueillir un ami ou un étranger, fêter un mariage ou un événement spécial, ou simplement accompagner le repas, une place particulière est donnée au thé. Selon les situations celui-ci est traditionnellement torréfié dans une poêle métallique ou un petit récipient en terre avant d'être servi (KaoCha 烤茶), cuit dans une section de bambou fraîche (QinZuCha 青竹茶), ou encore fermenté plusieurs mois durant dans un trou creusé dans le sol (SuanCha 酸茶). Le miel est lui aussi important pour les Bulang, chaque maison possède sa ou ses ruches, et consomme le miel infusé dans de l'eau chaude tel le thé.
- 1.Suan Cha, thé traditionnel Bulang, à Bang Xie
- 2.Miel servi pour accueillir l'invité à Bang Xie
- 3.Poulet au thé aigre Bulang, cuisiné à Bang Xie
- 4.Grande feuilles de thé à Bang Xie
C'est de cet attrait très ancien des Bulang pour le thé qu'est venue la domestication progressive du théier, la maîtrise de leur reproduction, de leur taille, puis l'art d'en travailler les feuilles pour en faire du thé, et c'est aux Bulang que l'on attribue parmi les plus anciens jardins à thé de Yunnan. Les plus anciens, tels qu'on peut les voir à Bulang Shan dans le Xishuangbanna remontent ainsi à plus de 1000 ans.
Dans le passé il y avait à coté de Bang Xie un village Wa, une autre ethnie particulièrement présente dans la région, où une centaine de familles vivaient. Ces derniers ayant déménagés à Cang Yuan à la fin du règne de Guang Xu (fin du 19ième), personne ne peut dire aujourd'hui si les arbres anciens aux alentours de ce village sont le fruit des Bulang ou des Wa.
Au 14ième siècle les Dai, en provenance de Meng Mao (aujourd'hui appelé Rui Li, dans la région de De Hong) prennent le pouvoir de la région et construisent leur gouvernement à Shuangjiang. Dès lors et jusqu'en 1930 les Bulang de Bang Xie et de toute la région passent sous le contrôle des gouverneurs Dai (Tu Si) et subirent, comme ce fut le cas dans le Xishuangbanna, une forte influence Dai. Initialement animistes, les Bulang de Bang Xie devienne ainsi bouddhistes. Chaque jeune homme l'âge venu deviendra moine et étudiera au temple la langue et l'écriture Dai, ainsi que les écrits Bouddhistes, et aujourd'hui encore les anciens de Bang Xie parlent aussi bien aussi bien le Dai que le Bulang.
- 1.Village de Da Bang Xie
- 2.A Bang Xie aujourd'hui
- 3.Vieux arbres à thé à Bang Xie
- 4.Femme Bulang à Bang Xie
- 5.Producteur de thé à Bang Xie
A l'arrivée des communistes en 1949 Da Bang Xie était, pour l'époque, un très gros village Bulang avec déjà plus de 100 familles et avait un rayonnement sur les montagnes alentours. Da Bang Xie possédait notamment un des plus gros temples Bouddhiste des environs, malheureusement détruit pendant l'ère communiste, et reconstruit depuis.
Plus tard le village de Xiao Meng Er deviendra la village central du groupe de village de Bang Xie, diminuant l'influence de Da Bang Xie, bien que l'école, reconstruite il y a peu se situe toujours à Da Bang Xie. Le village reste aussi, pour ce qui nous intéresse, au cœur des jardins anciens de la montagne l'ensemble de ces derniers se trouvant dans la petite zone entre les trois village de Da Bang Xie, Xiao Meng Er et Jio Long Zhai, distant les uns des autres d'environ 5km.
Bang Xie, une extension du terroir de Mengku
On ne retrouve plus de documents permettant d'évaluer avec précision le nombre de jardins à thé plantés avant 1949 mais la zone située dans le triangle Da Bang Xie, Xiao Meng Er et Jio Long Zhai était probablement déjà avant l'ère communiste une des zones les plus riches en théiers dans la région, possédant peut être près de 200 hectares de jardins. Nous savons que en 1956 le gouvernement de Shuangjiang a choisi les 11 villages qui possèdent le plus de théiers pour y créer des ateliers publics de travail des feuilles. Le groupe de village de Bang Xie fut à ce moment un de ces premier ateliers, montrant l'importance il y'a 50 ans de cela de Bang Xie pour le thé de la région. Aujourd'hui le village de Da Bang Xie possède près de 70 hectares de jardins, dont plus de la moitié date d'avant 1945.
- 1.Région de Bang Xie
- 2.Jardin à thé à Bang Xie
- 3.Producteur de puerh (Pu Er tea) à Bang Xie
- 4.Jardin à thé à Bang Xie
Bien que Bang Xie appartienne d'un point de vue administratif au canton de Sha He, le thé de Bang Xie est considéré comme un thé de Mengku et est généralement vendu comme tel. Le canton de Mengku forme en effet un triangle, au Nord de la région de Shuangjiang. A l'est et à l'ouest Mengku est bordé par deux frontières naturelles, formant la vallée de Mengku. A l'Ouest Da Xue Shan, avec le célèbre sommet de Da Xue Shan qui culmine à plus de 3100m, qui sépare Mengku, mais aussi Shuangjiang de la région voisine Geng Ma. A l'Est, les monts Da Fen, avec des sommets a plus de 2600m qui séparent la vallée de Mengku et la région de Shuangjiang, de la région de Lincang. La troisième arête du triangle, qui sépare les cantons de Mengku et de Shahe, n'est par contre pas une frontière géologique mais une frontière administrative arbitraire, qui ne reflète pas la réalité du terroir, et de toute évidence Shahe poursuit vers le sud la vallée de Mengku.
Comme la moité Ouest de Mengku (Dong Ban Shan), Bang Xie est adossé au prolongement de la crête de Da Xue Shan, et appartient d'un point de vue du terroir à Dong Ban Shan comme les villages de Gong Long, Ba Ka, ou encore Bing Dao. Les thés de Bang Xie sont donc considérés comme tel à Mengku, et depuis longtemps achetés et vendus par les vendeurs de thés de Mengku. Leur qualité est non seulement comparable aux thés de Mengku, mais les thés de Bang Xie portent bien le caractère gustatif de ceux ci. Ils sont en particulier réputés pour leur bourgeons, généreux et luisant, que l'on utilise souvent assemblés à d'autres thés de Mengku, mais aussi pour la manière particulière dont les arbres sont entretenus, leur donnant une forme spécifique qui rapproche Bang Xie d'autres villages réputés de de Mengku tel que Banuo.
Tradition et modernité, du TenTiao Cha aux bourgeons de puerh
Le TenTiao cha, une spécificité de Bang Xie
L'observateur attentif remarquera la forme particulière que prennent les théières anciens de Bang Xie. Il s'agit de Teng tiao cha (藤条茶), une ancienne méthode de taille du théier toute particulière et typique de la région.
Bien qu’âgés de plus de 50 ans, ces arbres ne présentent pas un très large tronc, ce dernier se séparant rapidement en plusieurs troncs distincts, à la manière d'un Tai Di (culture en terrasse du théier). Mais contrairement aux Tai Di, les Teng tiao Cha ne sont pas maintenus à l'état de buissons mais atteignent plusieurs mètres de haut, développant à l'aide d'une taille spécifique une forme tout à fait singulière.
Les arbres de cette taille sont en général ce que l'on appelle des Qiao Mu Cha, ou Arbor Tea en anglais, des arbres basés sur un tronc unique et imposant, qui développent dans leur partie supérieure un réseau de branches. Au contraire, les Teng Tiao Cha développent presque à même le sol un réseau de longues branches tortueuses semblant s'étendre comme des tentacules. Chacune de ces branches est particulièrement longue sans pour autant se séparer, fait des nœuds, tourne sur elle même, prend de l'espace, zigzague dans l'air en direction du ciel donnant à l'arbre une allure toute particulière entre arbre et buisson.
Pour cela on scrute avec attention chaque nouvelle pousse. La grande majorité sera sectionnée, et seules quelques pousses de chaque branche, choisies avec soin, seront gardées, prolongeant la branche dans telle ou telle direction et donnant à l'arbre cet allure spécifique. Cette taille du tronc et des nouvelles branches est généralement accompagnée d'une taille sélective des feuilles, de nombreuses feuilles étant retirées de l'arbre afin de conditionner la répartition de l'énergie au sein de la plante et le caractère des jeunes feuilles.
- 1.Teng Tiao Cha à Bang Xie
- 2.Cueillette à Bang Xie
- 3.Jeune pousses sur un théier de Bang Xie
- 4.Jeunes pusses après une taille du tronc
- 5.Sabot de cheval sur une feuille de Teng tiao cha
Cette taille de l'arbre a bien entendu une influence décisive sur le caractère des thés qu'ils produisent, et a contribué à la spécificité gustative de la région. Cette spécificité tient d'une part du caractère que cette taille donne à l'arbre, mais aussi à la présence de fragments de branches tendres accompagnant les feuilles de thé. La taille spécifique des Teng Tiao Cha se fait en effet en même temps que la récolte, et au lieu de ne sectionner que les bourgeons et les feuilles voulues on sectionne la jeune branche se séparant de la branche principale. Ces petites branches qui accompagnent alors les feuilles sont appelées Ma Ti, sabot de cheval en Français, pour leur forme, donnant aux feuilles une sorte de sabot.
Si on a de plus en plus tendance a retirer ces Ma Ti lors du tri, pour des raisons esthétiques, ils sont traditionnellement conservés pour leur caractère gustatif typique, notable non seulement dans les premières années mais aussi à travers la maturation du thé. Les Teng Tiao Cha demandent cependant plus d'attention et de travail se fait de plus en plus rare, devenant progressivement la spécificité de quelques villages de Mengku, comme Banuo à l'Est de Mengku, Bang Gai à l'Ouest de Mengku ou encore Bang Xie dans le canton de Shahe.
Il y a 20 ans de cela l'ensemble des jardins à thé de Bang Xie étaient encore entretenus de cette manière, avant que de nouvelles méthodes plus contemporaines et demandant moins de travail se répandent, comme un peu partout dans la région de Mengku. Cependant et tandis que le Teng Tiao Cha disparaissait ici et là, ils ont a fait un grand retour Bang Xie, et pratiquement tous les jardins plantés avant 1945 sont aujourd'hui taillés de la sorte. La raison? Privilégier les gros bourgeons qui font aujourd'hui la renommée de Bang Xie.
L'inquiétant engouement pour les bourgeons de puerh ?
Bang Xie, peu connu du grand public, est bien connu des professionnels du thé de la région et le thé de Bang Xie est particulièrement recherché pour la qualité de ses bourgeons. Les bourgeons de Bang Xie sont en effet spécialement beaux, gros, luisants et généreux et sont particulièrement prisés. Chaque année, à l'arrivée des premiers bourgeons de printemps, des producteurs de Mengku et d'ailleurs se pressent au village pour aller chercher les plus beaux bourgeons de Bang Xie.
Rarement, pour ne pas dire jamais, pressés seuls, ces bourgeons finiront dans des assemblages de grades différents, et les assembleurs les plus fins prendront un soin particulier à répartir ces bourgeons argentés sur la surface de la galette pour peaufiner l'esthétique ce celle ci. C'est naturellement le cas d'assemblages de thés de Mengku ou de Shuangjiang, pour lesquels on choisit et on assemble finement chaque village pour la spécificité gustative des thés qu'ils produisent, mais feuilles et bourgeons de Bang Xie ne s'arrêtent pas à la frontière de la région et se retrouvent jusqu'au cœur de galettes provenant de région très éloignées tel que le Xishuangbanna.
- 1.Feuilles fraîches à Bang Xie
- 2.Bourgeon de thé accompagné d'une feuille à Bang Xie
- 3.Bourgeon de Bang Xie sec Copyright Sébastien Vacuithé
- 4.Feuilles et bourgeon de Bang Xie sec Copyright Sébastien Vacuithé
- 5.Maocha de Bang Xie sec Copyright Sébastien Vacuithé
En effet le thé de Lincang est particulièrement parfumé (Xiang Qi), et recherché pour cela. On utilise souvent ces thés en petite proportion pour accentuer le caractère parfumé de nombreux puerh (Pu Er tea) d'ici et d'ailleurs, le thé de Mengku étant souvent surnommé par les professionnel du thé « MSG du puerh » (Le MSG est un exhausteur de goût très courant en Chine)!
Cet engouement pour les bourgeons de Bang Xie a eu, comme nous l'avons vu, une influence positive sur la conservation, et même le retour, de méthodes de taille du théier typique à la région. Cependant cette tendance à la prédominance du bourgeon a aussi, en s'éloignant des standards anciens du thé puerh, de quoi inquiéter l'amateur de bon puerh. On remarque en effet un peu partout dans le Yunnan, mais plus encore dans des villages tel que Bang Xie, une demande croissante pour un thé composé d'une forte concentration de bourgeons, comme un bourgeon pour deux feuilles, voir un bourgeon pour une feuille.
- 1.Tri des jeunes feuilles et bourgeons pour répondre à la demnde à Bang Xie
- 2.Producteur privilégiant les grandes feuilles à la mode du bourgeon
- 3.Exemple de maoha à l'ancienne contenant bourgeons et feuilles agées Copyright Sébastien Vacuithé
- 4.Exemple de feuille agée dans un puerh (Pu Er tea) Copyright Sébastien Vacuithé
De tels thés, inspirés du Wulong ou du thé vert, sont prisés par une nouvelle génération de producteurs ou de consommateurs, qui y voient un produit supérieur, plus rare, plus esthétique, plus cher à produire et prétendument plus raffiné. Ils s'éloignent cependant des standard du thé puerh, qui a besoin de grosses feuille pour s'exprimer comme il faut, mais aussi pour vieillir convenablement. Face à cette demande, les paysans s'adaptent et ce type de proportion devient de plus en plus un standard. Ainsi à Bang Xie par exemple la majorité des thés produits par les paysans contiennent un bourgeon pour deux feuilles, voire un bourgeon pour une feuille, ce qui menace la typicité des puerh (Pu Er tea) de la région et leur qualité sur le long terme.
Heureusement tous les petits producteurs ne se plient pas à la demande du marché et certains continuent à produire des puerh (Pu Er tea) tel qu'on les faisait dans le temps. C'est notamment le cas de Mr. Feng, habitant de Bang Xie particulièrement attaché à la culture Bulang et aux pratiques anciennes qui, à coté de puerh (Pu Er tea) plus commerciaux basé sur de la feuille fine, produit chaque année en petite quantité un puerh (Pu Er tea) de Bang Xie à l'ancienne, qui est d'une qualité remarquable et possède un excellent potentiel à la maturation!
Et voici, sur trois années, ce que cela donne dans la tasse !